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Август
2024

Des familles d'otages israéliens crient vers leurs proches à la frontière avec Gaza

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Figure iconique des familles d'otages, Mme Goldberg-Polin, israélo-américaine, est venue avec son mari jeudi matin au kibboutz Nirim, à environ deux kilomètres de Gaza.

Autour d'elle, des dizaines de proches d'otages sont venus parler, grâce à d'immenses haut-parleurs, aux 103 hommes, femmes et enfants toujours aux mains de leurs ravisseurs.

Sur son T-shirt, un autocollant "328" rappelle le nombre de jours écoulés depuis que son fils a été enlevé. Chaque matin, elle change le nombre pour tenir ce triste décompte.

A tour de rôle, les proches des otages prennent le micro et hurlent le nom de leur proche auquel ils adressent quelques mots, souvent entrecoupés de larmes.

Jon Polin, le père d'Hersh, qui a été enlevé au festival de musique techno Nova, dit aussi à son fils que "des gens dans le monde entier prient pour (son) retour".

Ensuite, il prononce la prière traditionnelle en hébreu des parents pour leurs enfants, arrachant des larmes à l'assistance.
"Nous t'attendons tous"
"Ofer, nous t'attendons tous, cher frère adoré (...) nous faisons tout pour te ramener à la maison et vite", crie à son tour Nissan Kalderon, dont le frère franco-israélien a été enlevé de son kibboutz Nir Oz.

Les deux enfants d'Ofer, enlevés avec lui, ont été libérés fin novembre en échange de prisonniers palestiniens.

Les familles s'enlacent, se soutiennent, chacun tentant de trouver des mots de réconfort et des raisons d'espérer malgré près de onze mois d'attente et une guerre pour laquelle aucun cessez-le-feu ne semble se profiler.

Leurs vies ont basculé le 7 octobre quand des commandos du Hamas palestinien sont entrés en Israël et ont mené leur attaque qui a entraîné la mort de 1.199 personnes côté israélien, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.

Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 103 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 déclarées mortes par l'armée.

Celle-ci a annoncé mardi avoir sauvé Kaid Farhan Alkadi, un otage, lors d'"une opération complexe" dans le sud du territoire palestinien.

Les représailles israéliennes sur la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, ont dévasté ce petit territoire et fait plus de 40.000 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, en majorité des femmes et des mineurs selon l'ONU.

Chaque samedi soir, ils se retrouvent à Tel-Aviv pour manifester et exiger des autorités israéliennes, qui négocient depuis des mois, un accord permettant la libération de leurs proches.

Mais ce jeudi, plus qu'une manifestation, ce rassemblement est l'occasion de s'adresser directement à leurs proches captifs, avec l'espoir ténu qu'ils soient entendus.
"On ne renonce pas"
"Papa, tu vas revenir, on ne renonce pas, tu m'entends? Tu me manques, je ferai tout pour te serrer dans mes bras, on a besoin de toi", hurle à son tour Ella Ben-Ami, dont la mère Raz Ben-Ami a été libérée en novembre, laissant son mari Ohad en captivité.

Yarden Gonen, dont la soeur Romi, 24 ans, a été enlevée à Nova a, elle, prononcé quelques mots en arabe adressés aux "dirigeants du Hamas": "Ca suffit! Ce n'est pas ça l'islam! Libérez-les!".

De l'autre côté de la barrière qui entoure le kibboutz, des véhicules militaires roulent vers Gaza dans des nuages de sable. Au loin, le bruit des bombardements israéliens sur le territoire palestinien rompt le silence, entre deux interventions des proches des otages.

Le rassemblement se termine et une vingtaine de personnes s'élancent vers la bande de Gaza, certains criant "on arrive".

Surpris quelques instants, les soldats israéliens regardent le mouvement avant de rapidement se déployer pour arrêter les familles dans leur élan.

Pas de quoi malgré tout les empêcher de rappeler leurs exigences: un accord, dit le Forum des familles d'otages, pour "ramener les vivants (...) et pouvoir enterrer dignement les morts".