Ne ratez pas la dernière édition ! Le festival Disjoncté n'illuminera plus les nuits en Corrèze
C’est un festival unique qu’on va regretter ! Pour ses 4.000 bougies, braseros et lampes de tempête, créant une ambiance féerique et mystérieuse, pour son côté musical, poétique et écologique et pour ses titres de programmations pleins d’humour : « Complètement frappé, « En lac mineur » ou « Keskecékcetruc ».Un piano qui flotte sur l’Eldo’radeau restera une des images marquantes de ce festival. Photo : Florent OurthC’est maintenant ou jamais ! Ce samedi, à partir de 18 heures, tous les chemins mènent au lac du Coiroux. Parce que Le Disjoncté, seul festival, 100 % sans électricité, qui attirait tous les ans des milliers de Corréziens, tire sa révérence. Et propose une soirée, ludique, festive et interactive, intitulée « L’édition qui s’la pouet ».
Un supplément d’âmeComme d’habitude, l’affiche est gardée secrète jusqu’au jour J, mais, nous savons déjà qu’elle comporte neuf groupes. Et un petit supplément d’âme : pour ne pas être un spectateur passif mais « un des piliers chantants du spectacle », cette année, les participants sont invités à réviser la chanson L’amour à la plage, de Niagara, et venir sur le site avec un pot de yaourt en verre, une bougie chauffe-plat et un briquet ou allume-gaz. « C’est génial de pouvoir réunir autant de monde au même endroit. Donc, on va créer des moments où on sera tous ensemble. On va faire fabriquer des choses au public, le faire participer à la scénographie, au spectacle, » explique Maud de la Chapelle de l’association organisatrice, Grive la Braillarde.Le groupe Hein, quoi ? (musique des Balkans)
« Parce que la vie »Pourquoi Le Disjoncté touche-t-il à sa fin ? « J’ai envie de dire, parce que la vie, explique-t-elle. L’association s’arrête (après 10 ans d’existence NDLR) et du coup, tous nos festivals aussi. Normalement, Gender is over (festival féministe et queer NDLR), sera repris par une autre structure. Pour Le Disjoncté, il y a des associations qui discutent d’une éventuelle reprise, mais, il n’y a rien d’officiel pour l’instant. » De plus, même sans électricité, la viabilité du festival était difficile à maintenir. « On est très triste d’arrêter le Disjoncté, mais, il se trouve que si on avait voulu continuer, ça aurait été une galère financière complète. On n’a plus d’argent. On tient sur les fonds Covid depuis trois ans. Il aurait fallu trouver un autre modèle économique, » confirme Maud de la Chapelle.
Organiser un tel évènement, un véritable défiIl faut savoir que l’organisation de cet évènement est un véritable défi. Par la taille et la configuration du site, par le nombre de gens, impliqués et accueillis. « Il y a énormément de coordination à faire. Il faut gérer à la fois quarante bénévoles, neuf stands de nourriture, récupérer du matériel de partout, bricoler toute l’année. On change la scénographie tous les ans, il fallait prévoir la répartition sur le site des milliers de bougies. Il y a une multitude de tâches à organiser. » La programmation impose, elle aussi, un certain nombre de contraintes. « Non, seulement, on joue en acoustique, mais, chaque festival a une thématique et il faut trouver des groupes qui correspondent. Le fait de ne pas amplifier les instruments, ça limite le choix. Il y a aussi des instruments qui ne supportent pas l’humidité ou le soleil et les artistes ne veulent pas venir jouer au lac. »
Se souvenir des belles chosesUne photo souvenir de l'édition 4, "Complètement frappée". Entre amis, sur la plage, autour d’un feu de joie.Quels sont les plus beaux souvenirs de ces cinq éditions du Disjoncté pour Maud de la Chapelle ? « À la première édition, on s’attendait à 300 personnes et on en a eu 1.500. C’était un truc de fou, répond-elle. Un très beau souvenir, c’est aussi l’ensemble du public qui, en 2020, a allumé en même temps des cierges magiques, au moment du lancement de la batucada. Et je n’oublierai jamais le piano flottant sur l’Eldo’radeau, pendant la 3e édition. Enfin, il y a aussi et surtout cette image magique d’un lac, illuminé par des milliers de bougies. Au moment où ça s’allume, entre 20 h et 21 h, ça nous fait toujours le même effet waouhhh ! »
Pratique. L’entrée au festival est gratuite. Qui dit « sans électricité » dit aussi « pas d’appareils à carte bleue ». Pensez donc à prendre de la monnaie, pour manger et boire sur place. Il faut prévoir également des vêtements chauds et des tapis de sol pour pouvoir se poser.
Dragan Perovic