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Сентябрь
2024

La rénovation de cet hôpital privé aux portes de la Haute-Loire "promet d’être exemplaire"

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« La rénovation de l’hôpital de Moze à Saint-Agrève promet d’être exemplaire. Elle comprend la maison de retraite et l’hôpital proprement dit. Ce qui va permettre de faire des consultations chirurgicales en lien avec les hôpitaux d’Annonay et de Saint-Étienne, tout en améliorant les conditions d’accueil de nos anciens. C’est un projet où tout le monde gagne mais qui a été difficile à monter », commente Laurent Wauquiez, ex-président de Région.

« On se devait d’accueillir enfin les résidents dans de bonnes conditions »

L’hôpital de Moze possède 80 lits au niveau de l’Ehpad, 30 côté sanitaire, en médecine radiologie et soins médicaux et de réadaptation (SMR). Il dispose aussi de 6 places en hospitalisation de jour. Employant 130 personnes (dans une localité de 2.400 habitants), il est, de fait, le deuxième employeur de Saint-Agrève après Eolane (étude, réalisation, fabrication, commercialisation, réparation de produits électroniques).Laurent Wauquiez insiste : « Cette décision s’inscrit dans la même démarche de défense qui a été menée pour les structures d’Ambert, du Puy ou d’Yssingeaux - laquelle a retrouvé une nouvelle jeunesse. La santé ne doit pas être concentrée sur quelques établissements mais doit être répartie sur l’ensemble du territoire. »L’hôpital privé à but non lucratif de Moze est une structure « PSPH », signifiant « participant au service public hospitalier ». Elle fonctionne grâce à des financements publics, une tarification à l’activité (T2A) pour la partie sanitaire et un prix de journée pour le médico-social.L’engagement des collectivités dans la refonte de l’établissement n’allait pas de soi. L’ex-président de Région a pourtant voulu donner une impulsion au projet de déconstruction, rénovation et extension de l’hôpital dont l’offre de soins répond géographiquement aux besoins à la fois du plateau ardéchois et de celui du Haut-Lignon. Une offre médicale qui devrait aussi progressivement se développer avec la rénovation. Déjà l’hôpital bénéficie de consultations ponctuelles, par exemple en urologie, néphrologie, en podologie ou avec des sages-femmes.David Vercasson le directeur de l'établissement et Eliane Wauquiez-Motte la présidente de l'Association hospitalière de Moze.David Vercasson, le directeur, remarque : « Nous avons depuis un an une ergothérapeute qui exerce en libéral, une psychologue qui a été recrutée. Ces spécialités nouvelles répondent aux besoins des patients et des attentes de l’ARS. Nous avons la chance d’avoir un kinésithérapeute à temps plein. Si on peut encore étoffer l’équipe, on n’y manquera pas. »Après les fermetures successives du service de chirurgie en 2006 et de la maternité en 2008 (qui a suscité beaucoup de réactions à l’époque), l’établissement vieillissant menaçait ni plus ni moins de fermer dans son intégralité, de l’avis d’Éliane Wauquiez-Motte, ancien maire du Chambon-sur-Lignon qui a pris la présidence de l’Association hospitalière de Moze il y a deux ans, en charge de la gestion. « Les chambres sont petites, dit-elle, avec les toilettes dans le couloir. On se devait d’accueillir enfin les résidents dans de bonnes conditions ». Après rénovation, il restera malgré tout des chambres doubles mais côté sanitaire uniquement.

Un projet de 17 millions d’euros

Le coût (TTC) du projet de rénovation incluant la maîtrise d’œuvre avoisine les 17 millions d’euros. Le financement combine subventions et emprunts, dont 3,3 millions de l’État via l’Agence régionale de santé (ARS), 2,3 millions de la région, 1,8 million du Département de l’Ardèche (sur l’Ehpad), un mécénat de 100.000 euros de la fondation Rodolphe présidée par Alain Merieux. La Banque des territoires interviendra à hauteur de 7,7 millions d’euros (un prêt entre 35 et 40 ans). Un prêt complémentaire de 1 million d’euros sera contracté auprès des banques. Il faut ajouter de l’autofinancement et une subvention du FEDER. La commune, quant à elle, a vendu un terrain et rétrocédé la montant de la vente à l’association, soit 48.000 euros de capital. Une révision simplifiée du PLU a été adoptée pour faciliter l’opération immobilière.Alors qu’était posée, il y aura bientôt un an, la première pierre du « nouvel » hôpital, le chantier d’une durée d’au moins deux ans et demi, plus sûrement trois ans, va enfin débuter aux termes de bien des vicissitudes. Les corps de métiers sont choisis - à l’exception de la partie chauffage qui est toujours à l’étude. Le chantier s’annonce complexe car se déroulant « en site occupé ».Le projet dont la validation remonte à 2019, n’a été acté par l’ARS qu’en 2023. Le plan de financement, on l’a compris, a été compliqué à boucler. Denis Dessus (Privas) est le lauréat du concours d’architecture.Éliane Wauquiez-Motte insiste sur l’importance d’un tel projet pour le secteur et les Altiligériens en particulier : « Un tiers des résidents et un tiers des soignants viennent de la Haute-Loire. » Le maire de la petite cité ardéchoise, Michel Villemagne, résonne lui aussi en bassin de vie : « Au moment de la création des intercommunalités en 2014, on s’est appuyé sur le Code napoléonien sans tenir compte du plateau de vie comprenant les confins du Mézenc. Autrement dit, Fay-sur-Lignon, Le Mazet-Saint-Voy, Tence, le Chambon ». Ce bassin représente autour de 15.000 habitants.Michel Villemagne ajoute : « Si les flux migratoires sont plutôt positifs, Saint-Agrève connaît en revanche toujours une courbe de natalité négative. Point positif cependant : une cinquantaine de résidences, jusqu’ici secondaires sont devenues principales ».Pour Éliane Wauquiez-Motte, « c’est une chance pour nous d’avoir cet hôpital, sur le plan de la santé mais aussi sur le plan économique, sans parler des retombées du chantier pour le territoire ». 

À la demande de la présidente de l’association hospitalière de Moze, divers documents ont été réunis pour retracer dans un fascicule l’histoire de l’hôpital lié à celle de la paroisse. Dès 1916, Mademoiselle de Moze avait fait le vœu de doter la paroisse d’un hôpital qui devait être implanté dans sa propriété. Cette dernière comprenait une maison d’habitation et une ferme. La congrégation religieuse de Saint-Roch envoya des sœurs pour s’occuper des vieillards et des malades. Trois religieuses s’installèrent dans la maison de Moze le 22 avril 1921. Il fut décidé de constituer une société civile immobilière de Saint-Agrève en 1923 ce qui permit de financer les premiers travaux et l’assurer le fonds de roulement de l’hôpital naissant. Sœur Raphaël dirigea l’établissement jusqu’en 1935. Sœur Anne-Marie lui succéda jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Lorsque celle-ci quitta Saint-Agrève en 1945, la ferme de Moze produisait assez de pommes de terre et de légumes pour la consommation des pensionnaires de l’hôpital. Il y avait aussi un cheptel de huit vaches. La production permit à l’hôpital de passer sans trop de mal les années de restriction. Sœur Monique Délimart, infirmière, et une sœur retraitée furent les deux dernières religieuses. Elles quittèrent Saint-Agrève en 1990. 

Philippe Suc