Pour la Maroquinerie Renouard, le Made in Bretagne n'est pas accessoire
A travers la vitre, une trentaine d'artisans sont concentrés sur leur ouvrage. L'un découpe minutieusement le cuir, l'autre perce précisément la peau, un autre encore pose habilement les rivets, etc. Tout de blanc vêtus, il n'est pas question de travail à la chaine, mais d'un processus artisanal bien rodé pour concevoir les sacs de la Maroquinerie Renouard. Et le visiteur de passage peut y assister. " C'est comme voir travailler un boulanger : il y a des gestes techniques, propres à son savoir-faire, mais aussi des odeurs, des bruits typiques. Souvent, le public prend plaisir à observer cet artisan. Nous proposons la même chose dans notre atelier ", présente Régis Renouard, directeur de la création de la Maroquinerie Renouard. Il représente la 5e génération de maroquiniers à faire tourner cette PME emblématique des environs de Saint-Malo. C'est à Plancoet, plus précisément, que la maison Renouard voit le jour en 1891. Au début, elle fabrique des harnais pour les chevaux de trait. " Petit à petit, grâce à la proximité avec Saint-Malo, des estivants venaient en villégiature sur la côte et en profitait pour faire réparer leurs valises et leurs malles. C'est ainsi que la maison s'est diversifiée d'abord sur la bagagerie avec mes grands-parents, puis sur la maroquinerie avec mes parents ", poursuit Régis Renouard. Ce dernier, avec sa femme, ouvre l'entreprise à la petite maroquinerie et aux accessoires, valorisant les chutes de cuir.
Une production raisonnableAinsi, chaque génération apporte sa vision à la tête de l'entreprise, s'emparant des tendances et valeurs de l'époque. En 2024, forcément, c'est le respect de l'environnement qui prévaut. " Nous nous fournissons dans des tanneries soucieuses de l'écologie et nous apportons une attention particulière au traitement des peaux pour réduire au maximum les produits chimiques. De plus, tout est fabriqué en Bretagne et nous tenons à valoriser l'aspect circuit court ", glisse le dirigeant. Chez Renouard, pas de surstock : la production se veut raisonnable. L'accent est également mis sur la durabilité des sacs, en facilitant leur réparation. " Notre service après-vente est très actif. Certaines jeunes filles de 20 ans viennent faire réparer le sac de leur grand-mère car elles le trouvent sympa et qu'il fait partie de leur histoire, ajoute Régis Renouard. Nous avons conservé les boucles et autres accessoires plus anciens pour pouvoir répondre à chaque demande. Cette longévité est propre à notre maison ! "
De la Bretagne à l'Asie ?Il y a 25 ans, la Maroquinerie Renouard s'est rapprochée d'une autre famille, italienne, les Giovannoni. Ce sont eux qui désormais ont pris la présidence de la maison, aidant l'entreprise à se développer et à poursuivre son travail exigeant, et ce toujours en accord avec la devise de la maroquinerie : " Fais bien ce que tu fais ".
Au fil des années, la Maroquinerie Renouard s'est constitué un réseau de boutiques en propre. Elle en compte 14 à ce jour, réparties dans toute la France. Sans oublier les ventes sur le site Internet. Pour Régis Renouard, il s'agit encore d'un circuit " très privé " : " C'est avant tout le bouche-à-oreille qui fonctionne ", assure-t-il. Soit un secret de famille bien gardé ? La PME entend pourtant faire parler davantage d'elle et rêve même d'international. " Nous avons une boutique au Luxembourg, en zone frontalière. Mais pourquoi pas tester demain ce qui est possible en Europe et, plus tard, se rapprocher de l'Asie ou des Etats-Unis ? ", projette le directeur de la création. Partir à l'étranger, oui, mais en valorisant ses origines bretonnes. " Notre histoire est intimement liée à la Bretagne. Je ne sais si nous aurions eu la même si nous avions été dans le Périgord ", compare Régis Renouard. Et en Bretagne, les écoles de maroquinerie sont plutôt rares. Alors pour s'assurer d'avoir les meilleurs artisans, la Maroquinerie Renouard assure la formation de ses nouvelles recrues, même celles qui sont dans un projet de reconversion et qui ne connaissent rien au secteur. Les seuls impératifs ? Avoir de la créativité et aimer le travail manuel. " Nous avons même un fleuriste qui nous a rejoint récemment ! ", commente, ravi, Régis Renouard. La durée de la formation varie en fonction de la personne et de son expérience, mais il faut compter généralement une année. Ensuite, elle est en mesure de passer à tous les postes de l'atelier. Et de ravir les visiteurs de passage par sa maitrise des gestes techniques.
Cet article a été publié initialement sur Big Média Pour la Maroquinerie Renouard, le Made in Bretagne n'est pas accessoire