Le Blavozien et sélectionneur des Bleus, Raphaël Reynaud, se livre avant les débuts de son équipe en Coupe du monde
L’hiver dernier, Raphaël Reynaud et l’équipe de France de futsal ont écrit une des plus belles pages de l’histoire de leur discipline. Le Blavozien de 50 ans et ses joueurs ont décroché la première qualification de leur histoire pour une Coupe du monde. L’échéance approche à grands pas. Les Bleus feront leurs débuts dans ce mondial 2024 en Ouzbékistan, lundi 16 septembre à 17 heures, face au Guatemala. Avant le début des hostilités, le sélectionneur français a accepté de se confier.
Comment s’articule la préparation, à quelques jours de votre entrée en lice ?
Nous avons passé plusieurs jours à Dubaï, avec des matchs de préparation contre le Turkménistan et l’Arabie saoudite. Après avoir fait trois semaines de travail athlétique, nous sommes rentrés dans une phase collective où nous avons révisé nos gammes, face à des adversaires de moindre renommée.
Après l’euphorie de la qualification pour ce mondial, en décembre dernier, vous avez dû rapidement basculer ?
Oui, tout de suite, nous nous sommes penchés sur la préparation et sur des stages, pour faire des revues d’effectif. On a participé à plusieurs tournois pour s’étalonner face aux meilleures nations mondiales. Nous avons aussi affronté le Costa Rica ou le Venezuela pour se rapprocher de ce qui va nous attendre lors des matchs de poule.
Participer à cet événement pour la première fois, qu’est-ce que cela représente pour la France ?
Ça permet de mettre en avant le futsal et de s’inscrire dans une bonne dynamique. Notre discipline est de plus en plus médiatisée, mais pas encore à la hauteur de ce que ça devrait être. Il faudra donner la meilleure image possible de notre sport.
Certains militent d’ailleurs pour voir le futsal remplacer le football aux Jeux olympiques. Quel est votre avis sur la question ?
Pour moi, il n’y a pas de débat pour savoir si le futsal mérite plus d’y être que le football. Mais j’estime que le futsal a toute sa place aux JO. C’est un sport aux valeurs universelles qui correspondent à celles de l’olympisme. Cette discipline permet tout à fait d’organiser un tournoi sur deux semaines. À travers toutes ces caractéristiques, on peut donc penser qu’elle a sa place aux Jeux. D’ailleurs, le futsal est déjà aux Jeux olympiques de la jeunesse. C’est un signe que ça prend la bonne direction et le sens de l’histoire voudrait cela. Ça arrivera un jour ou l’autre, il faut espérer que ce sera le plus rapidement possible.
En France, la sélection a encore franchi des paliers en grimpant au dixième rang mondial.
Oui et c’est essentiel puisque cela nous a permis d’être dans le deuxième chapeau, lors du tirage au sort, et donc d’éviter certaines grosses équipes. Nous nous sommes impliqués pour grimper dans le classement en continuant de construire notre projet de jeu. Cela a d’ailleurs abouti sur une longue série d’invincibilité (ndlr, 16 matchs sans défaite entre avril 2023 et août 2024).Raphaël Reynaud a vécu une série de 16 matchs sans défaite entre avril 2023 et août 2024. Photo FFF
Battre le Brésil pour la première fois de votre histoire, en avril, c’était un moment fort ?
Forcément. Jouer le Brésil est déjà un événement pour un footballeur, alors en futsal, je n’en parle même pas. Après, tout ce que nous faisons s’inscrit dans une forme de logique. Nous ne tombons pas dans l’euphorie non plus. On les respecte trop pour dire qu’on est meilleurs qu’eux. Le véritable exploit serait de les battre en finale de la Coupe du monde.
Quel regard portez-vous sur les adversaires que vous allez retrouver en phase de poule du mondial ?
La première chose à dire, c’est que celui qui ne connaît pas le futsal peut penser que c’est faible en voyant nos adversaires. Ce serait une erreur. D’abord, l’Iran est dans le top 5 des nations au classement Fifa. Là-bas, c’est un sport phare. D’ailleurs, j’ai plus de journalistes iraniens que français qui m’appellent. Leur équipe est souvent très inspirée avec des bons dribbleurs, de vraies vedettes. Concernant le Venezuela, c’est une sélection à prendre très au sérieux. Elle a terminé troisième de la dernière Copa America. De son côté, le Guatemala va vivre son sixième mondial, tandis que ce sera la première expérience pour nous.
Pensez-vous qu’il y aura la place afin de se qualifier pour la phase finale ?
Oui, nous avons l’objectif de sortir de cette poule. Il ne faut pas penser que ce sera aisé puisque nous sommes dixièmes au classement mondial. Notre ennemi, c’est le manque d’expérience et à ce niveau-là, c’est une vraie carence.
Le mondial de futsal, comment ça marche ?
Samedi 14 septembre s’ouvrira la dixième édition de la Coupe du monde de futsal, en Ouzbékistan, avec la première participation des Français. Elles sont 24 sélections qualifiées pour la compétition la plus importante de la planète. Six poules de quatre équipes ont été dessinées. Seulement seize nations auront la chance de prendre part aux huitièmes de finale. Pour cela, il faut terminer dans les deux premiers de sa poule. Les quatre meilleures équipes classées troisièmes seront également qualifiées. Les Bleus de Raphaël Reynaud devront donc gagner au moins deux matchs sur trois, durant les poules, pour atteindre la phase finale sans trembler.
Être champion du monde, est-ce que cela vous traverse l’esprit ?
Bien sûr. Je veux devenir l’un des premiers Altiligériens à être champion du monde. Ça fait plus que trotter dans nos têtes, c’est ce qui doit nous habiter.
L’engouement est-il plus fort que jamais derrière votre groupe ?
C’est sans commune mesure avec ce que nous avons pu vivre par le passé. Nous sommes hyper sollicités. Depuis un petit moment, nos matchs sont à guichets fermés, en France. Puis, nous allons être télévisés. Je donne d’ailleurs rendez-vous à tous les Altiligériens à partir du lundi 16 septembre, sur la Chaîne L’Équipe. À 15 heures, il y aura un documentaire sur notre préparation, puis le premier match face au Guatemala, à 17 heures.
Mesurez-vous le chemin parcouru depuis vos débuts à Blavozy ?
Pas vraiment, puisque je suis toujours à Blavozy. Je vais souvent les voir jouer d’ailleurs. Parfois, je joue même avec l’équipe des vétérans de Saint-Pierre-Eynac. On a justement un derby à préparer contre Blavozy (sourire). Dans mon esprit, rien n’a changé, je suis toujours un Carrier.
Propos recueillis par Lucas Jacquet