Face aux dégâts records de sangliers, les conditions d'agrainage se durcissent
L’année 2023 a atteint un record de dégâts dans les cultures, en France. L’Allier n’est pas épargné avec 655.928 € à rembourser aux agriculteurs, contre 507.372 € en 2022. Dans une suite finalement logique, les chasseurs bourbonnais ont également atteint un record de prélèvement : 7.343 animaux, soit 1.400 de plus que la saison passée.
Sans attendre de voir si les battues ont porté leur fruit, l’État (*) a demandé aux chasseurs de réviser leurs pratiques.
L’agrainage des sangliers est désormais interdit sur les communes ayant comptabilisé plus de 10.000 € de dégâts en 2023 : Saint-Léopardin d’Augy, Meaulne-Vitray, Beaulon, Lusigny, Le Brethon, Paray- le-Frésil, Cérilly, Saligny-sur-Roudon, Pouzy- Mésangy, Autry-Issards, Thiel-sur-Acolin.
Pour les autres communes du département, voici les conditions à respecter :L’agrainage est autorisé uniquement depuis la date de la fermeture de la chasse, soit le 31 mars, jusqu’à l’ouverture générale de la saison suivante, soit le 3e dimanche de septembre. Il est uniquement autorisé dans les surfaces boisées de plus de 20 hectares d’un seul tenant : pour les massifs boisés inférieurs à cette surface, toute forme d’agrainage est interdite. La quantité maximale à distribuer ne peut pas dépasser 50 kilos pour 100 hectares boisés par semaine. L’agrainage doit être linéaire et dispersé, sur une longueur minimale de 300 mètres et à une distance minimum de 300 mètres des cultures et des routes. L’agrainage à poste fixe est donc interdit. Il est interdit d’agrainer à moins de 150 mètres des postes d’affûts. Ce serait déloyal. Seul le maïs est autorisé pour agrainer, l’emploi de tout autre produit d’origine animale ou végétale est interdit. Tout traitement intégré à la nourriture est interdit (anticoccidiens, vermifuges, etc.).
« La plus grosse nouveauté dans les pratiques, c’est que le territoire de chasse doit envoyer une convention à la fédération départementale des chasseurs pour spécifier la quantité et les jours d’agrainage »
Une conventionSi les chasseurs ne peuvent pas fournir ce document présentant leurs pratiques aux forces de l’ordre, alors ils pourront être verbalisés. C’est du moins la théorie. « La loi n’a pas encore fixé cette modalité, ce sera sans doute un timbre-amende jusqu’à 135 € », estime Valérie Lorca, qui souligne l’utilité de cette convention : « nous aurons une meilleure connaissance des pratiques. » La convention que les détenteurs de droit de chasse doivent envoyer à la fédération est reconduite tacitement chaque année : « Tant que les pratiques d’agrainage ne changent pas, pas besoin de renvoyer la convention ».
« Il est toujours possible de nous envoyer sa première convention avant le printemps prochain. On en a reçu assez peu, soit parce que les chasseurs n’ont pas encore saisi cette opportunité, soit parce que l’agrainage est peu pratiqué. L’avenir nous le dira ».
Valérie Lorca
Les opérations d’agrainage doivent rester dissuasives, pour empêcher une population de se rapprocher d’un champ. L’agrainage d’appropriation qui fait tenir artificiellement des sangliers sur des territoires est interdit par le code de l’environnement, depuis des années.
(*) L’accord conclu entre l’État, la fédération nationale des chasseurs et les organisations professionnelles agricoles a abouti au décret interministériel N° 2023-1363