Sophia Chikirou, le « martyr » du Hamas et la chute de la maison Mélenchon
Pendant l’été, des adversaires naïfs de Jean-Luc Mélenchon ont espéré que l’islamo-gauchisme de sa prochissime conseillère, Sophia Chikirou, pouvait enfin les faire tomber. Raté.
La corruption de LFI par l’idéologie islamo-gauchiste devenait-elle soudain trop voyante ? Au cœur de l’été, Sophia Chikirou a été contrainte de corriger le tir, après avoir diffusé à la va-vite des publications douteuses sur ses réseaux sociaux. « Je ne soutiens pas le Hamas, ni sa branche politique élue à Gaza dont je ne partage en rien le projet islamiste », a assuré la députée d’extrême gauche, le 4 août, dans Libération. Ça va mieux en le disant…
C’est la faute à l’extrême droite
Trois jours plus tôt, l’élue de Paris publiait sur son compte Instagram privé un hommage au chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, tué à Téhéran le 31 juillet, émanant du collectif « Urgence Palestine ». On pouvait notamment y lire qu’après avoir échappé à quatre tentatives d’assassinat, « Dieu scellait [son] martyr comme il l’avait toujours souhaité », ou que la « résistance » n’en était que renforcée… « Je ne partage en rien le projet islamiste », dit donc l’élue française. Essayons de traduire sa pensée : on pourrait comprendre la démarche du projet politique du Hamas – lequel s’est résumé, le 7 octobre, à massacrer et enlever des civils israéliens – mais en revanche son projet théocratique est vraiment trop méchant !? « J’ai partagé cela comme une information. J’ai supprimé ces visuels […] dès que l’extrême droite a commencé à m’attaquer sur les réseaux sociaux et à monter en épingle une polémique. Je m’inquiète des réactions agressives et disproportionnées et déplore de voir des médias servir une telle opération », s’est ensuite justifiée l’élue de Paris.
Or, contrairement à ce qu’elle affirme, il n’y a pas eu que l’extrême droite et la presse pour tomber sur notre Insoumise-Calimero : « Sophia Chikirou n’engage qu’elle même par ses provocations, qui ont pour seul effet de susciter des polémiques qui minent le travail collectif » s’était indigné Olivier Faure, le chef du PS, parti moribond allié à LFI dans le Nouveau Front populaire (NFP). « Abject », avait surenchéri la présidente de la région Occitanie Carole Delga, voyant dans les publications de Mme Chikirou une « apologie du terrorisme » et carrément le « porte-voix de la haine des juifs ». Pendant que la guerre fait rage au Proche-Orient, M. Faure et Mme Delga n’oublient pas que la gauche doit avant tout nous trouver un Premier ministre pour Matignon…
« L’hommage de Mme Chikirou au chef politique du Hamas devrait la mettre au ban de la vie politique. Cette forme de complaisance, récurrente dans son parti, ne doit pas trouver sa place dans notre République. Nous saisissons notre commission juridique », a annoncé de son côté la LICRA.
L’Union des étudiants juifs de France a quant à elle déposé une plainte pour apologie du terrorisme contre la députée LFI. « Je suis pour la discussion de tout avec tout le monde, mais comment discuter quand certains glorifient le terrorisme ? » s’est demandé son président Samuel Lejoyeux, dans les colonnes du Point, expliquant que l’élue se rendait coupable de détournement de la cause palestinienne, d’importation du conflit en France et de glorification du terrorisme.
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Il espère pouvoir la traîner au tribunal. Car le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, qui aimait se présenter comme un « enfant du peuple » alors qu’il avait détourné avec sa clique guerrière de fous d’Allah des millions de dollars d’aide destinés à Gaza, était bien en responsabilité quand son organisation a attaqué Israël sur son territoire le 7 octobre 2023, faisant 1200 victimes et plus de 3000 blessés – il s’est d’ailleurs vu délivrer un mandat d’arrêt par la CPI pour cette raison par la suite. On se souvient aussi que les caméras d’Al-Jazeera avaient montré au monde entier le sulfureux personnage en train de prier, à Doha (Qatar), alors que son mouvement était en train de commettre les tueries. Enfin, il n’est pas inutile de rappeler à Mme Chikirou que le Hamas est bien officiellement considéré comme organisation terroriste par l’Union européenne ou les Etats-Unis d’Amérique.
Pas une brebis galeuse
Jean-Luc Mélenchon n’a pas estimé nécessaire de venir au secours de sa proche conseillère en gratifiant les lecteurs de son blog d’un billet ad hoc. Ces derniers temps, le vieux chef préfère y détailler son grand projet de destitution du président Macron, qu’il surnomme « capitaine du Titanic », plutôt que d’évoquer la Palestine. Dans nos médias, pourtant souvent si prompts à l’indignation, l’hommage honteux de Mme Chikirou au chef du Hamas a été finalement assez peu commenté, et la polémique est vite retombée. Effervescence des Jeux olympiques, sans doute. Dès le lundi 5 août, les journaux n’abordaient déjà plus le sujet, comme s’il était admis que les excès des Insoumis ne devaient plus indigner l’opinion, ou comme si tout le monde avait compris que LFI était bien le porte-voix du Hamas dans l’hexagone ! Plutôt révoltant…
Car oui : Mme Chikirou est loin d’être une marginale au sein de son parti, qui par bien des aspects prend parfois l’allure d’un véritable « Club des amis » du Hamas. On se souvient des propos hésitants de Mathilde Panot, en conférence de presse à l’Assemblée nationale, ou de Danièle Obono, au micro de Jean-Jacques Bourdin, en octobre dernier. Les deux politiciennes se refusaient à accoler l’adjectif « terroriste » aux exactions palestiniennes, préférant parler de « crimes de guerre », et renvoyant ainsi dos à dos la dictature théocratique du Hamas et le gouvernement israélien, lequel a été prié par les Insoumis de ne pas répliquer dès le lendemain des attaques terroristes.
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D’autres Insoumis, imprégnés d’analyses décoloniales mal ingurgitées, comme l’impayable Ersilia Soudais, voient en fait dans le Hamas un mouvement de résistance comme un autre qui combattrait le « colonialisme » et l’« impérialisme ». Dès qu’on lui tend le micro, la députée de Seine-et-Marne dénonce un soi-disant « génocide », quand ce n’est plus un « apartheid », ou le processus de colonisation en Cisjordanie – ce qui est déjà beaucoup plus légitime. Mais elle fait également de nombreux faux pas, par exemple quand elle plaide pour l’arrêt des « arrestations massives de Palestiniens » et pour leur libération générale, le jour même où Israël arrête la militante Ahed Tamimi, laquelle appelait au meurtre des Juifs dans des termes particulièrement choquants : « Nous allons vous massacrer. Ce qu’Hitler vous a fait est une plaisanterie par rapport à ce que nous allons vous faire, nous boirons votre sang et mangerons votre crâne ».
Quant à son grand ami, le député de Seine-Saint-Denis Thomas Portes, il est difficile de tenir à jour la liste de ses contestables actions militantes dans le dossier épineux du conflit au Proche-Orient. Il a d’abord participé à des manifestations propalestiniennes interdites à Paris. Puis, il a défendu la thèse complotiste affirmant que « Nétanyahou et ses complices » auraient délibérément laissé se produire l’attaque du 7 octobre (une accusation qui inverse le statut des victimes et des bourreaux, et qui exonère donc opportunément les assassins du Hamas de la responsabilité de leurs crimes). Enfin, avant le début des JO, il a encore fait parler de lui en appelant à se mobiliser contre la présence des athlètes israéliens à Paris, affirmant que « les sportifs israéliens ne sont pas les bienvenus ».
Le géographe suédois Andreas Malm, auteur de Comment saboter un pipeline ?, figure actuellement parmi les maîtres à penser de LFI. Il était encore invité fin mars par Clémence Guetté, à l’institut La Boétie, l’Académie des Insoumis fondée par M. Mélenchon. En avril, évoquant le 7 octobre, ce grand penseur a carrément déclaré : « La première chose que nous avons dite dans ces premières heures n’était pas tant des mots que des cris de jubilation. Ceux d’entre nous qui ont vécu leur vie avec et à travers la question de la Palestine ne pouvaient pas réagir autrement aux scènes de la résistance prenant d’assaut le checkpoint d’Erez », ajoutant : « La résistance armée qui se déroule à Gaza est héroïque ».
Et on ne peut terminer cet inventaire des délires insoumis concernant la guerre à Gaza sans évoquer la nouvelle coqueluche de LFI : Rima Hassan. Récemment élue eurodéputée, elle est également ciblée par une plainte pour avoir dit au média Le Crayon que l’action du Hamas était « légitime », et par une autre émanant de son collègue François-Xavier Bellamy (LR) pour menaces. Et elle a été aperçue ces derniers jours à Amman (Jordanie) aux côtés de Taha Bouhafs, parmi une foule manifestant pour Gaza. Critiquée, l’élue assure qu’elle ne savait pas que certains rendaient hommage à Ismaïl Haniyeh. En effet, évidemment, les slogans et pancartes brandies à cette occasion ne faisaient pas dans la nuance…
Nouvelle France
Hollandisme comparé à des punaises de lit, discours de Fabien Roussel comparés à ceux de Jacques Doriot, anciens collègues qualifiés de « tafioles de merde », pétition dénonçant son autoritarisme au sein de Le Media dont elle a finalement dû lâcher les rênes, rumeurs sur la nature véritable de sa relation avec Jean-Luc Mélenchon… Mme Chikirou a l’habitude d’avoir mauvaise presse ! Mais, ses adversaires ont eu tort de se réjouir, et d’imaginer qu’elle pourrait entrainer le vieux leader dans sa chute avec son faux pas de l’été. Toutes les navrantes péripéties insoumises énumérées ci-dessus expliquent que la polémique Chikirou ne puisse pas vraiment prendre dans l’opinion ; elle est noyée dans un océan de dérives islamo-gauchistes.
Autrefois, l’extrême gauche française avait une passion coupable pour des tyrans qui, au moins, prétendaient porter un message d’égalité ou de « justice sociale » (Staline, Castro, Mao, Maduro…). Désormais, elle peut s’enticher des oppresseurs d’un régime islamique pas bien différent de Daesh. Ce n’est vraiment pas glorieux. La compromission des autres partis de gauche (PC, Verts, PS) avec LFI n’en est que plus honteuse.
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Les Insoumis assurent bien sûr qu’ils sont en pointe dans la lutte contre le racisme, ou que la laïcité est à leurs yeux très importante. Mais, selon eux, l’électeur pense paradoxalement selon son sang et ses origines, et dès que le conflit en Israël passera au second plan, ils ne manqueront pas de nous expliquer de nouveau à quel point la France est « islamophobe ». La « créolisation » merveilleuse de la France se poursuit. Et LFI drague en permanence un nouvel électorat baroque constitué notamment de néo-voilées ou de barbus des « quartiers populaires » acceptant de participer à notre jeu démocratique. Reste qu’à 73 ans, Jean-Luc Mélenchon n’est pas certain de voir cette « Nouvelle France » permettre à son mouvement de devenir majoritaire dans les urnes. Mais Sophia Chikirou, 45 ans, a, elle, encore une longue carrière politique devant elle.
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