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Trafic de drogue : pour la procureure de Clermont-Ferrand, "l'objectif est de pourrir la vie des dealers et des consommateurs"

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Le trafic de stupéfiants reste la priorité du parquet. Si certains point de deal ont pu être asséchés, d'autres montent en puissance, comme celui de La Visitation, avenue Charras, en plein centre-ville. Le point avec Dominique Puechmaille, procureure de la République de Clermont-Ferrand.

Cette impression d’un trafic de stupéfiants qui prend de l’ampleur, en plein cœur de ClermontFerrand, correspond-il à la réalité ? Le phénomène n’est pas complètement nouveau. Il y a un an, j’ai installé un groupe local de traitement de la délinquance dédié au centre-ville. Il se réunit une fois par mois et fait l’inventaire des difficultés. Au début, c’était surtout l’insécurité en centre-ville qui me préoccupait. Rapidement, il est apparu que celle-ci pouvait aussi être liée à l’existence de trafics de stupéfiants. Le point de deal de La Visitation, indépendamment des remontées de riverains, est dans le collimateur depuis déjà un petit moment. Il y a eu des interpellations. Mais le trafic s’est réinstallé.

Comment expliquez-vous une telle persistance ? Le commerce de proximité. Pour moi, c’est la supérette version stups ! Il y a une clientèle dans le quartier. Il y a des établissements scolaires aux alentours, la population du centre-ville. Le point de deal est aussi dans un secteur très privilégié, au bout de l’avenue Charras. Ce que l’on ne sait pas, c’est si le trafic de la gare est une émanation de La Visitation.

Quelles sont les solutions pour La Visitation ? C’est assez compliqué car le délinquant est audacieux. Jusqu’à présent, on a toujours un peu un tour de retard. Et surtout, à La Visitation, il y a un paquet d’immeubles et trois entrées. À chaque fois que les bailleurs ont essayé de fermer, les dealers ont recassé. Pour autant – et c’est un gros atout à Clermont-Ferrand – les policiers s’y rendent quasiment tous les jours, sans se décourager. Ils ne baissent pas les bras et moi non plus, ce n’est pas mon genre. L’objectif est de pourrir la vie aussi bien de ceux qui vendent que de ceux qui achètent, de poursuivre le harcèlement, voire plus si affinités…

Immersion dans l'enfer du trafic de drogue du quartier de La Gauthière à Clermont-Ferrand

Faut-il recommencer l’opération XXL menée au printemps dernier ? Oui, il faut recommencer et si ça ne tenait qu’à moi, on en ferait même en permanence. C’est la seule solution. C’est la jurisprudence JO de Paris 2024, il y a du bleu partout et cela se passe bien. Pendant l’opération XXL, les trafics ont sérieusement ralenti. Cela dit, même si, dans nos pensées les plus folles, on avait une présence policière sur les points de deal tout le temps, l’enjeu financier est tel que le système changerait. Pendant XXL, il y a eu plus de drives et de livraisons de drogue à domicile.

Autre phénomène inquiétant, les files grandissantes de consommateurs sur les points de deal. À part délivrer des amendes, que faire ? Il y a l’amende et le stage de sensibilisation. L’objectif est de responsabiliser les consommateurs. Il faut arriver à leur faire comprendre qu’ils commettent une infraction, qu’ils participent au trafic. J’en fais aussi dans le cadre des audiences routes, lorsque l’on a des conduites sous stupéfiants, et il y enapas mal. L’ampleur du trafic tient aussi à la banalisation de la consommation par les usagers, sachant que les produits sont de plus en plus dangereux.

Propos recueillis par Olivier Choruszko et Julien Moreau