Le RC Vichy roi des 24 heures pédestres : une couronne avec des épines !
Les 24 heures pédestres ? C’est un monde à part. Celui de l’utrafond, qui relègue l’épreuve reine du marathon (42,195 km) au rang d’aimable mise en bouche. Un monde où le RC Vichy athlétisme est souverain en France. Le club thermal a coiffé, ce week-end, à Saint-Maixent-l'Ecole, sa 6e couronne nationale par équipe depuis 2016, grâce à Jérôme Savart (224,3 km), Nathalie Derault (210,6 km) et Marie-Franca Marino (206,4 km).Un monde, surtout, où les aptitudes physiques ne suffisent pas. Quand on court en rond pendant 1.440 minutes sur un circuit d’1,2 km et que votre corps vous rappelle à l’ordre, c’est le mental qui fait la différence.
"Lorsqu’on prend le départ, on sait qu’on va avoir mal. On l’a intégré"
« Lorsqu’on prend le départ, on sait qu’on va avoir mal. On l’a intégré », confirme Marie-Franca Marino, qui en était à son cinquième 24 heures. « L’expérience aide à gérer la douleur. » Pour elle, le passage difficile a eu lieu après 5 heures de course. « J’avais très mal au ventre. J’ai changé mon protocole d’alimentation. J’ai arrêté de prendre des gels et mangé de la compote, du riz et de la purée. »Un nouveau régime alimentaire et ça repart. Marie-Franca Marino a effectué une remontée au classement dans les dernières heures en alignant des temps similaires à son début d’épreuve.
A chacun son truc pour oublier la souffrance physiqueLes derniers tours de Jérôme Savart, en revanche, ont ressemblé à un chemin de croix. « J’ai fait une course pleine jusqu’aux 200 kilomètres. Ensuite, ma douleur au niveau d’un tibia est devenue intenable. J’ai marché les deux dernières heures », raconte le Vichyssois qui a chuté de la 4e à la 6e place du classement général, le moral dans les chaussettes « en voyant ceux qui avaient dormi durant la nuit et qui me dépassaient en faisant du 12 km/h ».Mis à part les deux dernières heures, Jérôme Savart a parcouru un peu plus de 224 km en 24 heures.« Quand on connaît des bas, il faut savoir rebondir », observe Nathalie Derault qui, en circadienne elle aussi expérimentée, a ses petits trucs pour garder le moral lorsque les jambes ne répondent plus.
« Je me suis souvenue de mes vacances en Thaïlande et des paysages, j’ai pensé à ma famille. J’ai chanté également », sourit celle qui était ravie de porter les couleurs du RCV pour la première fois. Pour Jérôme Savart, le petit coup de fouet est venu de la saveur réconfortante du houblon.
Une bière pour fêter le 100e kilomètreUne petite bière pour fêter le cap des 100 km. À chacun sa recette. « On est tellement à vif émotionnellement que, parfois, on a un petit truc qui trotte dans la tête et qui permet de rebooster, de basculer du bon côté », explique le coureur, troisième d’une catégorie M3 très dense. Si la souffrance est une compagne omniprésente dans cette discipline, elle ne disparaît pas une fois la lige d’arrivée franchie. Alors, c’est comment un lendemain de 24 heures ?Un jour de repos pour Jérôme Savart, patron d’une entreprise de distribution automatique de boissons.
Les tongs, un remède pour les pieds gonflés« Moi, c’est mon premier jour de vacances. Après l’épreuve, je prends toujours trois semaines, pendant lesquelles je ne vais pas courir, juste marcher », précise Marie-Franca Marino. Pour Nathalie Derault, en revanche, c’était un lundi de travail comme les autres, avec lever à 6 h 30. Enfin pas tout à fait comme les autres. « J’ai les pieds tellement gonflés que je suis au bureau en tongs ! », avoue l’employée du Crédit Agricole.Si l'effort est solitaire, Nathalie Derault, ici avec Marie-Franca Marino, a apprécié sa course d'équipe avec le RC Vichy. Mais, là encore, l’expérience permet souvent de limiter les séquelles d’un 24 heures. Comme pour Marie-Franca Marino, heureuse d’avoir utilisé des « chaussettes à orteils » (comme pour un gant) pendant la course. « Je n’ai pas eu d’ampoules comme l’année dernière, où mes 10 ongles de doigts avaient fini par tomber. » Un monde à part on vous dit !
Olivier Rezel