ru24.pro
World News in French
Сентябрь
2024

D'Adrien à Zerator: les mille et un streams du patron du ZEVENT

0

"On avait besoin d'une pause", souffle le trentenaire à l'AFP dans son studio à Montpellier, dans des locaux qu'il partage avec une demi-douzaine de streamers.

Depuis près d'un an, il prépare le retour de son événement phare, un week-end réunissant plusieurs dizaines de streamers au profit d'associations, suivi par plusieurs centaines de milliers de spectateurs.

Quiz, défis et happenings rythment les appels aux dons: un "joyeux bordel", comme le décrit le natif de Montpellier, qu'il anime mégaphone à la main.

Les deux dernières éditions, en 2021 et 2022, ont récolté chacune plus de dix millions d'euros.

Ce rôle de leader, il assure n'avoir jamais voulu l'endosser, pour un événement où se pressent des figures comme Alain Chabat ou BigFlo et Oli, et que le président Macron ne manque pas de saluer à chaque édition.

Initié très tôt aux jeux vidéo par son grand frère, Adrien Nougaret découvre le streaming, pratique alors balbutiante, à la fin des années 2000.

Il démarre en 2010 en commentant des compétitions du jeu de stratégie "Starcraft 2" - son pseudo rend hommage à l'un de ses personnages, ainsi qu'à la BD Kid Paddle - puis enchaîne les expériences dans des web TV.
"Saut dans le vide"
En janvier 2015 il lance son premier direct sur Twitch, plateforme encore peu connue en France.

"C'était terrifiant", se rappelle-t-il. "C'était un grand saut dans le vide et j'ai eu de la chance, ça s'est très bien passé."

Alors que sa communauté grandit, il fonde son propre studio de jeux vidéo en 2015, organise plusieurs tournois d'e-sport et lance une entreprise de fabrication de produits dérivés.

C'est en 2016 qu'il prend une autre envergure: s'inspirant des marathons caritatifs américains, il répond à l'appel du streamer belgo-marocain Athene pour aider l'Ethiopie et organise, avec son associé Alexandre Dachary, le Projet Avengers.

Face au succès de la mobilisation - 170.000 euros récoltés pour l'ONG Save The Children - il renouvelle l'expérience en 2017 sous le nom ZEVENT.

Dès la 3e édition, le million d'euros sera dépassé, puis 10 millions d'euros à partir de 2021, consacrant définitivement son statut de plus grand marathon caritatif sur Twitch.

Un succès qu'il explique notamment par l'interactivité, le streamer remerciant les donateurs à chaque euro donné.

Le format a donné naissance à d'autres événements populaires en France comme Streamers 4 Palestinians, initié en juin et qui a réuni plus d'un million d'euros.

Toutefois, Zerator s'est tenu éloigné des prises de parole politiques qui ont marqué le monde des créateurs de contenus lors des élections législatives.

"Les gens viennent me voir pour du divertissement autour du jeu vidéo donc j'essaye de rester dans ce cadre-là", fait-il valoir, même s'il estime que "quelqu'un qui suit mes streams depuis pas mal de temps sait très bien pour quel bord je penche".
"Droit à la rédemption"
La politique, elle, s'intéresse à lui: en juin 2022, il est invité à l'Elysée avec plusieurs autres streamers, ce qui lui vaudra quelques critiques. "J'y suis allé pour représenter mon milieu en face du chef de l'État", défend-il.

Un an plus tard, il est fait chevalier de l'ordre national du Mérite.

Après une édition 2022 consacrée à l'environnement, qu'il vit comme une "apothéose", il raccroche pour un an, éreinté par "la polarisation des réseaux sociaux" mais aussi pour réfléchir à une "nouvelle formule".

Après un concert jeudi, c'est une version assez proche des précédentes éditions qu'il animera à Montpellier de vendredi à dimanche, entouré de 35 personnalités de l'internet francophone comme Baghera Jones ou Samuel Etienne, au profit d'associations luttant contre la précarité.

La nouveauté cette année, c'est la participation de cent autres streamers, qui pourront nourrir une cagnotte commune.

"Le but à terme, c'est que tout le monde puisse participer, un peu à la manière d'un Téléthon", explique Zerator, qui espère ouvrir dès l'an prochain l'événement à tous les streamers qui le souhaitent.

Ce choix a suscité de nombreuses critiques sur le réseau social X face à certains profils retenus, notamment accusés d'avoir tenus des propos déplacés.

"Je ne minimise pas du tout ce qu'ont pu dire les gens" dans le passé, affirme-t-il. Lui qui plaide pour un "droit à la rédemption" admet que "c'est très difficile de juger, de mettre une limite".

Il soupire: "J'ai fait le deuil de plaire à tout le monde".