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Август
2024

Le Pass culture ne fait pas l'unanimité dans le secteur culturel

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Une enveloppe de 20 euros à 15 ans, de 30 euros à 16 et à 17 ans, puis un pactole de 300 euros à 18 ans, et tout ça sans conditions particulières. Sur le papier, l’arrivée du « Pass culture » avait de quoi faire saliver la jeunesse. Depuis la généralisation du dispositif à l’échelle nationale en mai 2021, ils sont 3,4 millions à en avoir bénéficié. Achats de livres, de places de cinéma ou de concerts, de contenus en ligne voire même d’instruments de musique… Grâce à son large catalogue d’offres, le Pass culture n’a pas traîné à trouver son public. À tel point que « 73 % des jeunes nés en 2003 » et « 81 % » de ceux nés en 2004 l’utilisent désormais, selon les chiffres du gouvernement. Et comme le rappelle Rémy, 18 ans, « 300 euros, ce n’est pas rien ! ».

La jeunesse séduite

Financé par l’État pour un budget de « 259,5 millions d’euros en 2023 dont 208,5 millions de subventions du ministère de la Culture et 51 millions du ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse », le Pass culture semble avoir de beaux jours devant lui. « La somme est assez conséquente donc elle permet de faire des achats à la fois pour les études mais aussi pour ses propres loisirs », se réjouit Césarée, 20 ans, qui vient de terminer la période de deux ans qui lui était accordée pour utiliser le Pass culture.

Comme elle, 77 % des utilisateurs du Pass dépensent intégralement les 300 euros mis à leur disposition avant leurs 20 ans, selon les données du gouvernement. Hind, 19 ans, l’utilise depuis ses 16 ans : « Sur mon Pass culture j’ai pu me procurer plusieurs places de festival et de concerts, des places de cinéma, et même un ukulélé. J’ai également pu écouter des podcasts ou participer à des débats gratuitement, car le Pass culture propose aussi plusieurs activités gratuites ». Mathéo, quant à lui, attendait avec impatience de souffler ses 18 bougies pour avoir accès au Pass : « Je l’ai déjà beaucoup utilisé, pour aller voir deux concerts de rap et pour acheter plusieurs CD que je voulais ».

 

Si Mathéo a une passion pour la musique, Pauline, 18 ans, est quant à elle « une passionnée de lecture ». Le Pass lui a permis de s’ « acheter énormément de livres ». Et cet entrain pour l’achat de livres, Pauline n’est pas la seule à le ressentir. Au cœur du succès du Pass culture, la reconnexion des jeunes avec les lectures en tout genre. Lenaïc Leroy, chargé de communication à la librairie les Volcans à Clermont-Ferrand ne peut que constater « les effets de cet énorme boost » qu’a été le Pass culture sur le chiffre d’affaires de sa librairie : « Le Pass culture représente 4,8 % de nos ventes de livres, se réjouit-il, on voit des jeunes qui arrivent et qui achètent 30 mangas d’un coup, voire une collection entière ».

Un « boost » inégal  pour la culture

Toutefois, si l’aide est a priori un succès du côté des consommateurs, les conclusions de sa réussite sont plus délicates à tirer pour le milieu de la culture. Dans un rapport rendu public le 16 juillet dernier, l’Inspection générale des affaires culturelles (Igac) souligne en effet l’inégale répercussion du Pass auprès des acteurs concernés.

Selon les chiffres de l’Igac, « entre octobre 2023 et février 2024 », l’achat de livres représentait par exemple 54 % des montants dépensés sur l’application du Pass culture, alors que le spectacle et les musées ne comptaient que pour 1 % de ces dépenses. Un déséquilibre encore plus flagrant en termes de réservations effectuées : le livre représentait 71 % des réservations sur cette période, contre 0,6 % pour le spectacle vivant et moins de 0,1 % pour le théâtre. En fin de compte, une partie des acteurs semblent mis à l’écart du dispositif, là où Emmanuel Macron ambitionnait de diversifier et de démocratiser l’accès aux activités culturelles et artistiques.

Reste désormais à observer quel sera le bilan de la « part collective » du Pass, inaugurée en 2022. Mise à disposition des professeurs dans les collèges et lycées, cette somme collective a pour objectif de financer les activités d’éducation artistique et culturelle au sein des établissements, misant sur une consommation de groupe, différente des usages individuels que les jeunes font de l’aide attribuée. 

 

Victor Delair