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Сентябрь
2024

Les éleveurs du Cantal démunis face à l'épidémie de FCO

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Si les bêtes de Pauline Jouve sont rentrées, ce n’est pas à cause du froid hivernal qui s’abat sur le hameau de « Videt », sur les hauteurs de Ferrières-saint-mary. Mais pour les protéger de la FCO qui frappe le troupeau. Comme un résumé, tandis qu’elle prend soin des triplés nés la nuit précédente, plus loin, une bête gît, emportée par la fièvre.

« Les premiers symptômes sont apparus le 10 août », se souvient l’éleveuse installée depuis 2022. Elle avait déjà connu plusieurs cas l’an passé, mais n’avait pas vacciné en raison du prix, 10,50 € par tête. « Depuis, une quarantaine de bêtes ont été infectées et quinze sont mortes. Alors, je les rentre pour les protéger. J’ai commencé par les béliers et je soigne les malades. C’est beaucoup de travail, de surveillance. Je devrais être en pleine forme avant les agnelages. Là, je suis crevée et j’ai la boule au ventre dès que je rentre dans le bâtiment. »

Elle évalue les pertes entre 20 et 25.000 €, « sans compter les pertes indirectes. Les brebis malades et pleines avortent, mais combien seront vides ? Comme je les ai rentrées, je n’ai pas pu mettre les béliers en lutte, ça va se ressentir. Et j’ai perdu des brebis qui avaient des agneaux d’un mois, qui n’ont jamais bu de biberon, il leur faudra plus de temps pour la croissance, leur vente sera décalée. Mais je m’estime heureuse, d’autres ont perdu bien plus. »

Désespoir

Comme sa tante, Fabienne Bresson, qui, au bord des larmes, s’avoue impuissante.

 On ne peut pas lutter, et j’en peux plus. On voit des agneaux de 3 mois sans mère, chaque jour il faut faire ramasser les brebis mortes, c’est terrible. Et on fera quoi l’an prochain quand on aura pas d’agneau ? On vendra l’herbe ? En plus, la banque, elle s’en fout du FCO. 

  « Il nous reste la passion, mais la passion, ça ne remplit pas le frigo, complète Laurence Raynal-Boulard, d’Oradour. J’ai perdu la moitié de mon troupeau, le vaccin rend les béliers stériles, je ne me tire plus de revenu depuis des mois et je n’ai pas de perspectives. »

Vaccins

Voilà ce qu’a pu entendre le préfet du Cantal, Laurent Buchaillat, invité hier matin par la FDSEA et les Jeunes agriculteurs, sur l’exploitation de Pauline Jouve pour mesurer une situation qui, selon Patrick Escure, président de la chambre d’agriculture, « pourrait causer la fin de l’élevage ovin dans le Cantal. »

« Après une progression fulgurante, l’épidémie semble moins dynamique aujourd’hui, a expliqué le préfet. La première urgence, c’est de tester. Pour ouvrir le droit à des indemnisations pour les éleveurs touchés. Le ministre de l’Agriculture a dit qu’il allait se saisir de ce dossier. Mais aussi pour qu’on connaisse au mieux la propagation de la maladie. Et le prix ne doit pas être un frein, puisque l’État prend en charge les tests (des éleveurs lui ont opposé que seuls trois tests étaient remboursés par exploitation). Aujourd’hui, le Cantal ne semble pas touché par le variant 3, mais malheureusement, le combat contre le variant 8 semble perdu, parce qu’il n’y a pas eu de stratégie de vaccination de masse. Il faut donc que cette question soit remise sur la table pour ce variant. Et pour le variant 3, des centaines de milliers de doses sont disponibles, et remboursées, je ne peux que conseiller de les commander. » 

Yann Bayssat