Entre les tombes, "c'est la jungle !" : ce cimetière de Clermont-Ferrand est encombré par la végétation

"C’est la première fois que je vois le cimetière de Montferrand comme ça…" Christelle sait de quoi elle parle. Elle se rend souvent au cimetière depuis le décès de son père, en novembre 2022. À première vue, le cimetière de Montferrand, à Clermont-Ferrand, n’a rien d’exceptionnel. Seulement, quand on y pénètre, il ne faut pas aller bien loin pour comprendre que le problème qui irrite Christelle concerne l’entretien. Au détour d’une allée, des plantes qui courent le long des stèles. Par terre, les herbes poussent dans les fissures du goudron. Plus on s’enfonce dans le cimetière, plus il devient compliqué d’accéder aux tombes.

"On essaye de contenir cette végétation"

Christelle n’est pas la seule à exprimer son mécontentement. Sur les réseaux sociaux, les photos et les commentaires pleuvent. Sur place, elle l’affirme : "Parfois, je croise des personnes qui se recueillent les matins. Elles ne sont pas satisfaites de l’entretien." "C’est la jungle, c’est Koh-Lanta ! reprend Stéphane, le frère de Christelle. Ce n’est pas un endroit qu’on a envie de trouver dans cet état." Une situation désolante pour le frère et la sœur.

En pratique, "l’entretien des allées communes du cimetière (allées principales, secondaires et entre les tombes) incombe à la collectivité (1). Pour les concessions, l’entretien revient à la famille", explique Amina Essabir, directrice relations usagers et transformation digitale. Elle chapeaute le pôle funéraire de la Ville. L'entretien des tombes revient aux familles ; celui des parties communes (allées principales, secondaires et entre les tombes) revient à la collectivité. Photo Fred Marquet

"Esthétiquement, cette végétation peut étonner, interloquer", observe la directrice. Les raisons d’une telle propagation ? Elle donne des éléments de réponse : "La première, la météo. Nous avons eu une année exceptionnelle en termes de pluviométrie avec beaucoup de végétation après. Nous n’avons pas pu anticiper cela. Ensuite, depuis 2012, la Ville a réduit puis stoppé l’utilisation des produits phytosanitaires (2). Cela implique donc que le désherbage est devenu mécanique, à la main, ou avec des outils électriques, rendant l’exercice plus long", répond-elle. La directrice coupe court :

"On ne peut pas parler d’abandon, ce lieu n’est pas délaissé, loin de là."

Amina Essabir l’affirme. "On essaye de contenir cette végétation. Mais là où les végétaux ne sont pas censés être, nous allons les enlever au fur et à mesure." Traduction : les allées bouchées par les herbes seront, à terme, dégagées. "Cette année, c’est exceptionnel, car il y a eu trop de pluie", souligne-t-elle.

Vers une végétalisation du cimetière

En revanche, voir moins de gris et plus de vert dans les cimetières est une volonté de la Ville. Par exemple, remplacer des bouts de goudron par de la pelouse. Le cimetière de Montferrand se "végétalisera", comme les trois autres (Crouël, Saint-Jacques et les Carmes, NDLR). "De manière structurée", précise la directrice des relations usagers. "Il faut apprendre à changer notre regard avec le respect de nos ancêtres. Nous avons besoin de biodiversité." 

Pour preuve, elle évoque une réponse du panel d’usagers qui donnera son avis sur le futur des cimetières clermontois.

"Quand on leur demande 'Pour vous, qu’est-ce qu’un cimetière propre ?' La réponse est : 'un cimetière bétonné'".

Mais la directrice des relations usagers ne sous-estime pas pour autant le mécontentement des proches des défunts. "Je sais que c’est un lieu sensible, j’entends les retours des familles."

(1) L’article L 2213-9 du Code général des collectivités territoriales indique : "Sont soumis au pouvoir de police du maire le mode de transport des personnes décédées, le maintien de l’ordre et de la décence dans les cimetières, les inhumations et les exhumations […]"

(2) Depuis le 1er janvier 2017, la loi Labbé interdit aux collectivités l’usage de pesticides chimiques sur les espaces verts, les forêts ou les voiries.

Texte : Adrien Fillon ; Photos : Fred Marquet