Les loyers des commerces ne cessent d’augmenter dans le triangle d’or de Vichy
Les rues principales du triangle d’or comme la rue Clemenceau ou la rue Wilson sont particulièrement touchées par une flambée des prix, transformant le paysage économique local. Selon le cabinet d’agence immobilière Arthur Loyd, les prix au mètre carré varient selon l’emplacement. Les valeurs locatives au m²/an pour la rue de l’Hôtel des Postes vont de 300 € à 400 € par m² par an, tout comme la rue Wilson. Pour la rue Georges Clemenceau, c’est 450 à 550 € par m² et par an. Bien évidemment, les rues les plus reculées arborent des prix plus abordables.
Suivre le rythmePour certains commerçants, souvent propriétaires, cette hausse des prix est positive. « Moi personnellement, je suis proprio, alors j’ai tout à y gagner. Après, c’est vrai que c’est compliqué pour certains et donc il y a pas mal de mouvement, c’est malheureux, confie le gérant d’une boutique souhaitant rester anonyme, très optimiste concernant la survie de son commerce. Et c’est aussi le cas des grosses franchises venues s’implanter depuis quelques années, bien loin de ces problèmes immobiliers. » Cependant, tout le monde ne partage pas cet optimisme. De nombreux commerçants peinent à suivre le rythme de ces augmentations.
Plus ça augmente, plus je commence à sentir l’effet.
« Pour l’instant, ça va, même si les prix sont devenus colossaux, voire démesurés pour ce que j’ai, et en plus, je n’ai pas beaucoup de personnel. Mais je ne sais pas si je serai là dans cinq ans à ce rythme-là, les loyers sont devenus beaucoup trop chers », explique Laurent Jouberton, gérant de la librairie Carnot, placé 2 boulevard Carnot. Et ce phénomène engendre une homogénéisation du commerce local avec les grosses franchises, au détriment de la diversité et de l’authenticité qui faisaient autrefois le charme de Vichy.L’emplacement devient crucial pour les commerces.
Emplacement comme facteur majeurDans ce contexte, l’emplacement devient crucial. Plus un commerce est bien situé, plus il attire de clients, mais plus il doit aussi débourser pour son loyer. « Avant, j’avais ma boutique à Moulins-sur-Allier, et en 2021, je me suis installé à Vichy. Et j’avais le bon timing puisque selon mes demandes et les disponibilités, j’ai rapidement trouvé. Il y a trois points essentiels dans le commerce, c’est “L’emplacement, l’emplacement, et l’emplacement” alors forcement que ça va être un impact majeur, et notamment sur le loyer. Moi ça va je ne me plains pas, mais je pense que ça peut vite devenir compliqué pour les autres », constate Romain Freme, gérant du magasin Culinart, localisé rue Hôtel des Postes.
Plusieurs milliers d’eurosUn sentiment partagé par d’autres gérants de commerce de cette même rue, mais qui perçoivent cette difficulté concernant les loyers « Ça fait deux mois que je suis implanté ici et j’ai la clientèle parfaite dans la rue la plus fréquentée du centre-ville. Avant, j'étais au passage Amirauté, je ne payais rien, mais je n’avais pas de client.
L’emplacement est primordial, mais c’est vrai que ce que je paye ici, c’est démesuré
Les prix sont devenus de moins en moins abordables. Avant je payais 300-400 €, là, il faut rajouter un zéro », souligne Leila Gouirand, gérante du concept store Le Monde de Lélé. Les zones les plus prisées voient les prix s’envoler, avec des loyers atteignant parfois plusieurs milliers d’euros pour quelques dizaines de mètres carrés. Cette situation crée un paysage commercial contrasté, où la réussite côtoie la difficulté.
Anthony Huet, photos Renaud Baldassin