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Сентябрь
2024

Dans le Puy-de-Dôme, une maison médicale accompagne les adolescents atteints d'obésité sévère

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À l’orée des bois où démarrent les premiers sentiers de randonnée de la Bourboule, l’agitation perturbe le calme environnant. Une grande maison de caractère vient d’ouvrir ses portes à une douzaine d’adolescents. L’heure de regagner les bancs de l’école n’a pas encore sonné, mais eux enchaînent les rendez-vous médicaux afin de faire un état des lieux de leurs conditions de santé.

Filles et garçons, ils ont entre 12 et 15 ans, viennent de la région parisienne, du Tarn, du Mont-Dore, veulent devenir agent immobilier, tatoueur, cuisinier, chanteur, mais souffrent de la même pathologie : l’obésité sévère.

Le dernier stade de prise en charge de l'obésité

Ils sont venus pour se faire soigner ensemble, pendant minimum trois mois, au sein d’une structure comme il en existe peu en France. Mickael Dufernez, le directeur du centre, détaille : « En plus des courts séjours sur le temps des vacances scolaires, notre maison propose des soins sur des périodes de trois mois renouvelables. Il s’agit du dernier stade de prise en charge de l’obésité, avec les hôpitaux de jour. »

À la différence près que les enfants soignés à Tza Nou ne sont pas scolarisés au sein de la structure, mais intégrés dans le collège et le lycée environnants. Cette rentrée peut être une source d’angoisse, notamment en raison du harcèlement qu’ils ont pu subir à l’école, et qui entraîne parfois des difficultés. Julie Masurier, médecin nutritionniste à Tza Nou, développe :  « Quand on est persécuté en permanence, cela altère les capacités de réussite. D’autant plus que certains troubles du neuro-développement, comme la dyslexie, sont liés à l’obésité. »

Pas la vraie vie, un microcosme

Les séjours durent initialement trois mois, mais peuvent être renouvelés en cas de besoin. Enzo, qui passe en troisième, était déjà venu lors des vacances de Pâques. Il confie : « J’espère pouvoir rester toute l’année ici pour passer mon brevet tranquillement. »

Julie Masurier temporise :  « L’idéal selon les recommandations, c’est que le séjour soit le plus court possible, parce que ce centre reste un microcosme, ce n’est pas la vraie vie. » Les quinze premiers jours du séjour permettent aux enfants de se préparer aux semaines qui les attendent. La médecin poursuit :

Il faut qu’ils comprennent qu’ils doivent renoncer à une perte de poids importante, qui serait contre-productive.

À Tza Nou, pas de restrictions alimentaires ni de sport à outrance, mais des méthodes de soins douces, qui permettent la mise en place d’habitudes sur le long terme à la sortie du centre.

Les premiers jours sont aussi l’occasion pour les jeunes de rencontrer l’équipe d’éducateurs spécialisés qui s’occupent d’eux au quotidien. Manuel Perpere travaille à Tza Nou depuis 23 ans, et devient le temps d’un séjour le référent des jeunes, des repas pris avec eux aux parties de loups-garous animées, en passant par les conseils de classe auxquels il assiste. La douzaine d’enfants apprend aussi à s’apprivoiser les uns les autres. Elles ne se connaissent que depuis deux jours mais Lana et Célia, 13 ans, semblent déjà inséparables. Une entente qui sera bénéfique pour les deux jeunes filles. Selon le directeur du centre, « en étant soudées, ces jeunes feront front ensemble à leur pathologie. »

Comment soigner l'obésité ? L’obésité est une maladie chronique, dont la prise en charge a évolué au fil du temps. Auparavant, les régimes restrictifs et l’interdiction d’aliments plaisirs étaient privilégiés. « On sait désormais que cela est dangereux pour le corps, avec des risques de carences et de reprises de poids rapides », indique Julie Masurier, médecin nutritionniste. À Tza Nou, les jeunes apprennent à intégrer l’activité physique à leur quotidien et à instaurer un cadre de vie clair. La médecin rappelle en effet que « dans 95 % des cas, l’obésité est polygénique. » Cela confère aux sujets une susceptibilité accrue à développer la maladie, si des facteurs notamment liés à leur environnement, la favorisent.

Marie-Camille Chauvet