Cohabitation à une tête
Aucun panache de fumée blanche n’a filtré, hier, des coursives d’un palais de l’Élysée que les fumigations intellectuelles de son locataire semblent avoir transformé en cocotte-minute, depuis la dissolution du 9 juin. Après les chefs à plumes des principales forces politiques, ce sont les figures totémiques que le chef de l’État a consultées, hier : des vaches sacrées, des électrons libres frayant en marge des disciplines d’appareil. S’agit-il de l’audit du désespoir, en mode “chasse au dahu”, pour extraire de cet aréopage de profils qualifiés la figure providentielle susceptible d’immuniser la fin de quinquennat contre l’inévitable déflagration de shrapnel des motions de censure ? Ou bien le chef de l’État cherche-t-il dans cette consultation le quitus des voix qui comptent, pour adouber ce fameux “profil technique”, à la matrice consensuelle, suspect d’être réduit à la gestion des affaires courantes jusqu’en 2027 ? Hier soir, c’est le scénario qui tenait la corde, au crépuscule d’une séquence qui préfigure, dans tous les cas, une réécriture de la cohabitation. Une cohabitation dévitalisée de sa substantifique essence, où non pas deux, mais une seule des deux têtes décide.
l’éditorial
Sébastien Couratin