Marianne Denicourt “blacklistée” ? L’actrice revient sur ses accusations contre Arnaud Desplechin
À la lumière de #MeToo, après plusieurs tentatives infructueuses, Marianne Denicourt revient sur son combat pour se réapproprier sa vie privée. L’actrice reproche au cinéaste d’avoir exploité des éléments douloureux de sa vie privée et de leur vie commune. Nora, la protagoniste de Rois et Reine (Desplechin, 2004), traverse des événements très similaires à ceux qu’a vécus Marianne Denicourt (la mort accidentelle d’un premier mari, le décès d’un père malade), mais ceux-ci auraient été transformés par endroits de façon féroce : un suicide pour le mari ou encore un testament sous forme de lettre assassine que le père de Nora laisse à sa fille (“Je te hais. […] Je voudrais que tu meures à ma place”).
L’actrice a été soutenue par plusieurs personnalités, parmi lesquelles Emmanuelle Béart et Juliette Binoche à qui il avait transmis le scénario pour leur proposer le rôle de Nora et qui l’avaient refusé. Elle a également pu compter sur son ancien compagnon Daniel Auteuil et sur la sœur du cinéaste, l’autrice Marie Desplechin, qui déclare : “C’était une profanation. Mon frère avait ouvert les tombes de son mari et de son père.”
Avec la journaliste Judith Perrignon, Marianne Denicourt avait écrit en 2005 un livre très mal reçu par la critique, Mauvais génie, dans lequel elle crée à son tour un personnage de cinéaste pervers directement inspiré de l’intéressé, nommé Arnold Duplancher.
L’après-Desplechin
En 2006, elle poursuit le réalisateur en justice pour “atteinte à la vie privée”. Elle perd, le tribunal estimant que l’œuvre de Desplechin, même si elle s’inspire largement de sa personnalité et de son histoire, relève d’une œuvre de fiction ne pouvant être réduite à ces faits réels. La plainte déposée contre elle par Why Not Productions (la société de production de Rois et Reine et de presque tous les films de Desplechin) est classée sans suite.
Marianne Denicourt, dont la carrière s’est considérablement ralentie depuis cette affaire, affirme s’être vue, après ces accusations, disparaître peu à peu des écrans et y voit une sanction. Seuls deux cinéastes l’ont régulièrement sollicitée depuis une quinzaine d’années : Thomas Lilti (pour Hippocrate en 2014 et Médecin de campagne en 2016) et Claude Lelouch (pour trois films dont le troisième, intitulé Finalement, sort prochainement). Sollicité par le magazine Elle, Arnaud Desplechin a préféré ne pas commenter.