Devoir de vacances
Les vacances imposent-elles la vacance de l’esprit ? Autant profiter de ce répit estival pour moissonner les sillons de sa bibliothèque. Sous le soleil d’août, votre serviteur y a passé sa charrue. Lectures par les champs et par les grèves (retrouvez ici les épisodes précédents)…
Le virus de l’analphabétisme contaminant aujourd’hui, comme l’on sait, des pans entiers de la population autochtone, la parution, en mai dernier, d’un Cahier des amoureux de la langue française sous les auspices de la maison Gallimard, participe de la lutte contre ce fléau national.
Ne m’estimant pas plus épargné que mes compatriotes par ce problème de santé publique, je me suis risqué, entre deux cuissons sur le four azuréen, à tester l’état de mon système immunitaire : prises matutinalement à doses homéopathiques, les quelque cent-cinquante exercices de bon usage de la langue tels que proposés par l’excellente Karine Dijoud, professeur de lettres classiques certifié, comme on dit, ne m’auront certes pas prémuni de façon absolue contre le risque du déficit orthographique, de la carence terminologique ou de l’insuffisance syntaxique. À tout le moins cet opuscule plaisant et roboratif m’aura-t-il procuré, le temps d’un été, les orgueilleuses blandices de n’avoir pas eu tout faux.
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À l’approche de l’arrière-saison et avant la rentrée des classes, il est encore temps, et je vous le recommande, de vous colleter de bon gré avec les problèmes réunis dans les 80 pages de ce devoir de vacances ludiquement concocté sous forme de charades, de tableaux ou de propositions à compléter, de définitions soumises à votre entendement, etc. Ô ivresse d’écrire sans confusion le joli mot de « miscellanées » ; de ne pas se mélanger les pinceaux entre les verbes conjugués au futur simple ou au conditionnel présent ; de jouer au correcteur d’orthographe dans tel extrait – truffé de coquilles – de Chagrin d’école, le roman de Daniel Pennac ; de fouiller dans sa mémoire pour retrouver les termes « gandin », « babillard » ou « carabistouille » ; de savoir se garder des anglicismes « spoiler », « live » ou « followers » pour leur préférer « divulguer », « direct » et « abonnés » ; de ne point confondre « adhérent » et « adhérant », « différent » et « différant », « excédent » et excédant » ; de connaître le sens des vocables « androcratie » et « oligocratie »… Exemples entre cent… – avec s ou sans s ? – de ce savoureux viatique de la bonne langue, constellé de difficultés inégales, et dont les sentes se débroussaillent sans ordre, à la faucille du caprice et de la baguenaude – indispensable outil de prévention contre la pandémie galopante de l’illettrisme.
À lire : Le cahier des amoureux de la langue française, par Karine Dijoud. Gallimard, 2024.
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