Bistrots de campagne : à Meaulne, les deux beaux-frères ont changé de vie
On vous prévient tout de suite : si vous passez un jour à l’Auberge du cheval blanc, à Meaulne, ne vous attendez pas à voir un équidé siroter un demi-pêche ou un rouge limé. C’est une légende. Il y a bien eu autrefois une statue représentant cet animal aux prétendus pouvoirs divins mais les deux gérants n’en ont jamais vu la trace. Même pas un sabot !
Rien d’étonnant car Flavien Vayer et Julien Crespo n’occupent les lieux que depuis le 1er avril 2022. Ce n’est pas une blague, les deux beaux-frères ont repris avec enthousiasme cet établissement emblématique de Meaulne qui, au début des années 60, était tenu par Monsieur et Madame Cottier et faisait à la fois hôtel-restaurant et bistro.
Les footballeurs en avaient fait leur quartier général. Avant et après les matchs, tous prenaient plaisir à se retrouver "Chez Coco" pour préparer et débriefer les rencontres. L’Auberge du cheval blanc était aussi fréquentée par les amateurs de rugby. C’est là que les anciens suivaient le Tournoi des cinq nations. À cette époque, tous les foyers n’avaient pas encore la télévision.
Presque tout le temps ouvertCe jour-là, la télé est branchée sur RFM TV. C’est une matinée tout en musique à l’Auberge du cheval blanc. "On passe souvent les matchs du foot", précise Julien Crespo. "On était aussi à fond sur les JO. Dès fois, on met les infos."
L’établissement est "officiellement ouvert" du 7 h 30 à 19 h 30. Julien Crespo est du matin, Flavien Vayer prend la succession. Les deux beaux-frères travaillent quelques heures en commun. "On n’a pas un seul jour de fermeture, sauf le dimanche après-midi."
Entre 10 et 11 heures, temps de notre reportage, il ne s’est bu que des cafés ou presque. Il a fallu attendre 10 h 45, pour qu’un client daigne enfin commander une bière. Entre le tabac-presse, les jeux et le bar, Julien Crespo n’a pas chômé en cette matinée où la fréquentation a été plutôt bonne. Il faut dire que l’endroit où se situe le bistrot ne manque pas d’atouts. En bordure de la très passagère départementale D 2144 (ancienne RN 144), il voisine avec le Vival et la boulangerie.
"On n’a pas tant que ça de clientèle passagère", tempère Julien Crespo. "Ce sont principalement des gens du coin. Meaulne est un très joli village mais il n’est pas touristique comme Hérisson." Les plus fidèles, ceux qui viennent presque tous les jours, sont souvent là tôt le matin comme Isabelle, aide-soignant et voisine d’Urçay, ou encore Christian, Christine et Jean-Paul, les locaux de l’étape. Tous ont noué des relations amicales avec les gérants.
Hervé, un habitant de Meaulne, s’est installé avec son malinois, Paya, sur la terrasse pour boire son café. "Je suis là presque tous les jours. Pour promener le chien. Et moi, ça me promène aussi !"?
Flavien Vayer (à droite) et Julien Crespo sont co-gérants de l’Auberge du cheval blanc.
Derrière le comptoir
En avril 2022, Flavien Vayer, un enfant du pays, et Julien Crespo, qui vit dans la banlieue parisienne, décident de reprendre en co-gérance l’Auberge du cheval blanc. Un projet familial pour ces deux quadragénaires qui sont beaux-frères."Moi, je suis à sept minutes à pied du travail. Lui, à trois minutes", sourit Julien Crespo qui ne regrette pas une seule seconde "ce changement de vie". "On a été très bien accepté par la population", acquiesce Flavien. "On a développé le commerce en proposant de nouveaux produits avec une amplitude horaire plus importante. C’est l’avantage d’être deux." "On fait tout pour que cela fonctionne. Je pense que les gens de la commune sont contents de voir que le commerce tourne bien."
Théophile et Romain, en vacances dans la région, ont choisi la terrasse extérieure pour boire leur café.
Devant le comptoir
Isabelle, Urçay. "Je suis seule aujourd’hui mais d’habitude je viens avec des amis. Je viens ici plusieurs fois par semaine pour le tabac et les journaux car il n’y a plus rien à Urçay. C’est très convivial, on se connaît à peu près tous."Romain, Marie et Théophile, Clermont-Ferrand. "On ne connaissait pas l’endroit", dit Romain. "En fait, on est vacances une semaine en famille à Vallon-en-Sully. On s’est arrêté à la boulangerie et au Vival parce qu’on avait besoin de jambon et de melon. C’était pour nous l’occasion de boire un café. On aime bien ça, c’est mieux qu’à la maison."Christian, Christine et Jean-Paul, Meaulne. "Tous les matins, je suis là de 8 à 10 heures pour boire mon café", dit Christian. "Ce que j’aime, c’est retrouver les copains autour d’une bonne table." "Mon ex-femme a géré le bar", témoigne Jean-Paul. "Les deux gérants sont très sympathiques, on passe toujours un bon moment."
Fabrice Redon