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Сентябрь
2024

Jeux Paralympiques Paris 2024 : on a fait la fermeture du Club France avec l'équipe de France...

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Avant de faire la fête, il faut se creuser la tête. Cyril Jonard (bronze en J1, -90 kg), Hélios Latchoumanaya (argent en J2, -90 kg) et Jason Grandry (bronze en J1, +90 kg) viennent de débarquer au Club France. Direction la case média pour les médaillés du jour de l’équipe de France de para-judo. Jason est en entretien avec Sport en France. Cyril est le prochain. Il réfléchit. Et interpelle Jason Guillot, son coach : « Je parle de l’arbitrage de la demie face à l’Anglais ? ».

Pour nous faire patienter, le Limougeaud sort un casse-tête de sa poche : « On va voir si tu es malin. Essaie de séparer les deux éléments ». Les trois médaillés se retrouvent ensuite pour tourner une vidéo pour la Fédération. La pièce est sombre. Aveugles, Jason et Cyril ne savent pas à côté de qui ils sont assis. Le Limougeaud touche la barbe de ses voisins. Celle de Jason est plus longue. Il chambre : « On dirait un bouc ».

« Vous avez le bateau gonflable ? »

Le timing est serré. Le Limougeaud a désormais dix minutes de temps libre. Il arpente les allées, médaille de bronze autour du cou. Des personnes le saluent au loin, d’autres l’interpellent. Elles veulent le féliciter. Il ne répond pas. Il n’est pas malpoli. Simplement, Cyril Jonard ne voit pas, n’entend pas. Jason Guillot fait l’intermédiaire. Les badauds veulent toucher la médaille, la prendre en photo. Petite confidence d’un costaud de 85 kg : « C’est lourd ! » À tel point que quelques heures plus tard, il la glissera dans sa poche…

23 heures : c’est l’heure des célébrations. On n’entre pas sur la grande scène du Club France comme ça. Le briefing est carré et cadré. Hélios Latchoumanaya a une idée : « Vous avez le bateau gonflable?? J’aimerais me jeter dans la foule avec ». Ce n’est pas au programme.

Les organisateurs ont mieux : Cyril Jonard sera fêté dans le silence, avec des mains qui s’agitent (applaudissements chez les sourds). C’est beau, émouvant. Puis, en bout de piste, la musique est lancée. Pleine balle. Jonard s’excite. Il est en transe. Il danse n’importe comment. Il fait n’importe quoi. La foule adore. L’adore. L’adule. La légende du para-judo aura décidément marqué ces Jeux… Il revient à nos côtés, essoufflé. En sueurs. Il rigole, heureux comme un gamin : « Waouh, ça fait le cardio ». On lui tend son casse-tête, en deux pièces. Il nous défie : « C’est bien. Maintenant, sache qu’aucune personne de l’équipe de France n’a réussi à le remettre ».

À 48 ans, il demeure un farceur-né. Un ancien entraîneur de l’équipe de France se présente à lui pour le féliciter. Cyril lui touche le ventre. Il confond son interlocuteur avec un jeune judoka qui officie chez les lourds… L’intéressé lui pardonne : « Tu nous as encore prouvé que tu es un immense champion ». Le triple médaillé paralympique a soif : « Cela fait un an que je n’ai pas bu d’alcool ». On lui propose une bière. Il refuse et crie, bien fort : « Champaaagne ! » Avec quelques-uns, il sera l’un des grands animateurs d’une belle et inoubliable soirée. Un exemple parmi d’autres ? Lorsque, sur la scène d’un espace VIP, il se lance dans un rock avec Helios Latchoumanya…

« On reste là »

Parmi l’équipe de France, certains méritent de monter sur un podium olympique lorsqu’il s’agit de faire la fête. Or, à 2 heures, les agents de sécurité dirigent tout ce beau monde vers la sortie. « On reste là », proteste un groupe. Problème : le Club France ferme ses portes. Les Bleus s’en vont en chantant. D’ailleurs, cette nuit, ils ont fait beaucoup plus de bruit que l’équipe de France de para-cyclisme, également présente…

À la sortie, les judokas s’interrogent : qui rentre au village olympique ? Qui poursuit les festivités ? On en profite pour rendre, en un seul morceau, le casse-tête à son propriétaire. Il met la main sur notre épaule : « Bravo. Tu reprendras bien un verre pour fêter ça ? »

À Paris, Kevin Cao Kevin.cao@centrefrance.com