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Август
2024

“Stacy” de Gipi, une œuvre cathartique qui dérange

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Stacy, Stacy, Stacy. Telle une supplique, ce prénom rythme inlassablement ce drôle de récit. C’est ainsi qu’un scénariste de télévision italien, Gianni, prénomme la jeune femme imaginaire qu’il séquestre, non pas dans la réalité, mais dans un rêve morbide. Quand il raconte ce rêve à un journaliste durant une interview, la polémique sur les réseaux sociaux est immédiate. Gianni aura droit à une deuxième chance mais le mal est fait, son double démoniaque l’accompagne partout, incarnant ses mauvais penchants.

Parce qu’il a vécu une shitstorm pour un strip publié sur Instagram (et depuis devenu invisible), le dessinateur sexagénaire Gipi a mis beaucoup de lui – à commencer par son prénom, Gianni – dans Stacy. Plaçant à l’improviste des pages de scénario dialoguées, relâchant son trait, l’auteur italien prend ici le risque de déconcerter ou de choquer. En tout cas, il signe une œuvre cathartique et remuante qui interroge, dérange et gratte notre époque là où ça fait mal. Avec un humour vicieux, il caricature aussi nos travers, en montrant comment le pool de scénaristes conseille à la showrunneuse Lalla d’envoyer un SMS de condoléances ponctué d’émojis aubergine ou la manière dont le doublage d’un perroquet peut soulever des questions d’appropriation culturelle.

Stacy de Gipi (Futuropolis), traduit de l’italien par Hélène Dauniol-Remaud, 256 p., 25 . En librairie.