Ces anecdotes croustillantes sur les châteaux du Cantal que vous allez adorer
De la grande à la petite histoire, il n’y a qu’un pas. Suivez-nous dans notre périple, sur les traces des châteaux du Cantal et découvrez les secrets que ces mystérieuses bâtisses en pierres ont à nous révéler.
Les peintures cachées du château d’Auzers660 ans d’histoire. Mais l’anecdote favorite d’Éliane Blanquet, gardienne du château de Auzers, c’est celle de l’oratoire. Un lieu de prière propre au château dans lequel des peintures sur enduit avaient été réalisées par des pèlerins sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle. Pour protéger ces œuvres et cette pièce des pillages de la Révolution, quelqu’un, « on ne sait pas qui, on ne sait pas pourquoi », a décidé de les dissimuler. Les murs ont été recouverts de livres. L’oratoire est devenu bibliothèque. Ce n’est qu’en 1970, alors que le propriétaire décide de faire des travaux, que les étalages sont retirés et révèlent au grand jour les fresques. « La découverte de l’oratoire fait accéder le château au rang de monument historique. » Toujours habité par la même famille, il peut aujourd’hui être visité pour admirer ces peintures dissimulées pendant des années.
Voltaire et le château du SailhantDepuis son édification au XIe siècle, le château du Sailhant (Andelat), dressé sur un promontoire basaltique à 30 mètres de hauteur, a connu bien des bouleversements. Il a notamment été entre les mains de prestigieuses familles françaises, une place forte de la guerre de Cent ans mais aussi de la guerre entre catholiques et protestants. Au XVIIIe siècle, l’une des branches de l’illustre famille d’Estaing est propriétaire du château. En 1749, une affaire de succession grevée de dettes va attirer l’attention du principal créancier de la famille, qui n’est autre que Voltaire. Ce dernier, énervé par cette histoire qui lui coûte de l’argent, décide, en 1749, de saisir puis de mettre en vente château du Sailhant.
Le château de Val sauvé de la noyadeLe château de Val surplombe le barrage de Bort du haut de son rocher. Ceinturé d’eau, il a échappé de peu à l’inondation. Il était d’abord construit en surplomb, mais la construction d’un barrage a immergé la vallée sous l’eau, jusqu’au pied du château de Val. Sauvé de justesse. L’eau ne monte pas plus haut. Aujourd’hui, il est accessible grâce à un petit chemin de pierre et peut être visité tout en restant au sec. Il est aussi devenu lieu d’exposition chaque année. Cet été, il est possible d’y admirer le parcours « traversées artistiques » jusqu’au 27 octobre.
Vieillevie, une histoire de cheminéeL’élément central du château de Vieillevie, c’est une cheminée sur laquelle est représenté « un moine dans une barrique de vin », décrit le propriétaire, Daniel-Jean Cassagne. La seule qui ait été épargnée à la Révolution. « Les autres représentaient les écussons des familles nobles, elles ont été détruites par les habitants mais, face à ce moine, ils n’ont pas osé. » Pourquoi ? Est-ce à cause des traces sur les joues du moine qui rappelait les symptômes de la peste ? Est-ce par croyance ? Peu importe la raison, il est aujourd’hui possible de l’observer lors de visites nocturnes et théâtralisées, à la bougie.
Une aventure royale à Sedaiges
Propriété de la même famille depuis plus de 800 ans, le château de Sedaiges (Marmanhac) a vu se succéder dix-huit générations, dont certains membres ne manquaient pas de tact quand l’occasion de s’élever dans la société se présentait. En 1585, Marguerite de France, surnommée la reine Margot, est contrainte de s’installer au Château de Carlat. Une aubaine pour Jean de Caissac, parent de l’actuel propriétaire de Sedaiges (Patrice de Varax), qui voit alors débarquer à quelques kilomètres de chez lui nulle autre que la femme d’Henri IV, roi de Navarre (mais pas encore roi de France). Pendant la durée de son séjour cantalien, la reine Margot va fréquenter Jean de Caissac « l’histoire ne dit pas s’ils se sont fréquentés simplement amicalement ou plus intimement », précise Patrice de Varax. Toujours est-il que Jean de Caissac s’est vu nommer gentilhomme à la cour du roi par la reine Margot elle-même.
Boisset et la RévolutionComme son nom l’indique, le château d’Entraygues (Boisset) se situe entre les eaux, celles de la Rance et du Moulègre, au cœur de la Chataigneraie cantalienne. C’est un endroit excentré et paisible… Sauf pendant la Révolution. À l’époque, les autorités au pouvoir avaient demandé au châtelain de raccourcir les tours d’un étage, faute de quoi, ce serait sa tête qu’ils raccourciraient. « Il a préféré les tours, on se demande pourquoi », ironise Diane de Falvelly, propriétaire du château d’Entraygues. À l’issue de cette période tourmentée, deux des tours ont été étêtées. L’une d’entre elles a retrouvé sa charpente en forme de poivrière tandis que l’autre est restée en l’état pour garder la mémoire de ces temps perturbés. « La voilà, elle se démarque, couverte d’un béret de tuiles canal ! » s’exclame Diane de Falvelly.
Un château dans le Cantal, 18 générations et une histoire
Vendetta sanglante à TournemireEn guise de remerciement pour son action durant la guerre, le roi Charles VII autorise Louis II d’Anjony, fidèle compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, à construire un château sur ses terres. Problème ? Les Tournemire vivent déjà sur le territoire et contestent farouchement l’autorité du roi de France. Mais qu’importe, les Anjony envoient un messager chez les Tournemire leur expliquant qu’ils seront désormais coseigneurs. Le messager revient, mais découpé en morceaux. Cet assassinat marque le début d’une vendetta entre les deux familles. Une longue période de 250 ans, ponctuée de bagarres dans les rues du village ou de procès en tous genres, par exemple pour savoir qui doit rentrer en premier dans l’église. Une année, alors qu’un prêtre de leur famille avait été assassiné, les Anjony ont placé un espion chez les Tournemire. Ces derniers s’en rendent compte et l’espion revient avec les oreilles cousues aux fesses.
La Vigne envahit par les voitures miniaturesDans un château rempli d’histoire, construit au XVe siècle, transformé par la Renaissance et le néogothique, les propriétaires ont eu aussi décidé d’ajouter leur pierre à l’édifice. « Une curiosité », décrit Clotilde de la Tour. En effet, à Ally, le château de la Vigne abrite maintenant 4.000 modèles de voitures miniatures. Un espace crée en 1988 par Bruno du Fayet de la Tour, pour y exposer sa passion partagée avec son frère.
Le Hollywood de PolminhacPerché sur les hauteurs de Polminhac, le château de Pesteils est un fabuleux vestige de l’époque féodale, qui a aussi joué les vedettes de cinéma. En effet, le film L’éternel retour (1943), de Jean Delanoy et Jean Cocteau, a en partie été tourné à Pesteils, durant la guerre. On y retrouve Jean Marais et Madeleine Sologne dans la peau des légendaires Tristan et Iseult. « C’est un très grand film, culte pour toute une génération. Les acteurs ne s’attendaient d’ailleurs pas à un tel succès », fait remarquer Yvonne de Miramon, propriétaire du château. Pesteils est une véritable pièce maîtresse dans la réussite du film. On reconnaît le château en arrière-plan sur certaines affiches. Aujourd’hui, des traces du tournage subsistent encore sur les lieux, en particulier des lettres et des photos.
Mona Bru et Baptiste Champ