3 écoles privées, 148 publiques dans la Creuse... et le député membre de la commission Éducation affiche son "soutien au privé"
À peine élu, Bartolomé Lenoir est déjà dans le collimateur des syndicats enseignants de la Creuse. Le nouveau député du département (du groupe À droite d’Éric Ciotti) s’est exprimé il y a quelques jours sur les réseaux sociaux après l’intervention de Nara Cladera, représentante du syndicat Sud Éducation, au sein de la commission des affaires culturelles et de l’éducation – commission à laquelle appartient Bartolomé Lenoir – lors de l’ouverture de l’audition des syndicats enseignants le 11 septembre.
Elle avait alors dit : « Nous pensons que la principale atteinte à la laïcité est le financement massif de l’enseignement privé, majoritairement catholique, sur fonds publics. Ce financement, outre qu’il revient à promouvoir l’enseignement religieux, conduit l’État à organiser lui-même la mise en concurrence de l’école publique avec l’école privée ».
"Je veux dire tout mon soutien au privé"Des propos « hallucinants » pour le député de la Creuse, qui a partagé sa réaction sur ses réseaux sociaux : « Quand Nara Cladera représentante de Sud Éducation nous explique que le principal problème de laïcité à l’école en France est celui de l’école privée catholique. Je veux dire tout mon soutien au privé ».
— Bartolomé Lenoir (@bartolenoir) September 11, 2024De quoi provoquer les syndicats enseignants, comme la FSU de la Creuse qui a tenu à réagir : « Les commentaires, publics, sur la page du député creusois, nouvellement élu, sur cette prise de parole, ainsi que ses mots ”soutien au privé”, ne représentent pas la parole des Creusoises et Creusois, qui sont majoritairement attachés aux services publics dans leur ensemble, et donc au service public d’éducation ».
La laïcité doit être "défendue par toutes et tous les élus de la République"La FSU 23 dénonce ainsi « les propos du député, qui devrait, par souci de déontologie, agir dans l’intérêt des citoyennes et citoyens qu’il représente. La laïcité est fondamentale pour l’émancipation des jeunes, la formation de leur esprit critique, la transmission de connaissances fondées sur des savoirs scientifiquement validés, avec un accueil de toutes et tous sans aucune forme de discrimination, et seule l’École Publique défend réellement la laïcité, hors de toute obédience. Elle doit donc, pour la FSU 23, être prioritairement – et de manière systématique – défendue par toutes et tous les élus de la République ».
Fermeture de onze classes en Creuse : les élus veulent monter au créneau
Le syndicat rappelle que « dans les établissements privés, il est observé une sur-représentation des catégories socio-professionnelles favorisées et un refus d’engagement vérifiable sur le sujet de la mixité sociale. Le service public d’éducation est le seul garant d’une véritable équité pour toutes et tous. Il est ainsi incompréhensible qu’un député creusois écrive qu’il apporte son “soutien au privé” ! Enfin, pour la FSU23, il est inenvisageable que l’argent public soit utilisé pour autre chose que pour financer exclusivement les établissements publics en toute transparence. Les financements des établissements privés participent aujourd’hui à creuser les inégalités ».
Rappelons que la Creuse ne compte que trois écoles privées, à Guéret, Aubusson et Évaux-les-Bains, soit 258 élèves en tout selon l’Académie de Limoges. Et compte 148 écoles publiques auxquelles les Creusois sont très attachés : chaque année, ils se mobilisent pour défendre leurs écoles publiques après l’annonce de la carte scolaire et des fermetures de classes…