Reniement ultime

Depuis sa réélection, Emmanuel Macron semble en permanence à contretemps. Sourd aux bruyantes aspirations des Français. Comme s’il avait perdu son mojo et que le « nouveau monde » n’était qu’un village Potemkine. Aveuglé par son hubris, le retranché de l’Élysée empile les mauvais choix. Sur l’échelle de Richter des dissolutions ratées, celle du duo Villepin-Chirac passerait presque pour une secousse de magnitude gentillette. La clarification promise a accouché d’une Assemblée nationale tronçonnée en trois blocs, synonyme d’un pays encore plus difficilement gouvernable. Comme si cela ne suffisait pas, l’ancien banquier s’est entêté jusqu’à la déraison. Ne pas tenir compte du verdict des urnes en nommant tout de suite Lucie Castets à Matignon est une faute politique majeure qui risque de transformer sa fin de règne en chemin de croix. Même si la censure paraissait inévitable pour la candidate du NFP, le chef de l’État se devait de respecter l’esprit de la Constitution. Au lieu de quoi, il a fini par nommer un Premier ministre de droite. Ce qui revient à installer Marine Le Pen en maîtresse du jeu. Le reniement ultime pour celui qui aime se présenter comme le dernier rempart face à l’extrême droite.

l’éditorial

Dominique Diogon