Dentelles et dentellières dans l’objectif de la photographe Anouck Everaere à Tulle
Trois lieux d’exposition, une artiste. Le public est invité à découvrir le travail de la photographe Anouck Everaere, artiste invitée en résidence à la Cour des arts. Entre décembre et juin, Anouck Everaere aura passé huit semaines en Corrèze au contact des dentellières de Tulle. La rencontre d’un univers, d’une technique, d’un passé, la rencontre aussi de personnalités que l’artiste a photographiées.L’exposition, restitution du travail effectué durant ces huit semaines, prend différentes tournures.À la Cour des arts, on découvre une galerie de portraits d’anonymes, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, porteurs d’accessoires réalisés au poinct de Tulle. Des petits formats également, photos volées aux pages de vieux magazines et, après d’étranges et obscures manipulations chimiques, (re) photographiés par l’artiste. Durant son séjour tulliste, Anouck Everaere s’est initiée au poinct de Tulle avec les dentellières.Son engagement pour les cause dites sociales, ne seront plus un mystère pour les visiteurs.
Ce début de savoir faire, elle l’a mis à profit pour dresser un poing levé (tout en dentelle bien sûr). Un symbole qui plaira beaucoup ici à Tulle.
Les dentellières de Tulle en majestéÀ la cité de l’accordéon, changement de décor. « J’ai photographié certaines dentellières et ce n’est pas si simple, confie Anouck Everaere, il faut les connaître pour qu’elles se laissent vraiment photographier ». Le parti pris esthétique rappelle, comme l’annonce la photographe, un clin d’œil à l’école de peinture flamande. Les dentellières y apparaissent en majesté, loin de leurs outils et leur environnement de travail. Mais la dentelle est toujours là, incrustée dans leurs portraits comme dans leur vie. Une façon, s’il en était besoin, de les inviter à être fières d’elle et de leur travail, au vu et au su de tous. Anouck Everaere ne cache rien de ses sympathies politiques, féministes. « J’ai auparavant travaillé sur des thèmes liés aux questions sociales, la prostitution féminine, la contraception masculine, le rugby féminin, les questions d’identité de genres ».Et curieusement, en parcourant les trois sites de l’expo, bien qu’une dentelle très XIXe siècle semble vouloir le dissimuler, le visiteur attentif découvrira un autoportrait de l’artiste en Vierge recueillie. Ou en novice du couvent des oiseaux. Peut-être une malice ? Mais peut-être pas ! Et après tout, l’exposition a été baptisée Trois petits points…Arnaud Besnard