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Сентябрь
2024

Une fierté aussi immense que la course

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Pour sa première participation au mythique Ultra Trail du Mont-Blanc (UTMB), Florian Verissimo a bouclé l’épreuve après 34 heures d’efforts intenses à la 374 e position. Un véritable exploit pour celui qui ne s’était jamais présenté au départ d’une telle épreuve que les meilleurs ont terminé en 20 heures et dont la limite pour franchir la ligne était fixée à 46 heures et 30 minutes.

Ils étaient ainsi 2.758 au départ et seulement 1.758 à l’arrivée d’un parcours long de 176 kilomètres tracé en France, en Italie et en Suisse avec un dénivelé positif de 10.000 mètres.

22 ans de licence au FC Riom

Parmi eux Florian Verissimo, l’ancien joueur du FC Riom qui avait encore une licence la saison passée : « J’ai 33 ans dont 22 ans de licence au club de Riom. Le foot est ma passion mais il y a quatre ans, j’ai voulu découvrir le trail. Cela s’est fait très progressivement. J’ai débuté avec une course de 9 kilomètres et je viens d’en effectuer 176. »

Même si sur un terrain de foot, il enchaînait les courses le long de la ligne de touche pendant 90 minutes, il a vite compris qu’on ne s’improvisait pas trailer avec la simple envie de courir dans la nature : « Pour prendre du plaisir dans ce genre d’épreuve, une très longue préparation est obligatoire et l’expérience est essentielle. D’ailleurs j’en apprends un peu plus à chacune de mes courses. »

Pendant de longs mois, Florian a dû concilier gestion de son entreprise AUVERPRO, qu’il dirige depuis trois ans, et les séances d’entraînement quasi quotidiennes : « En début de cette année, je me préparais pour le Vulcain de Volvic (80 km) pour enchaîner dans la foulée avec l’Ultra de Madère (115 km) quand j’ai eu la chance d’être tiré au sort pour participer à l’UTMB. J’ai alors tout organisé pour être prêt le jour J. Il a fallu mettre au point une préparation millimétrée pour avoir une chance d’être finisher. Je suis donc allé courir tôt le matin ou tard le soir. Depuis janvier, j’ai perdu 13 kilos. Un ultra, c’est la gestion de la nutrition, de l’hydratation, du sommeil et de l’énergie. »

Pour travailler efficacement, il a convaincu Erwan Rioual, un spécialiste local de la course en montagne, de l’aider à se préparer : « Avant, je prenais des conseils auprès d’autres trailers et je lisais ce que je trouvais sur le sujet. Erwan m’a donné un programme hebdomadaire à suivre et nous faisions le point à la fin de chaque semaine. » Mais pourquoi se donner autant de mal et passer plusieurs heures à souffrir seul face aux kilomètres, au dénivelé, aux intempéries et aux douleurs qui donnent envie d’abandonner ? : « Il faut le vivre pour comprendre. C’est du dépassement de soi permanent, c’est aller au-delà de la douleur. Dans un ultra-trail, on se fait mal avant, pendant et après la course. Ensuite, ce n’est rien que du bonheur ».

« Sur les premiers kilomètres, c’est du partage intense avec le public. On se croirait à une étape du Tour de France »

Après huit mois de préparation et deux heures d’attente avant le départ, Florian s’est élancé juste derrière un premier groupe élite de 400 : « Sur les premiers kilomètres, c’est du partage intense avec le public. On se croirait à une étape du Tour de France. » Après 30 kilomètres, les coureurs se retrouvent en montagne dans le silence de la nuit seulement guidés par le serpent de lumière que forment les lampes frontales : « Je me suis senti très bien jusqu’au 80 e km quand une douleur est apparue. J’ai serré les dents et j’ai continué en courant sur l’extérieur du pied droit. Jusqu’au 100e km, j’ai respecté les temps de passage prévus pour finir en 30 heures, l’objectif que je m’étais donné avec Erwan, mais j’ai été obligé de ralentir pour aller au bout. »

Dans la souffrance

Évidemment, plus les kilomètres défilent, plus la souffrance s’installe : « Quand une montée se présente, on rêve d’une descente et inversement. La lucidité est alors essentielle car il faut rester extrêmement vigilant pour éviter les pièges du terrain comme les trous, les cailloux et les racines. À certains moments, j’avais l’impression de dormir et de rêver que je courrais. » Pour Florian, la délivrance est arrivée vers 4 heures du matin avec les ultimes hectomètres parcourus avec son fils Enzo, qu’il avait retrouvé à plusieurs reprises durant la course, avant de tomber dans les bras de tous ceux qui l’attendaient sur la ligne d’arrivée. « C’est une immense fierté pour moi, mon coach et mes proches. Je suis encore un débutant et je compte bien me lancer d’autres défis. »

Après un repos amplement mérité et surtout nécessaire, Florian va s’aligner en octobre prochain sur les 80 kilomètres de la course des Templiers à Millau tout en rêvant en secret de courir, un jour, la Diagonale des Fous.