"On est débordés, ça n'arrête pas" : à 250 € de moins les 1.000 litres, les livreurs de fuel croulent sous les commandes
Vous cherchez à contacter un livreur de fioul ces jours-ci?? Un conseil : armez-vous de patience. Quand la tentative ne débouche pas sur une messagerie vocale, une musique d’attente viendra le plus souvent vous chatouiller le creux de l’oreille pendant une, deux, trois (?) minutes, le temps que l’appel aboutisse enfin. Et encore, la lumière ne jaillira pas forcément à la sortie du tunnel.
« On est totalement débordés, ça n’arrête pas. On ne pourra pas répondre à vos questions, c’est juste pas possible », lâche par exemple la secrétaire d’une société spécialisée du Puy-de-Dôme, avant de raccrocher illico.
Partout, le même constat, la même frénésie. L’entreprise Cadiot et Fils, basée près de Brive-la-Gaillarde (Corrèze), chiffre la hausse des commandes à « 30 %, peut-être même plus, par rapport à une fin d’été habituelle ». Les chauffeurs, qui livrent dans un rayon de 30 kilomètres, enchaînent les journées à rallonge – « souvent de 7?h?30 à 18?h?30 » – pour tenter de satisfaire la demande.
À 1,15 € le litrePlus au nord, dans la Nièvre, les deux camions-citerne des Établissements Zaworski tournent eux aussi à plein régime. « On fait une vingtaine de livraisons par jour, explique-t-on à l’accueil. Les gens appellent beaucoup plus, et pour des quantités supérieures. Un client qui nous prend d’habitude 500 litres va en commander 1.000 d'un coup. Il faut s’adapter?! »
Photo d'illustration Pascal Proust
L’accélération subite des commandes, alors que l’hiver est encore à distance respectable, s’explique sans surprise par la baisse des tarifs, largement indexés sur les cours du baril de Brent, comme pour les carburants routiers.
D’après le site prixfioul.fr, qui publie des données actualisées chaque mardi, les 1.000 litres de fioul domestique coûtaient en moyenne 1.150 € en France ce 3 septembre. À titre de comparaison, il fallait débourser 1.209 € le 9 juillet pour une quantité identique, 1.271 € le 13 février. Le recul est encore plus important sur un an : mi-septembre 2023, on naviguait encore légèrement au-dessus de la barre des 1.400 €. De quoi permettre, aujourd’hui, un gain d’environ 250 € sur la facture finale. Appréciable.
« On est revenus à des niveaux acceptables, sachant que de légères disparités subsistent d’une région à l’autre. Plus vous êtes proches d’un point d’importation ou de raffinage, moins ce sera cher », souligne Frédéric Plan, délégué général de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C).
Le spécialiste pointe au passage un autre facteur favorisant la ruée actuelle : « L’hiver dernier n’ayant pas été très rigoureux, beaucoup de clients qui se chauffent au fuel n’ont pas fait de réapprovisionnement en cours de saison “froide”, comme cela arrive parfois. Ils se retrouvent donc aujourd’hui avec des cuves vides, ou presque, et doivent refaire le plein. »
Cette ruée a créé des tensions ponctuelles sur les stocks à la fin du mois d’août. « Nous avons dû procéder à des décalages de livraison pendant quelques jours, le temps de nous ajuster. Mais le problème est réglé », assure Frédéric Plan.