Pourquoi les promoteurs immobiliers de Clermont-Ferrand "naviguent en eaux troubles"
Comme chaque trimestre, l’Œil Auvergne, un observatoire évolutif de l’immobilier local, fait le point sur les ventes de logements neufs à l’échelle de Clermont Auvergne Métropole. Son président Philippe Vigneron évoque un effondrement des ventes depuis la fin de 2021, qui n’a pas permis aux professionnels de lancer de nouvelles opérations.
112 logements retirés de la venteC’est un chiffre "explicite" pour le président de l’Œil Auvergne. "Un programme immobilier qui ne rencontre pas le succès commercial escompté est retiré purement et simplement de la commercialisation par le porteur de projet, cela arrive assez régulièrement", indique Philippe Vigneron. Seulement 26 logements avaient été retirés de la vente il y a un an. "Ça donne une idée de l’importance de la détérioration du marché".
546 logements disponibles à la venteIl y en avait pourtant 1.048 au deuxième trimestre 2023. C’est quasiment le double ! "Face à l’absence de demande exprimée d’achats, les opérateurs immobiliers ne lancent plus de nouveaux programmes", se désole le promoteur. "On est passé de 61 programmes immobiliers en cours de commercialisation il y a un an au deuxième trimestre, à 47. Cela donne une idée des difficultés qu’il y a aujourd’hui à réaliser une opération dans de bonnes conditions".
4.261 €, prix moyen du m2C’est le prix moyen du mètre carré pour les ventes réalisées par les sociétés immobilières au 2e trimestre 2024. Il était évalué à 4.356 € au 2e trimestre 2023. Une situation classique en période de crise, selon Philippe Vigneron : "Des offres commerciales peuvent être plus dynamiques chez certains opérateurs, surtout les acteurs nationaux qui ont de gros stocks d’offres à la vente." Ce qui, mécaniquement, les pousse donc à diminuer les prix de vente des logements proposés. "Il suffit de regarder les publicités, poursuit l’entrepreneur, et de voir les offres qui paraissent dans la presse. Certains acteurs font de gros efforts pour essayer de diminuer le stock qu’ils ont à la vente et être plus attractifs auprès de leur clientèle."
À la lecture de ces chiffres, Philippe Vigneron assure que les promoteurs immobiliers "naviguent dans les eaux les plus troubles que l’on ait connues depuis plus de 30 ans. La seule crise que j’ai connue remonte à 91-92-93." Une crise qui, selon lui, se greffe à une autre difficulté actuelle : l’instabilité politique et l’attente d’un nouveau gouvernement.
Erwan Rousseau