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"Macron piétine les résultats des urnes" : que pensent les députés du Puy-de-Dôme de la nomination de Michel Barnier ?

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Un "mépris des urnes" selon Marianne Maximi (LFI), "un gouvernement qui va dépendre de la bienveillance du RN" pour Nicolas Bonnet (EELV), une "coalition des perdants" pour Christine Pirès-Beaune (PS)... Les quatre députés de gauche du Puy-de-Dôme se montrent très critiques à l'égard de la nomination de Michel Barnier comme Premier ministre. Seule Delphine Lingemann (MoDem) s'en satisfait, jugeant que "Michel Barnier est un homme de consensus, un homme d'État et d'expérience". Leurs réactions.

Marianne Maximi (La France Insoumise)

"Je suis en colère. Macron piétine les résultats des urnes. Dans toute démocratie, la force arrivée en tête des élections tente, et peut-être échoue certes, de constituer un gouvernement. Macron a fait tout l'inverse. Il a mis 50 jours pour choisir un Premier ministre issu d'un parti qui a perdu la dernière élection, c'est inédit dans une démocratie. Toute la séquence, depuis la dissolution, est catastrophique et dangereuse. C'est le mépris des urnes. Pour dégoûter les gens de la vie démocratique, on ne peut pas s'y prendre autrement."

La personnalité de Michel Barnier ? C'est un néolibéral, avec un côté réactionnaire car il se classe à droite de la droite sur l'immigration et les sujets sociétaux. On va évidemment proposer une motion de censure dès le retour à l'Assemblée, et on appelle dès samedi à se mobiliser en masse dans la rue pour mettre une pression populaire.

Christine Pirès-Beaune (Parti socialiste)

"Je ne suis pas surprise, je n'ai jamais cru qu'Emmanuel Macron nommerait quelqu'un issu du Nouveau Front populaire car cela aurait signifié un changement de cap et de politique, ce qu'il ne souhaite pas. Quelque part, si je voulais faire un trait d'humour, je me dis dommage que la droite n'ait pas gagné les législatives car il aurait nommé un Premier ministre de gauche..."

C'est un sacré bras d'honneur aux électeurs du NFP, qui ont dit non à la politique de Macron, et à ceux du RN. C'est un déni démocratique, ça va à l'encontre de ce qu'il s'est passé aux élections. C'est finalement la coalition des perdants, avec un groupe LR qui ne compte même pas 50 députés.

"Tout cela est dangereux car les électeurs doivent se dire tout ça pour ça... Michel Barnier ? Oui, il a la stature d'un homme d'État, il a l'expérience, mais c'est un conservateur. Je me souviens qu'en 1982, il avait voté contre la dépénalisation de l'homosexualité et je ne sais pas ce qu'il en pense aujourd'hui. Il ne veut pas abroger la réforme des retraites et il voulait même aller plus loin. Il y aura une motion de censure, que je voterai, car ce choix veut clairement dire : on prend les mêmes et on recommence."

Delphine Lingemann (MoDem)

"Je suis soulagée que la France ait enfin un gouvernement, il fallait sortir de cette crise institutionnelle, de cette impasse."

Michel Barnier est un homme de consensus, un homme d'État et d'expérience. De tous les candidats annoncés, je pense que c'est le seul qui ne sera pas censuré à l'Assemblée nationale. C'est aussi le plus régional des candidats (il fut député et sénateur de la Savoie, NDLR), ce qui peut compter pour faire avancer des dossiers comme le Paris-Clermont ou Gergovie et en ce sens, ce choix est une bonne nouvelle pour notre région.

A propos de la gauche qui dénonce un mépris du résultat des urnes : "La gauche est arrivée en tête, et nous avons sauvé les meubles, parce qu'il y a eu le front républicain, il ne faut pas l'oublier comme il ne faut pas oublier que onze millions d'électeurs ont voté RN. Ce qui compte aujourd'hui, qu'importe l'étiquette, c'est d'avoir un Premier ministre qui fera consensus à l'Assemblée nationale. Je suis dans la construction, pas dans le blocage. J'ai envie de retourner au travail pour faire entendre la voix des électeurs."

Nicolas Bonnet (Europe Ecologie les Verts)

"Ce choix s'inscrit dans une continuité. Depuis sept ans, Macron mène une politique de centre droit. Il choisit un Premier ministre issu du plus petit bloc à l'Assemblée nationale, des élus Les Républicains qui n'ont pas été placés en tête par les Français aux législatives. Ça ne correspond pas à ce que les électeurs attendent."

C'est un gouvernement qui va désormais dépendre de la bienveillance du Rassemblement national, s'il ne veut pas tomber. C'est quand même particulier de se mettre entre les mains du RN !

"Michel Barnier ? C'est la droite. Mais la question n'est pas tant la personne choisie chez LR, le projet politique n'est pas celui du Nouveau Front populaire, il n'est pas celui plébiscité par les électeurs. Macron a choisi de ne pas écouter le vote des Français. On ne sait pas qui déposera une motion de censure mais dans ces conditions, oui, je la voterai."

André Chassaigne (Parti communiste)

"Le président de la République sort enfin de son chapeau un Premier ministre à la suite d'échanges durant lesquels son nom n'a jamais été avancé."

Au regard des engagements politiques de Michel Barnier, toujours marqués par ses fortes convictions conservatrices, il est fort vraisemblable qu'il ne prendra pas en compte les trois lignes rouges que nous avons tracées, demandant de revenir sur la réforme des retraites, d'augmenter le Smic et les salaires, de présenter un budget de développement des services publics.

"Pour qu'il y ait discussion de la motion de censure, que je voterai, il faut une ouverture de session. Mon groupe demande donc la tenue d'une session extraordinaire avec déclaration de politique générale."

Propos recueillis par Arthur Cesbron

Photos Richard Brunel et Marion Boisjot