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Сентябрь
2024

The Smiths, ce groupe qui ne se reformera jamais

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Drôle de souvenir. On est en 2021, et Noel Gallagher répond à mes questions depuis son studio d’enregistrement londonien, les fesses posées dans un fauteuil club trop grand pour lui. C’était à l’occasion de la sortie d’un album best of de ses High Flying Birds.

L’air de rien, mais avec de très gros sabots, je lui demande ce qu’il pense des reformations et quels groupes dissous il aimerait revoir sur scène. Lui, feignant de ne pas me voir venir de loin, me répond qu’il a vu les Stone Roses en 1989 et que c’est très bien comme ça, “à moins qu’ils ne sortent de nouvelles chansons”. Ce à quoi, il rajoute sans frémir : “Mais je ne suis pas très à l’aise avec l’idée de reformer un groupe juste pour faire du pognon.” Il a raison, quelle honte, ces foutus groupes emblématiques qui se reforment pour le fric !

Les Smiths sont l’héritage de la tristesse du monde

Une réunion semblait pourtant trouver grâce à ses yeux, celle des Smiths : “Évidemment, s’ils se reformaient demain, j’irais probablement les voir parce que j’adore ce putain de groupe. Mais je n’y retournerais pas une seconde fois.” Les Smiths sont l’héritage de la tristesse du monde. C’est ce groupe dont la musique fait encore aujourd’hui écho aux errances existentielles, de la jeunesse émo des films de Gregg Araki qui se suicide en écoutant Unloveable à Fontaines D.C., en passant par les petites stars de l’hyperpop. C’est aussi ce groupe qui ne se reformera jamais.

Et Noel Gallagher est le mieux placé pour le savoir, lui qui fanfaronnait deux ans plus tard en montrant à quel point il était proche de Johnny Marr, guitariste cofondateur des Smiths aux côtés de Morrissey : “Un jour, on m’a demandé de jouer une partie de guitare à la Johnny Marr. J’ai répondu que j’allais plutôt lui demander de passer la jouer lui-même.

Les Smiths appartiennent au peuple

Récemment, Morrissey, que l’on imagine vociférer entre deux bouchées de raclette vegan dans une garden party avec Nigel Farage, prétendait que la marque Smiths avait été accaparée par Johnny, qui en détiendrait tous les droits, excluant de fait le Moz de son héritage discographique. De plus, toujours selon lui, Marr aurait ignoré une offre juteuse pour la reformation du groupe, alors que, bon, ça aurait été super une tournée des Smiths entourés de swastikas ! Johnny Marr a eu vite fait de démentir par l’entremise d’un communiqué de presse : la propriété de la marque est bien équitablement répartie, c’est juste que Morrissey n’a jamais daigné signer le document. Et Johnny Marr n’a pas ignoré l’offre de reformation, il a juste dit non.

Les Smiths n’appartiennent pas aux spéculateur·rices, les Smiths appartiennent au peuple. Et Johnny Marr, en refusant l’indignité d’une reformation, en est le garant le plus digne.