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Август
2024

Ses brebis tombent malades et meurent : la fièvre catarrhale fait des ravages en Haute-Loire

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«Il y a du fourrage en abondance, les agneaux se vendaient bien jusqu’à présent, on pensait pouvoir tabler sur une bonne année », constate tristement Jean-Claude Reynaud. L’enthousiasme de l’éleveur ovin de 58 ans à Saint-Paulien s’est mué en découragement. Depuis quelque temps, son petit élevage de brebis Noires du Velay enregistre des pertes conséquentes. En dix jours, une trentaine de bêtes sont mortes (autour de trois par jour), le plus souvent en 24 heures. Sur un cheptel de 180 mères, « c’est violent », assure Jean-Claude Reynaud, la gorge nouée. En cause, un moucheron piqueur du genre Culicoïde qui transmet aux ovins la FCO, la fièvre catarrhale ovine, ou maladie de la langue bleue. Le Nord de la France est souvent mis en avant ces derniers jours dans les médias, mais on omet de dire que c’est loin d’être la seule région touchée. La preuve en est : la Haute-Loire subit de plein fouet la maladie, même si le variant n’est pas le même que dans le Nord. La FCO était déjà présente dans le département sans avoir causé, semble-t-il, autant de dégâts.?Jean-Claude Reynaud se demande comment arrêter « l’hémorragie ». Des brebis tombent malades et meurent. Didier Cathalan, technicien à la Chambre d’agriculture de la Haute-Loire, spécialisé en production ovine et en race Noire, parle d’une situation inédite. « Du jamais vu?! » : ce sont ses mots. Il y aurait, selon le Groupement de défense sanitaire (GDS), plus d’une centaine de foyers déclarés de FCO à ce jour. Les éleveurs semblent avoir été pris de court. La plupart ne songeaient pas à vacciner et désormais à quoi bon?? « Même s’il n’est jamais trop tard », reconnaît Didier Cathalan, les vaccins sont difficiles a priori à obtenir. Les moutonniers optent pour la solution de garder quand ils le peuvent, les animaux en bergerie, une bien maigre protection. « De toute façon, la durée d’incubation étant de six ou sept jours. Je ne suis pas sûr d’avoir des résultats. Chaque matin faire le tour des parcs est devenu un calvaire. J’essaie de soigner les bêtes malades avec un antibiotique, mais les chances de succès sont minces. Le vétérinaire est passé. Je l’ai senti impuissant », explique l’éleveur ruessien. Les mêmes symptômes se reproduisent à chaque fois : les brebis maigrissent, elles se mettent à baver et leur tête à enfler. Certaines sont prostrées.

Des conséquences économiques

Pour Jean-Claude Reynaud, les conséquences économiques sur l’élevage se ressentiront à moyen et long termes. Le producteur s’apprête à vivre une bien mauvaise année 2025. Il s’attend à des avortements, des béliers stériles, il lui faudra reconstituer son cheptel. L’ancien sélectionneur s’était depuis douze ans (il élevait auparavant des vaches allaitantes) efforcé d’améliorer la génétique. « Qui dit moins de brebis, dit moins d’agneaux. Je vais devoir garder toutes les femelles », ajoute l’exploitant. Et c’est sans compter sur les prochaines déclarations PAC (Politique agricole commune) prenant en compte le nombre d’agneaux vendus, et un chargement à respecter. Aux pertes risquent de s’ajouter des primes moindres. L’éleveur parle « d’une chance dans son malheur » de pouvoir encore faire appel au service de l’équarrissage. Les mortalités importantes dans certains départements ont aussi des conséquences sur ce service. « Des animaux morts le vendredi ont dû attendre jusqu’au mardi », indique toutefois Jean-Claude Reynaud qui tente, comme il peut, de se remonter le moral auprès d’autres éleveurs de sa connaissance, eux aussi touchés, à Chavaniac-Lafayette, Brioude… La liste s’allonge. Certains sont parvenus à vacciner, il y a seulement une semaine. Le vaccin aura-t-il le temps de produire des effets?? Au printemps prochain, le Ruessien vaccinera, c’est sûr. Il ne veut pas revivre un tel cauchemar. Et quand bien même les éleveurs voudraient pouvoir à se préserver en vaccinant contre le sérotype 3 de la FCO, sévissant dans le Nord de la France (il peut survenir dans les prochains jours en Haute-Loire) qu’ils ne le pourraient pas, constate Didier Cathalan. Ce sérotype 3 a entraîné une large zone régulée. Il existe 24 variants du virus, la Haute-Loire étant concernée par le sérotype 8. Louise Icard du GDS au Puy-en-Velay confirme « l’énorme vague » qui affecte la Haute-Loire avec mortalité rapide des sujets chez les ovins, un peu moins chez les bovins qui sont eux aussi touchés. « Le sérotype 3 détecté l’an dernier pour la première fois aux Pays-Bas est considéré comme exotique, d’où la zone régulée », précise la représentante du Groupement de défense sanitaire. Le vaccin est pour l’heure réservé aux Nordistes. Le « 4 » et le « 8 » ayant déjà circulé en France n’entraînent pas, en revanche, de restrictions de circulation d’animaux. Il n’empêche qu’on pourrait connaître des suppressions de concours. Le comice de Paulhaguet vient d’être annulé. Le GDS n’explique pas vraiment les raisons d’une telle explosion dans le département depuis quelques jours.

Pour être déclaré foyer

Le sérotype 8 avait déjà sévi en Haute-Loire, mais jusqu’ici « à bas bruit ». Seule une baisse très importante des températures pourrait enrayer le phénomène, faire chuter la pression vectorielle, ce qui n’est pas franchement d’actualité. Si l’éleveur a des animaux malades, il doit faire appel au vétérinaire pour être officiellement déclaré foyer. Dans le cadre d’une suspicion FCO, les frais de déplacement du vétérinaire, de prélèvements (dans la limite de 3 animaux par espèce pour une même exploitation) et d’analyse sont pris en charge par l’État. C’est ce que précise le GDS. Les vétos sont submergés d’appels, comme le confirme le Groupe vétérinaire du Monastier dont les praticiens sont quotidiennement sollicités pour des prises de sang. Les traitements symptomatiques n’ont guère d’effet. Quant à la vaccination, « l’immunité n’intervient qu’au bout de 21 jours », précise le cabinet. Deux vaccins sont possibles dont un est en rupture de stock, le seul étant en ce moment disponible nécessitant deux injections. Un sentiment de découragement est en train de gagner les éleveurs.

 

Philippe Suc

 

Le Groupement de défense sanitaire est particulièrement sollicité

Le Groupement de défense sanitaire de Haute-Loire tient régulièrement à jour son site internet et apporte des recommandations aux éleveurs. Le GDS croule en ce moment sous les appels…fievre catarrhale vaccination chez un eleveur Le GDS 43 recommande d’isoler les animaux malades et les désinsectiser. De travailler sur l’immunité naturelle des troupeaux en vérifiant notamment que les apports en oligoéléments et vitamines A et E sont suffisants. « L’immunité est divisée en deux parties : une innée et une acquise. L’immunité innée représente 80 % de celle d’un animal. Elle est précoce, non spécifique et très dépendante des pratiques d’élevage. L’immunité acquise est, a contrario, spécifique. Elle ne représente que 20 % de l’immunité et n’a qu’un but préventif, pas curatif », est-il précisé. Il convient de vacciner (quand c’est possible) et de prendre conseil auprès de son vétérinaire. Réduire la pression vectorielle en travaillant sur les gîtes larvaires : pour son cycle de reproduction, le culicoïde (moucheron) a besoin du milieu aquatique. En supprimant au maximum les eaux stagnantes (petites flaques sur des seaux retournés, etc.), le cycle biologique de l’insecte est fortement impacté. Au niveau individuel, il sera difficile d’empêcher l’arrivée de la maladie. Le but pour chaque exploitant est de travailler en amont pour réduire son impact (sanitaire et économique) et son temps de présence. Il existe des vaccins contre la FCO. Cette vaccination n’est pas obligatoire (sauf export), mais au vu du contexte actuel, elle est vivement conseillée. Elle permet de protéger son cheptel, le voisinage, les autres animaux lors de rassemblement collectif (comice, foire, concours, centre de rassemblement, marché…) et lors d’introduction d’animaux. Généralement, il faut compter 6 semaines (42 jours) entre la première injection de primo-vaccination et la mise en place de l’immunité complète.