Entre l'offre et la demande, comment la pénurie des maisons à louer entraîne une hausse des loyers sur Brive
« À louer » : Il est bien difficile de trouver des maisons en location à Brive et dans ses alentours. En juillet, l’Observatoire de l’immobilier alertait dans son dernier rapport sur les difficultés du marché locatif en Corrèze et en particulier à Brive. En cette rentrée, le constat est sans appel, les biens en location et notamment les maisons se font rares.
« Une cinquantaine d’appels par jour »« On ne prend plus la peine ni de mettre les panneaux d’annonce sur les maisons, ni de les publier sur internet, sinon on reçoit une cinquantaine d’appels par jour pour une seule offre », constate Rodolph Guillon, agent immobilier à La Forêt. Tous les spécialistes font le même constat, les maisons en location ne restent que très peu de temps dans leurs fichiers. « Quand un bien rentre, on a déjà une liste de clients potentiels dans notre base de données. On les rappelle quand l’offre leur correspond », poursuit Rodolph Guillon.
Les futurs locataires se jettent sur le moindre bien qui apparaît sur le marché. La plupart des agences brivistes possèdent moins de dix maisons ouvertes à la location. Dans l’agence Orpi de Marie-Pierre Coutan, il ne reste même plus que deux maisons à louer.
La rareté faisant le prix, le loyer moyen a augmenté à 8,51 euros le mètre carré, une maison se loue, aujourd’hui, entre 800 et 1.000 euros. Certains bailleurs n’hésitent pas à en profiter. « Les propriétaires mettent leurs logements à des prix, parfois, très élevés, on essaye de les raisonner, mais force est de constater que le bien est tout de suite loué », observe Alicia Radic, de l’agence Reparat.
Un vrai parcours du combattantPour les locataires, trouver une maison ressemble à un vrai parcours du combattant. Le premier point noir : la hausse des taux d’intérêt. Les potentiels acquéreurs ne peuvent plus se permettent d’acheter une maison. Conséquence, ils restent plus longtemps dans leur logement en location, et moins de biens rentrent dans les fichiers de la location. Pour Marie-Pierre Coutan, professionnelle de l’immobilier depuis 28 ans à Brive, cela va même plus loin : « Le marché du travail est plus instable depuis quelques années, donc les locataires préfèrent rester dans leur résidence en location plutôt que de prendre le risque de le quitter et de ne pas obtenir de crédit de la part des banques. »
« La Loi Climat et Résilience a aussi eu des conséquences, les propriétaires qui avaient des logements dits « passoires thermiques » avec un DPE indiquant F ou G, ont préféré revendre plutôt que d’investir 60.000 euros dans la rénovation de leurs propriétés »
Pour rappel, cette loi, promulguée en 2021, interdit à la location, les logements affichant une étiquette F ou G. Elle a fait basculer un certain nombre de logements du marché locatif à celui de l’acquisition.
Effet AirbnbUn nouveau problème est apparu dans le paysage briviste depuis quelques années, comme l’indique Stéphanie Teixeira de l’agence Reparat : « De nombreux bailleurs ne s’embêtent plus à passer par les réseaux de location traditionnels, ils se sont laissés tenter par Airbnb, certains d’entre eux ont même fait partir leurs locataires pour pratiquer de la location courte durée grâce à cette plateforme. »
Selon les chiffres d’Air DNA qui analyse chaque jour les données de Airbnb, le nombre de logements sur la plateforme a augmenté de 21 % sur les trois dernières années à Brive. Ce retrait du marché traditionnel d’une partie des biens locatifs a accentué la pénurie des maisons en location. Les propriétaires espèrent profiter de « la niche fiscale » qu’est Airbnb pour percevoir plus d’argent.