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Les Peuchlestrade vendent Le France : retour sur 36 ans de vie dans ce bar, une institution à Aurillac

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L’histoire commence, comme souvent dans le Cantal, l’hiver. Et avec une équipe de rugby. « Quand il neigeait, on cherchait un endroit. Ici, il y avait un billard. » Yann et Thierry Peuchlestrade évoluent au plus haut niveau, dans les années 80, au Stade Aurillacois. « On s’est mis à fréquenter ce lieu. À l’époque, c’était le Grand café de France. »

Jusqu’au jour où... « Papa nous a soufflé la charmante idée d’allier le monde du rugby et le bar. Il trouvait que c’était une belle association », se souvient Yann Peuchlestrade. « On s’est dit, on va se servir de notre notoriété, c’était à vendre, alors on s’est lancé, avec notre sœur, Isabelle, et les parents. » D’ailleurs, ils en rient encore : « Lulu et Irène, quand ils venaient, c’était le patriarche et la matriarche », se remémore Thierry Peuchlestrade. « Papa, il n’a jamais travaillé au bar, mais c’était notre plus fidèle client », ajoute son frère.

L’aventure commence. « Ce métier, il faut le tempérament pour le faire. Ce n’est pas difficile », décrit Thierry Peuchlestrade. « Il faut juste aimer le lien humain, complète Yann Peuchlestrade. Ce métier, c’est cet aspect relationnel, humain. Tu sais si tu es fait pour ça ou pas. C’est simple, pour peu qu’on y mette de la présence. »

Les gens, qui viennent ici, s’offrent une parenthèse, en semaine ou en week-end. Il faut l’envie d’être avec les gens. Et nous, on a la chance d’aimer ça, de ne s’en être jamais lassés. Derrière le bar, central, on voit tout, les gens, l’ambiance. Ce lien-là est important. Enfin, je trouve

À l’époque, « la vie nocturne se concentrait autour du square ». La famille Peuchlestrade impulse progressivement une nouvelle dynamique, autour de la place Gerbert, cette fois. « Le Café de France est devenu ce bar d’ambiance intergénérationnel", dit Thierry Peuchlestrade. Aux fourneaux, Yann s’attache à sortir des plats généreux le midi. Il rit quand on lui dit. Avoir faim en sortant de table, très peu pour lui. Lui a lâché son activité pour se consacrer au bar. Il jouait au Stade, aussi. "Le rugby a permis au lieu de rayonner. »

Entraîneur du Stade Aurillacois, Thierry Peuchlestrade a passé 17 saisons à la tête de cette équipe, jusqu’en 2020, et venait travailler au bar les jours où il pouvait. Lui qui est déjà à la retraite, continue d’aider son frère, toujours salarié. « Après 36 ans, c’est vrai qu’il est temps de partir. On ouvre déjà plus que du jeudi au samedi, une façon de lever le pied, plaisante-t-il. Mais on est ouvert jusqu’à 2 heures, donc derrière, on rentre entre 3 et 4 heures. Il est temps pour nous de passer la main. » Tous deux ont hâte d’« honorer les invitations des amis », mais surtout d’avoir le temps de prendre le temps. « Nos enfants sont tout autour de nous. Le Cantal est beau, et nous avons une vie sociale bien remplie. »

"Des gens nous ont marqués. Des gens du quotidien"

Si leur établissement est en vente, ils gardent le souvenir de liens indéfectibles. « Au fil des ans, on a fait des rencontres qu’on n’oubliera pas. On a vu passer ici trois générations de mêmes familles… Les enfants, les petits-enfants, on connaît leur anniversaire », sourit Thierry Peuchlestrade. « Regarde, Yannick, il fête ses 40 ans ici cette semaine. Je me souviens de ses 20 ans ! », ajoute Yann Peuchlestrade. « Oui, des gens nous ont marqués. Des gens du quotidien. »

Il y a trois mois, quand ils ont commencé à l’annoncer aux clients, « ils n’ont pas aimé ! », explique Yann Peuchlestrade. Mais pas longtemps. Car la clientèle du France, fidèle et joyeuse, a envie de continuer à faire la fête. Les rénovations menées juste devant le bar donneront un nouveau souffle à la place. Le bar quant à lui, est bien lancé. « Il n’y a plus qu’à prendre la suite », conclut Thierry Peuchlestrade. Et le frère d’ajouter : « On espère passer devant très bientôt et s’arrêter boire un café ! » 

Anna Modolo