Cisjordanie: l'armée israélienne se retire de Jénine après une vaste opération
Les Etats-Unis ont exhorté jeudi Israël et le Hamas à finaliser un accord de cessez-le-feu à Gaza, alors que les deux parties se sont accusées mutuellement de faire échouer les négociations.
Lors d'une visite en Israël, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a également appelé vendredi à un "cessez-le-feu maintenant", estimant que "l'approche militaire pure" n'offrait pas de solution à la guerre.
Vastes destructions
Depuis le 7 octobre, les violences ont flambé en Cisjordanie, et l'armée a déclenchée le 28 août une vaste opération "antiterroriste" dans le nord de ce territoire occupé par Israël depuis 1967, où les groupes armés en lutte contre Israël sont spécialement actifs.
Les raids, réguliers en Cisjordanie mais qui ont rarement atteint une telle ampleur, se sont concentrés sur Jénine et ses environs, et ont été accompagnés par d'importantes destructions selon des témoins et des journalistes de l'AFP.
Selon des habitants, les soldats israéliens se sont retirés dans la nuit de Jénine et de son camp de réfugiés.
"A ce jour, 14 terroristes ont été éliminés, plus de 30 suspects ont été arrêtés" à Jénine, a indiqué vendredi l'armée israélienne dans un communiqué, sans pour autant annoncer la fin de son opération.
Selon le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne, un total de 36 Palestiniens âgés de 13 à 82 ans ont été tués par l'armée israélienne dans le nord de la Cisjordanie depuis le 28 août. L'armée a annoncé de son côté qu'un de ses soldats était tombé au combat à Jénine, le 31 août.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a dit vendredi à Mme Baerbock que le guide suprême iranien, l'ayatollah Khamenei, voulait "armer la Judée-Samarie (la Cisjordanie, ndlr) comme Gaza".
Dans le même temps, l'armée israélienne poursuit son offensive dans la bande de Gaza, où la Défense civile a fait état de blessés dans le bombardement israélien d'une maison à Bureij, dans le centre du territoire.
"Parti pris aveugle"
L'attaque du Hamas le 7 octobre a entraîné la mort côté israélien de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 ont été déclarées mortes par l'armée.
Les opérations israéliennes, qui ont provoqué une catastrophe humanitaire et sanitaire dans la bande de Gaza assiégée, y ont fait 40.878 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués. D'après l'ONU, la majorité des morts sont des femmes et des enfants.
Avec le Qatar et l'Egypte, les Etats-Unis, principal allié d'Israël, font des efforts de médiation depuis des mois pour convaincre les deux camps de conclure un accord.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a confirmé les évaluations américaines selon lesquelles 90% de l'accord était prêt.
"Il incombe vraiment aux deux parties de parvenir à un accord sur les questions restantes", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse.
Netanyahu inflexible
Depuis l'annonce dimanche de la découverte à Gaza des corps de six otages israéliens, tués à "bout portant" par le Hamas selon l'armée israélienne, M. Netanyahu est soumis à une forte pression pour parvenir à un accord permettant la libération des otages.
Mais le Premier ministre reste inflexible, après avoir juré de détruire le Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme un mouvement terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.
Parmi les points d'achoppement pour un accord figure notamment la volonté de M. Netanyahu de conserver un contrôle israélien sur le couloir de Philadelphie, zone tampon le long de la frontière entre Gaza et l'Egypte, pour empêcher le Hamas de faire entrer des armes dans le territoire palestinien ou d'exfiltrer vers l'Egypte des otages ou certains de ses combattants à travers des tunnels.
"Aucun accord n'est en cours de négociation", a déclaré M. Netanyahu sur la chaîne américaine Fox News.
Le Hamas insiste sur l'application en l'état d'un plan annoncé le 31 mai par le président américain Joe Biden, qui prévoit une trêve de six semaines accompagnée d'un retrait israélien partiel et de la libération d'otages, puis à terme un retrait total israélien du territoire.