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Сентябрь
2024

Du lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand à la série "Demain nous appartient" : rencontre avec Dyna Gauzy

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Le mégaphone à la main, Dyna Gauzy s’amuse devant l’objectif, multipliant les poses et les grimaces. Avec son double vécu de comédienne et de fille de maman photographe, cela fait longtemps qu’elle a dompté son image. Allez jeter un œil sur YouTube à la vidéo du duo piano-voix qu’elle forme avec Yan Lacroix, Les ratés de la bagatelle. La jeune femme a le sens de l’autodérision…

Dans le monde du cinéma et de la télévision, c’est comme ça que les gens la connaissent sur les tournages. À la fois sérieuse et rieuse. Aujourd’hui première assistante réalisatrice sur des séries quotidiennes comme Demain nous appartient et Ici tout commence, Dyna préfère le micro karaoké au mégaphone pour donner ses directives. « Parce que ça permet de rigoler aussi sur un plateau. »

Tavernier, Allen, Besson, Nolan, Tarantino…

Cette espièglerie qui lui a valu de lancer sa carrière d’enfant comédienne à l’âge de 7 ans (lire ci-dessous) ne l’a pas quittée. Mais les années ont passé, les collaborations se sont multipliées et c’est son expérience qu’on loue désormais. Un CV long comme le bras qui montre qu’elle a testé tous les métiers ou presque. Avec des titres accrocheurs : assistante chargée de la figuration sur La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier, renfort mise en scène sur Lucy de Luc Besson ou Midnight in Paris de Woody Allen.

Elle relativise : « Cela consistait à bloquer des routes à Paris ou des piétons. » Et pourtant, elle croise Quentin Tarantino sur Inglourious Basterds… « J’ai surtout bloqué une voiture, confie-t-elle en souriant. Avec Mélanie Laurent dedans. Ce n’était pas la voiture qu’il fallait que je bloque. Mais j’ai bloqué (rires). »

Dans le même registre, elle cite d’elle-même Inception de Christopher Nolan. Et raconte : « Cela fait deux ou trois jours que je suis dessus. Je suis en renfort mise en scène, donc je suis une petite fourmi dans une énorme fourmilière. On me demande de monter une batterie de talkie en haut d’un bâtiment. Je redescends et là, je croise un homme, en pensant que c’est un technicien que j’ai déjà croisé. En fait non, c’est Leonardo DiCaprio… que je n’ai pas reconnu. Et là, je lui dis : “Euh… oh, sorry !”. Et lui : “No, no problem.” Voilà. Un petit échange (rires). »

« La dame en bleu »

Ces rencontres fortuites créent des anecdotes. D’autres sont beaucoup plus importantes pour Dyna qui salue volontiers celles et ceux qui lui ont donné confiance en elle ou lui ont montré le chemin à suivre. Il y a d’abord « la dame en bleu », comme l’appelle Dyna d’après son souvenir d’enfance. Alias Laurence Coudert, agent artistique, croisée lors du Festival du film de Paris et qui a encouragé la jeune actrice de Daisy et Mona à continuer, au moins quelques années.

Comment ne pas évoquer « M. Eymard, Mme Valeix, M. Guerlesquin », profs de cinéma au lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand où la mère de Dyna est venue s’installer à la fin des années 90. Trois profs, trois années charnières qui vont conforter la jeune fille dans ses envies de cinéma.

À Paris, où Dyna est montée avec une copine pour passer une licence de cinéma, une expérience décevante comme assistante scripte sur une série aurait pu la faire douter. Mais elle discute avec Bob, un technicien. Et ils parlent de Daisy et Mona. « Je vois Bob devenir tout rouge et avoir les larmes aux yeux : “Mona, c’est toi ? Moi aussi j’étais sur ce film. C’est là où j’ai rencontré ma femme, avec qui j’ai fait des enfants. Je m’occupais très souvent de toi entre les prises…” » Émotion. Déclic.

Retour en Auvergne, comme une évidence. « Je pensais que Paris, c’était fait pour moi. Je pensais être réalisatrice et Parisienne. Pas du tout (rires). » Un jour, à la Coopérative de Mai, où sa grand-mère travaillait, Dyna est mise en relation avec un régisseur, Sidney Signoret. Grâce à lui, elle intègre l’équipe du téléfilm de Serge Moati Mitterrand à Vichy. « Je fais ce film-là en tant que troisième assistante. Je n’y connais rien. Je me souviens de Sidney qui me dit : “Il faut que tu fasses ça parce que là, on a l’impression que tu ne fais rien…” C’est bien, parce qu’il m’a mise tout de suite dans le bain. Et suite à ce film-là, j’ai continué ! »

De troisième à première assistante réalisatrice

Elle a aussi franchi les étapes, passant de troisième à deuxième puis première assistante réalisatrice. Enchaînant les missions sur des téléfilms tournés en Auvergne, mais aussi sur des séries à succès comme Candice Renoir, Tandem et La doc et le véto. Encore des rencontres. Fortuites ou essentielles comme « ces trois personnes importantes pour la suite pour moi ». Elle veut parler de Claude-Michel Rome, Thibault Guerrier et Philippe Guérinel, respectivement réalisateur, premier et deuxième assistants sur La guerre du Royal Palace, tourné à Vichy en 2012. À l’époque, « grâce à eux, je me rends compte que j’ai le droit d’être moi-même en tant que troisième assistante, j’ai le droit de faire de l’humour sur un plateau. Parce que ça n’empêche pas le sérieux ».

 

Malgré son CV, il lui reste un objectif à atteindre. Passer à la réalisation. Parce qu’elle adore travailler avec les comédiens, parce qu’elle aime la notion d’équipe. « Oui, j’aimerais aller vers la réalisation. C’est juste que j’ai la trouille. J’ai toujours eu peur de sauter le pas. » Peut-être lui manque-t-il juste l’une de ces fameuses rencontres qui servent de déclic…

Elle partagera un prix d’interprétation féminine au Festival du film de Paris avec Marina Golovine, remis par Patrick Bruel. « Mais je ne savais pas qui c’était… (rires) » Suivra une petite carrière d’actrice au cours de laquelle elle croisera la route d’Anita Ekberg, Michel Piccoli, Dominique Blanc ou encore Robert de Niro sur le plateau de Ronin.

 

Texte : Thierry Senzier Photos : Rémi Dugne