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Сентябрь
2024

Avec l'ouverture de ses nouveaux ateliers, Hermès crée 250 emplois à Riom

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Il aura fallu être patient, très patient même, pour enfin pouvoir découvrir les nouveaux ateliers de la maison Hermès à Riom. Depuis la pose symbolique de la première pierre en septembre 2022, les travaux de réhabilitation de l’ancienne manufacture des tabacs fermée depuis 1975, ont été menés dans le plus grand des secrets.

Jeudi et vendredi, les ateliers ont ouvert leurs portes à une poignée de chanceux (élus, médias…) seulement. Depuis une dizaine de jours, les quelque 250 artisans formés en interne depuis près de trois ans sont à pied d’œuvre.

Neuf ateliers répartis entre les deux bâtiments

Après Sayat, la maison Hermès a donc désormais une deuxième manufacture de maroquinerie dans le Puy-de-Dôme. Sa 23e en France. Un nouveau fleuron dans sa flotte qui a été confié à Marion Gauthier, directrice de production du site riomois. « Ici, nos artisans ne confectionneront que des sacs, explique Emmanuel Pommier, directeur général du pôle artisanal maroquinerie sellerie. Sur ce site, ce sont, dans un premier temps, cinq modèles qui seront fabriqués. »

Au cœur d’une « Sainte Manu », comme l’avait rebaptisée le collectif de graffeurs qui occupait les lieux avant la cession du bâtiment par la communauté d’agglomération Riom Limagne et Volcans (RLV) à Hermès en septembre 2020, ce sont neuf ateliers accueillant 25 à 27 artisans qui ont été créés. Au centre du bâtiment, les énormes poutres en béton armé ont été sciées pour créer « la place du village », une sorte de grand hall allant du sol au plafond. Avec une cantine et une terrasse extérieure où l’ensemble des salariés pourra déjeuner et se côtoyer.

« Notre principe de développement, c’est d’avoir des sites de 250 ou 260 artisans maximum, poursuit Emmanuel Pommier. On veut conserver une dimension humaine pour que les contacts soient facilités. C’est une notion très importante dans notre modèle artisanal d’entreprise pour que la transmission, aussi bien des savoir-faire que de notre culture, soit aisée. » Une autre des raisons qui a motivé la maison Hermès à s’installer à Riom réside dans la proximité avec ses ateliers de Sayat.

« Nous avons des artisans très expérimentés là-bas qui sont devenus tuteurs, formateurs et même pour certains responsables d’atelier, souligne le directeur général du pôle artisanal maroquinerie sellerie. Aujourd’hui, une cinquantaine de personnes présentes à Riom viennent d’ailleurs des ateliers de Sayat. »

Une « Sainte Manu » méconnaissable

L’installation de la maison Hermès est le début d’un nouveau chapitre dans la riche histoire des lieux. « Il est vrai qu’il est plus simple de construire un nouveau bâtiment, mais nous essayons de plus en plus d’opter pour la réhabilitation de friches quand cela est possible, raconte Emmanuel Pommier. C’est aussi valorisant de nous inscrire dans l’histoire de ce bâtiment, qui fait partie du patrimoine de la ville et où l’on remet des emplois manufacturiers. »

Pour celles et ceux qui avaient connu l’ancienne manufacture des tabacs « dans son jus », il serait presque compliqué de s’y retrouver tellement les choses ont changé à l’intérieur. Si l’ensemble des œuvres réalisées par les graffeurs durant plusieurs années ont été conservées derrière les plaques d’isolant posées au mur, les lieux, toujours aussi vertigineux par leur grandeur, sont désormais d’une luminosité éclatante afin que les artisans puissent œuvrer.

« Nous avons pu rénover le bâtiment comme nous le souhaitions, se réjouit Emmanuel Pommier. Il a aujourd’hui un très haut niveau de performance énergétique. L’enjeu, c’est que la maison Hermès réussisse ici. Nous avons recruté plus de 200 personnes sur les quatre dernières années. Tous sont des environs. Ils ont des profils très variés avec une grande majorité de personnes plutôt jeunes et en reconversion. Tous ont été formés de A à Z durant 18 mois dans notre atelier relais. »

Si 36 futurs artisans sont encore en formation actuellement et que la maison Hermès, qui forme en continu, reçoit encore des centaines de candidatures chaque année, celles et ceux qui ont pris possession des lieux semblent déjà conquis par leur nouvelle vie professionnelle.

Une quinzaine d’heures de travail pour un sac à main

« Avant, je travaillais dans la cordonnerie-botellerie, explique Audrey, une Riomoise de 36 ans qui a quitté son job clermontois pour suivre la formation Hermès voilà 3 ans. J’avais envie de toucher à la maroquinerie et de me rapprocher de mon lieu de vie. Le prestige de la marque a aussi été un argument déterminant. J’ai appris beaucoup de choses depuis mon arrivée. Le plus difficile, c’est d’apprendre les savoir-faire de la maison et de les appliquer correctement. Mais c’est très gratifiant. »

À terme, les artisans concevront un sac en une quinzaine d’heures en moyenne. Des pièces qu’ils réalisent du début à la fin (hormis la partie découpe du cuir et quelques rares piquages réalisés à la machine) et qui seront estampillées de leur griffe. Réalisées avec leurs propres outils, du matériel dont ils ont été dotés à leur arrivée en formation.

Un atelier Hermès à la "Manu" à Riom : retour sur l'histoire de l'ancienne manufacture des tabacs

Concernant tout le reste, on n’en saura pas davantage sur tout ce qui peut concerner l’investissement financier réalisé par Hermès pour réhabiliter les deux bâtiments que la maison occupe à Riom, le nombre de sacs réalisés par an sur place, les perspectives d’évolution du site ou encore sur les conditions salariales des artisans. Chez la maison Hermès, la communication aussi est visiblement bien ficelée.

Nourredine Regaieg