"Enfin un homme sensé" : Michel Barnier, Premier ministre en France... et rock star au Royaume-Uni
Outre-Manche, les réactions ne se sont pas fait attendre. Il faut dire qu’au Royaume-Uni le nom de Michel Barnier n’est pas seulement connu de tous, il véhicule une certaine aura. Négociateur européen du Brexit pendant quatre ans, son visage s’est imprimé dans les consciences britanniques.
Avec le temps, la bête noire des "Brexiteurs" a même su gagner l’estime de tout un pays, et finalement des conservateurs eux-mêmes, notamment par ses qualités que l’on aurait pu qualifier de typiquement britanniques : la courtoisie, la modération, la pointe d’ironie, la rigueur intellectuelle et le sérieux. Qualités dont de nombreux négociateurs et politiciens anglais manquaient, en commençant par le Premier ministre Boris Johnson et le leader d’extrême droite Nigel Farage, histrions paresseux et populistes.
Même les tabloïds britanniques comme The Sun, connus pour leur hargne parfois cruelle, ne l’ont jamais insulté comme ils avaient pu le faire avec une autre figure française de l’Union européenne, Jacques Delors, à qui ils avaient dit "d’aller se faire foutre" à la une, en 1990. The Sun a certes traité un Barnier de "cocky", autrement dit "arrogant", mais rien de très méchant pour un tabloïd anglais.
"Enfin un homme sensé"
A l’annonce de sa nomination, les commentaires de citoyens britanniques sur X en disent long sur la réputation du Français : "Anglophile à la patience d’ange qui a vraiment essayé de nous comprendre", "Enfin, un adulte en charge !", "Un type décent qui va faire du bon boulot, j’aimerais bien qu’il soit député chez nous", "le type est réfléchi et lucide", "Sage décision", "Enfin, un homme sensé." Certains se souviennent même avec nostalgie du refrain souvent entonné par Michel Barnier pendant les négociations du Brexit : "The clock is ticking !" Ils avaient aussi adoré quand Barnier avait traité Boris Johnson et son équipe en charge du Brexit de "boucaniers".
Le quotidien The Times a rappelé cependant à ses lecteurs que les Français ne le considèrent pas forcément de la même manière : "Barnier s’est montré avec nous comme un Gaulliste courtois et pugnace, mais en France son image est celle d’un homme un peu trop doux, voire mou." Toujours est-il que les médias britanniques, de droite comme de gauche, s’accordent pour conclure que si Michel Barnier a pu mener à bien le cirque que furent les négociations du Brexit, il a toutes les qualités requises pour réussir l’impossible, à savoir gouverner une France divisée et un Parlement sans majorité…