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Сентябрь
2024

Un système de soins en "décrépitude" au Royaume-Uni : ce rapport qui sonne l’alerte

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Il promet "la plus grande réorganisation" du système de santé public britannique depuis sa création, basée sur trois axes : le passage au numérique, le développement des soins ambulatoires et la prévention. Jeudi 12 septembre, le nouveau premier ministre britannique, Keir Starmer, a prononcé un discours sur le National Health Service (NHS), le système de soins gratuit du pays, alors qu’un rapport, publié la veille, alerte sur son "état critique". "Le NHS est peut-être cassé mais il n'est pas à terre" et "ce gouvernement travaille à définir un plan sur dix ans" qui sera "différent de tout ce qui a été fait jusqu'ici", a dit le premier ministre.

Rédigé par Ara Darzi, chirurgien et membre de la Chambre des Lords, le document de 142 pages, fruit de neuf semaines d’enquête, juge que le fonctionnement du NHS s’est détérioré depuis quinze ans et qu’il se trouve en "décrépitude", du fait d’un programme d’austérité "rigoureux" initié par les conservateurs dans les années 2010. Le professeur Darzi, qui a lui-même passé trois décennies au sein du NHS, a déclaré qu’il était "choqué" par ce qu’il avait découvert, évoquant notamment "des bâtiments en ruine, des patients en santé mentale hébergés dans des cellules de l'ère victorienne infestées de vermine", des délais d’attente interminables pour les opérations, ou encore une sous-dotation en scanners IRM, par rapport à d’autres pays européens.

Une productivité en chute

Le rapport souligne aussi l’augmentation du nombre de patients souffrant d’une maladie de longue durée, comme le diabète ou l’hypertension artérielle, mettant le NHS sous tension. Et bien que le nombre de personnels hospitaliers a augmenté de 17% entre 2019 et 2023, le nombre de rendez-vous, d’opérations et de procédures, lui, "n’a pas augmenté au même rythme et la productivité a donc chuté". "L’état désastreux des soins sociaux aboutit à ce que 13% des lits du NHS soient occupés par des personnes en attente d’une aide sociale ou de soins dans des environnements plus appropriés", indique également le Dr Darzi. L’enjeu est d’autant plus important que l’augmentation des niveaux de maladie met en péril la prospérité économique, avec 2,8 millions de personnes incapables de travailler en raison d’une mauvaise santé.

Ces conclusions ne surprendront guère les Britanniques, dont la satisfaction à l’égard du service de santé est "à son plus bas niveau depuis toujours", rappelle le document, après avoir atteint un pic en 2009. "Les gens ont parfaitement le droit d’être en colère", estime de son côté Keir Starmer. "Pas seulement parce que le NHS nous concerne tous personnellement, mais aussi parce que certains de ces échecs sont une question de vie ou de mort." "La tâche qui nous attend est celle d'une génération", a-t-il poursuivi, promettant d'oeuvrer avec les médecins et les soignants, qui ont multiplié les grèves ces deux dernières années, pour réclamer des hausses de salaires et davantage de moyens, en particulier une hausse des effectifs.

Financés par l’impôt général et les retenues sur les salaires, les soins médicaux en Grande-Bretagne sont délivrés aux patients sans échange d’argent, à quelques exceptions près comme les soins dentaires et les médicaments sur ordonnance. Au cours de la campagne électorale, tous les partis politiques avaient promis de réparer le NHS. Mais leurs engagements n'étaient "pas financés", avait souligné le groupe de réflexion Institute for Fiscal Studies.