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Август
2024

Après avoir fui Gaza, cet artiste palestinien poursuit son œuvre à Montluçon

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Installé au quatrième étage d’un immeuble du quartier Fontbouillant, Mohammed Alimrani, pinceau en main, met la touche finale à son œuvre la plus récente.

Né à Gaza en 1994, cet artiste a dû fuir la Palestine il y a un peu plus de deux ans. "Rester à Gaza pour moi était difficile. Je ne peux pas exposer mes tableaux", explique-t-il. Et pour cause, le Hamas qui exerce le pouvoir dans le territoire palestinien ne voit pas d’un très bon œil les corps nus dessinés par Mohammed Alimrani.

Visa pour la France

"J'ai été arrêté trois fois et j’ai fait de la prison à trois reprises à cause de cela", raconte l’artiste. La solution est dans l’exil. Il prend contact avec le ministère palestinien de la culture et finit par obtenir un visa. Et rejoint la France en mars 2022.

"Je suis allé en résidence à la cité internationale des arts durant trois mois et dans le même temps, j’ai fait les démarches auprès des autorités françaises pour obtenir le statut de réfugié", se souvient Mohammed Alimrani. Statut qu’il possède désormais.

L’artiste palestinien passe ensuite neuf mois à Commentry avant de s’installer à Montluçon. Où il rencontre l’équipe du Théâtre des Ilets. "Au printemps dernier, il a suivi les répétitions de plusieurs créations dont “Long développement d’un bref entretien” et il a dessiné et peint certaines scènes", explique Carole Thibaut.

La directrice du théâtre montluçonnais garde un excellent souvenir de cette expérience. "Mohammed est quelqu’un qui est très à l’écoute, extrêmement intelligent, qui capte rapidement les choses."

Des tableaux brûlés

Un apprentissage à marche forcée pour intégrer les codes d’un nouvel environnement. Pas facile lorsque les membres de sa famille sont restés à Gaza en plein conflit entre le Hamas et Israël. "Ma fiancée, notamment, est toujours là-bas. Elle n’arrive pas à obtenir un visa pour me rejoindre en France. C’est compliqué", regrette Mohammed Alimrani qui ne désespère pas. "J’ai un avocat à Paris qui fait les démarches pour la faire venir."

En attendant la bonne nouvelle, l’artiste palestinien, qui a vu bon nombre de ses peintures partir en fumée dans la destruction de sa maison gazaouie, continue de peindre et de dessiner. Pour exposer et laisser une trace.

Martial Delecluse