Ruée sur le fioul : pourquoi les livreurs cantaliens sont débordés ?
Avec une vingtaine de clients à voir, la journée s’annonce longue pour Sébastien, livreur de fioul chez Auvergne Carburants depuis sept ans. « C’est vrai qu’en ce moment, c’est un peu le rush », confie-t-il. Depuis le 15 août, les fournisseurs sont confrontés à une hausse significative des commandes et la cadence n’est pas toujours facile à suivre.
« C’est un événement inattendu. La dernière fois que j’ai eu autant de commandes pour un mois d’août, c’était en 2008, révèle Philippe Serieys, directeur d’Auvergne Carburants. Généralement, les livraisons pour du fioul de chauffage ne reprennent qu’au mois de septembre, voire en octobre. Cette situation nous met un peu dans l’embarras, car beaucoup de chauffeurs sont en vacances à cette période, d’ordinaire plus tranquille. »
Le plus bas niveau depuis un anL’une des explications est à chercher du côté du prix : 1,10 € pour un litre de fioul et 1,15 € pour un litre de superfioul, soit le plus bas niveau depuis plus d’un an. En cause, un prix du baril de pétrole globalement stable et une demande relativement faible au cours des derniers mois. « Le marché est à la baisse, en particulier depuis le début de l’été, les clients souhaitent profiter de cette opportunité », affirme Philippe Serieys.
Chez Leclerc fioul Aurillac, le constat est similaire : « Par rapport au mois d’août de l’année dernière, on enregistre une baisse du prix de 15 % à 17 %, c’est significatif pour les clients », explique Nathalie Gard, responsable du service fioul chez Leclerc Aurillac. Elle nuance néanmoins le caractère exceptionnel de la situation, rappelant que la fin de l’été est souvent une période de reprise d’activité du fait d’un prix moins élevé qu’à l’automne.
Outre le prix, Philippe Serieys évoque une « conjoncture géopolitique incertaine, notamment au Moyen-Orient », qui pourrait, selon lui, inciter les utilisateurs de fioul à se réapprovisionner de peur que les prix repartent à la hausse.
20.000 à 25.000 litres par jourSi quelques-uns de ses collègues sont encore en vacances, Sébastien, lui, a repris à plein régime. « Avec les congés, on est en effectif plus réduit, donc les journées sont assez chargées, souffle le livreur. En ce moment, je livre une vingtaine de clients par jour. Cela représente entre 20.000 et 25.000 litres de fioul. » Sébastien ne déplore pas de problèmes particuliers au niveau des délais de livraison, d’autant plus qu’à cette période, estime-t-il, « il n’y a pas particulièrement d’urgences, les clients ne sont pas en panne, ils remplissent leur cuve en prévision de l’hiver ».
Au cours de sa tournée, Sébastien s’arrête chez Daniel Heendrickxen. Comme bon nombre de Cantaliens, il a remarqué la baisse du prix des différents carburants. Et s’il est plutôt un adepte du réajustement de stock en fonction du cours du fioul, l’opportunité était trop belle :
Je vais profiter des prix bas pour faire le plein.
Pour sa deuxième livraison annuelle, le Jussacois a commandé 838 litres de superfioul pour un montant de 969,40 €. De quoi passer une bonne partie de l’hiver au chaud s’il n’est pas trop rigoureux.
Serge, le prochain sur la liste, est, quant à lui, un habitué des commandes anticipées. Mais cette année, il s’est approvisionné encore plus tôt qu’à l’accoutumée de peur que les prix remontent.
Dans le Cantal, près d’un quart des logements sont encore chauffés au fioul domestique, contre un peu plus de 10 % au niveau national en 2023.
Baptiste Champ