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Сентябрь
2024

Coupe de France : l'étonnante histoire de Saint-Amant et de ses deux clubs

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Ce week-end, Saint-Amant et Tallende joue en Coupe de France en déplacement à Ally-Mauriac. Mais Saint-Amant joue aussi à domicile, toujours en Coupe de France, contre Mezel cette fois. Non, vous ne rêvez pas, ce n’est pas une erreur. Car deux clubs se disputent ce territoire lové au sud de Clermont, à proximité de l’A75 direction Montpellier.

Dans ce coin du Puy-de-Dôme de 5.000 âmes environ qui fleure déjà bon le Sud aux portes des gorges de la Monne et à l’ombre de maisons ourlées de génoises, il y a pourtant un truc étonnant avec ces deux clubs de foot sur un territoire qui unit plusieurs petites communes souvent entremêlées, de Saint-Amant à Tallende, en passant par Saint-Saturnin et même Le Crest, juste à côté sur ses coteaux à vignes. Une bizarrerie à l’heure où tant de communes pleurent pour seulement tenir la baraque d’une seule association…

Le premier, l’EFCAT (Entente Football Club Saint-Amant et Tallende), est le club historique avec 200 licenciés. Il évolue en Régional 3. Le second, le Saint-Amant Tallende Sporting Club, est né d’une scission en 2019 et joue en Départemental 3. Localement, le sujet divise encore et la braise couve encore parfois. Contacté pour évoquer le sujet, le président de l’EFCAT, Philippe Juilhard, botte illico en touche :

« C’est trop compliqué à expliquer. Et cela ne s’explique pas dans le journal ! Je ne répondrai pas à ça. C’est gentil d’avoir pensé à nous mais je n’ai rien à dire sur ce qui s’est passé et sur la façon dont cela s’est passé ! »

Fermez le ban.

En face, le président sécessionniste, Anthony Lemoine, est évidemment un ancien de l’EFCAT où il a entraîné et fait office d’éducateur. À la tête d’un club de 160 licencié(e)s, il a certes une équipe senior hommes qui joue donc en coupe demain et aussi des minots. Mais il a surtout la particularité de faire la part belle au foot féminin, ces dames constituant l’écrasante majorité des troupes. « C’est compliqué de résumer l’histoire en deux minutes, cadre Lemoine. C’est vrai que la scission s’est faite en partie sur les féminines. Ils (l’EFCAT, N.D.L.R.) n’étaient pas très portés là-dessus… » Il coupe, puis assène : « C’est vrai que tous ensemble, cela pourrait faire un très gros club dans le département. »

« Ça se passe bien, mais ils ont mis du temps... »

Évidemment, comme toujours en pareil cas, d’autres raisons sont évoquées et courent comme le fiel sous le manteau... Élu chargé des associations, Jacques Lusinier regarde en tout cas ce ping-pong avec une pointe de regrets. Mais aussi d’espoir. « J’espère qu’on arrivera à l’avenir à fédérer tout le monde. Je suis confiant. »

De son côté, Madame le Maire, Nathalie Guillot (SE), élue depuis 2008 mais au poste suprême depuis 2018, a pris le schisme de plein fouet un an tout juste après son élection. Avec le recul, elle préfère donner un peu de temps au temps. Et si elle souligne que « les deux clubs font plein de choses », elle n’entend pas les brusquer : « Ça se passe bien, mais ils ont mis du temps... Il faut maintenant qu’ils aient des valeurs communes pour se remarier. »

Alors que les terrains - un synthétique à Saint-Saturnin et deux terrains à Tallende - sont à la charge du Syndicat intercommunal à vocation multiple (SIVOM) présidé par... Nathalie Guillot elle-même, elle n’entend favoriser personne. Pas plus le foot que les autres associations. « À l’échelle de la commune, on a un budget global de 20.000 euros. Les critères de subventions sont clairs et encadrés. Concernant le foot, on veille aussi à un strict partage des terrains. » Ainsi va le ballon rond aujourd’hui à Saint-Amant et sa (micro) périphérie.

On peine à croire que le foot féminin puisse, en 2024, être la seule raison d’une séparation au sein d’une association communale dont le but est finalement le vivre ensemble. Alors, cette saison encore, il y aura deux clubs à Saint-Amant. Sans doute encore la saison prochaine. Mais vu de l’extérieur, cela fait quand même un peu curieux au cœur d’un même et si petit bassin de vie. 

Valéry Lefort