La cyanobactérie n'aura pas gâché l'été au plan d'eau de Saint-Rémy-sur-Durolle
Vendredi 23 août, Saint-Rémy-sur-Durolle (Puy-de-Dôme) se réveille sous un ciel dégagé et une température clémente. Dans les rues de la commune, les vacanciers s’installent en terrasse, flânent dans les magasins. Certains poussent leur balade matinale jusqu’au plan d’eau des Prades. Sans savoir qu’à 10 heures, le site serait partiellement fermé à la baignade "suite aux dernières analyses réalisées sur les eaux du lac".
Moins d’une semaine plus tard, la mauvaise nouvelle tombe : les Prades ferment intégralement suite à de nouveaux prélèvements. Comme un goût de déjà-vu pour la petite ville puydômoise, mais un bien moindre mal par rapport à la saison estivale 2023.
2023, année noire d’algues vertesL’été dernier, la baignade avait été interdite à Saint-Rémy du 7 au 25 juillet, puis début août, soit la plupart de la saison. En cause, la désormais redoutée cyanobactérie, un micro-organisme potentiellement toxinogène lorsqu’il se multiplie.
Les commerces alentour en avaient pâti, comme le restaurant Le Panoramique, qui déclarait dans nos pages il y a un an : "L’après-midi, notre terrasse a été désertée, même si nous avons accueilli les clients de la piscine à côté."
Photo d'illustration Rémi Dugne
Cette année, "c’est beaucoup mieux", sourit Michael Vandervelden, cuisinier et gérant. Le lac est resté ouvert tout l’été "grâce aux mesures mises en place par le maire de la commune" (lire ci-dessous) et le commerçant se satisfait d’un bilan "très positif". Même constat sur le mois d’août pour Natalie Adamski, gérante de La Durollette (épicerie fine, souvenirs, articles de plage) en centre-ville.
L’année dernière, elle nous expliquait avoir perdu 1.200 € de chiffre d’affaires par rapport à 2022 sur le début de la période estivale. "Cette année, le mois d’août est très bien, il y a du soleil mais pas de canicule, donc les gens sortent."
Mauvaise météoSeule ombre (littérale) au tableau : la météo. Les deux commerçants déplorent un mois de juin et un début juillet pluvieux. "Ici, on vit avec la météo, elle a un impact direct sur le commerce", rappelle Natalie Adamski. Le Camping paradis et le village vacances ont dû brader leurs prix pour tenter de faire le plein.
"Cette année est une année sans. Nous avons même dû ouvrir aux courts séjours pour éviter d’avoir des hébergements vides, chose que l’on ne fait habituellement jamais en été", déplore François Ansel, gérant, qui invoque la mauvaise météo, le contexte politique et sportif ainsi que la baisse générale du pouvoir d’achat comme causes de cette mauvaise saison touristique.
Louise Llavori
Après des étés 2022 et 2023 très compliqués pour le plan d’eau des Prades en raison des interdictions de baignade, la municipalité a renforcé son plan de lutte contre la cyanobactérie.
"D’année en année, la date de fermeture du plan d’eau se faisait de plus en plus précoce", retrace Frédéric Chonier, maire de Saint-Rémy-sur-Durolle. Pour remédier à cette situation dommageable pour le tourisme, la Ville a d’abord testé l’abaissement du niveau du plan d’eau au début de l’hiver pour déposer de la chaux sur ses rives. Mais les résultats, peu encourageants, ont poussé Frédéric Chonier à chercher une solution ailleurs.
Appareil ultrason"Cette année, nous avons notamment travaillé sur les berges des ruisseaux", explique l’élu. Il est prouvé que le piétinement de ces espaces par des animaux d’élevage favorise l’apparition de l’algue potentiellement toxinogène. En outre, la municipalité a également investi 8.000 euros dans un appareil ultrason placé au milieu du lac.
Cette année, la Saint-Rémoise sera caritative
Fabriqué par l’entreprise bordelaise Taso, il promet de débarrasser les plans d’eau de la cyanobactérie en endommageant leurs vacuoles, "des microcellules de gaz qui permettent leurs déplacements verticaux dans la colonne d’eau et régissent les fonctions vitales".
Les ultrasons provoquent l’implosion des vacuoles, entraînant la cellule dans les profondeurs et réduisant de façon fatale le processus de photosynthèse.
Cet été, le plan d’eau des Prades n’a finalement fermé à la baignade qu’à la toute fin du mois d’août. Mais Frédéric Chonier ne crie pas victoire pour autant.
"Je reste prudent et humble", déclare le maire de la commune, conscient qu’il est encore un peu tôt pour tirer un bilan des nouvelles mesures mises en place.
L. L.