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Сентябрь
2024

Qui est cette artiste derrière les affiches de certains festivals puydômois ?

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Elle parle et se meut comme elle dessine : avec précision, sans fioritures, en douceur. Pour un peu, on la croirait échappée de l’une de ses illustrations, encadrées dans la cage d’escalier de sa maison familiale à Arlanc. Montaine Sanchez reçoit dans son "petit atelier", comprenez sa chambre d’enfance aux murs jaunes, à la cheminée de marbre, au plafond haut.

Les tables à dessin y ont remplacé le lit de petite fille, les brochures et souvenirs d’expositions d’art s’entassent sous la table basse en verre. "Ici, je me sens bien, sourit la jeune illustratice indépendante en balayant du regard bibelots et œuvres qui décorent la pièce. Tout ce qui nous entoure vient de personnes qui me sont chères et dont je suis fière."

Les autres, moteurs de sa vie

Dans le récit qu’elle nous livre de son parcours, il est presque plus question des autres que d’elle-même. À l’écouter, elle doit tout aux rencontres, aux êtres que la vie a placés sur son chemin. Si, aujourd’hui, Montaine Sanchez est illustratrice à son compte et assistante communication pour la communauté de communes Ambert Livradois Forez (ALF), ce serait d’abord grâce à "Ben".Dans son atelier jaune (sa couleur préférée), Montaine Sanchez s'entoure d'objets qui lui tiennent à coeur, comme ce trophée à l'effigie du petit Gus, la mascotte du centre culturel Le Bief dessiné à quatre mains avec Ben Quêne.

Ben, c’est Benjamin Quêne, son professeur de dessin au lycée et directeur du centre culturel le Bief, devenu son mentor. "Ma mère m’avait inscrite de force à l’option arts plastiques. Je ne me pensais pas à la hauteur, je lui en voulais beaucoup", s’amuse-t-elle aujourd’hui. 

Au premier cours, je me suis assise à la table la plus proche de la porte, prête à m’enfuir. Finalement, cette rencontre avec Ben a changé ma vie.

Avec patience et exigence, Ben Quêne l’a poussée à travailler sa technique et développer sa confiance en soi. Il lui parle du BTS design graphique enseigné à Aurillac (Cantal), la soutient pendant ses trois années d’études à l’école supérieure d’art de Lorraine. "Tout se passait bien, mais le doute était encore présent. Un jour il m’a dit : 'Écoute, si toi tu n’y crois pas, moi j’y crois assez pour deux."

Ce solide bagage théorique, Montaine Sanchez le met désormais au service de son "petit univers rassurant", qu’elle bâtit trait par trait depuis l’enfance. "Je n’ai jamais été très à l’aise pour discuter, j’ai toujours été assez introvertie, raconte-t-elle. Je me sers des images pour faire passer des messages." Petite, elle échange avec sa grande sœur des BD pétries d’anecdotes communes. Quand sa mère, dont elle est très proche, traverse une mauvaise passe, elle lui dessine un petit mouton sur un post-it, qui raconte tout l’amour qu’elle lui porte.

Ses influences. "Je dessine plutôt des scènes du quotidien, des animaux… Mes dessins ont un côté assez terre à terre : c’est en partie pour ça que je ne me revendique pas artiste, mais illustratrice. J’aime beaucoup le travail de Sempé, Olivier Tallec ou encore Jérémie Moreau. Côté peinture, je suis sensible à l’impressionnisme ou encore à l’univers de Joaquín Sorolla : des petites choses, des scènes de la vie quotidienne qui deviennent de grands tableaux."

"Je ne me sens jamais plus avec les autres qu’en dessinant, explique-t-elle. Et on est toujours plusieurs à faire les images : ma mère, qui est née avec un cercle chromatique dans l’œil même si elle n’a pas de pratique artistique, m’aide sur les couleurs. Mon compagnon, qui est photographe, m’aide pour le cadrage."Et Montaine Sanchez le leur rend bien, en les glissant dans ses créations. Sa sœur sur une affiche sur le thème de la randonnée, son compagnon sur une affiche dédiée au vélo…  

Cela me fait plaisir quand quelqu’un me dit : 'eh mais c’est moi sur cette affiche !'Si, dans un de mes dessins, on voit une mamie faire du sport par exemple, vous pouvez être sûrs que c’est la mienne !

Sans le savoir, vous connaissez donc sans doute - au moins de vue - l’entourage de la jeune Arlancoise. Car ses créations illustrent de nombreux événements et établissements locaux, comme Les jardins pour la terre, la Jasserie du coq noir ou encore le Bief, où elle a passé un an d’apprentissage aux côtés de Ben Quêne.

Le plus beau  métier du monde

Son quotidien (quatre jours par semaine à ALF, trois jours à travailler pour son auto-entreprise et ses projets personnels) la comble. "J’ai un travail 'alimentaire' qui me plaît énormément et qui rejoint mes passions. Je n’ai pas un effort fou à faire le matin pour être motivée à aller travailler, et cela me permet de n’accepter de travailler que sur des projets qui me plaisent dans le cadre de mon auto-entreprise."Les post-its, moyen de communication privilégié de Montaine Sanchez.

La jeune Arlancoise fourmille de projets. "Je garde en tête l’idée de faire de la BD et des albums jeunesse. Les enfants de mon entourage sont un moteur : j’adore dessiner pour ma filleule ou ma nièce, par exemple, et les voir rire. En un dessin, on arrive à faire sortir les gens du monde. Je comprends ceux qui disent qu’illustrateur est le plus beau métier du monde !"

Louise Llavori

Pratique. Retrouvez l'univers de Montaine Sanchez sur son compte Instagram, et les aventures des petits moutons qu'elle anime avec sa mère ici.