"Une petite main dans l’entrebâillement" : cambriolés quand ils étaient chez eux, ils racontent

C’était jeudi 15 août. « J’étais sur ma terrasse avec un ami et ma femme. Mon fils de 12 ans jouait à la console dans le salon. Il était environ 21 heures », se rappelle encore très bien Pierre, contacté par téléphone. Ce soir-là, dans ce quartier résidentiel de Clermont-Ferrand, entre Montjuzet et Durtol, il remarque qu’une pièce est éclairée à l’étage. Intrigué, il décide alors de monter. « Je vois qu’une autre lampe est allumée dans la chambre, et je constate que ma porte d’entrée est ouverte », raconte le Clermontois. « Je me suis dit que ce n’était pas possible, quelqu’un est entré. » Il remarque également que les éclairages extérieurs équipés de détecteurs de mouvement sont activés. « Ils ne restent allumés que 30 secondes », confie-t-il. Ce jour-là, Pierre vient de subir un vol alors que lui et sa famille se trouvaient dans leur domicile. Il se rendra compte plus tard que son ordinateur professionnel a été subtilisé.

Maisons individuelles et appartements

S’il est difficile de distinguer les différents types de cambriolages (qu’ils soient commis en présence ou non des victimes), la police de Clermont-Ferrand a recensé pas moins de 147 vols par effraction en juillet (*). Un genre de délit que les forces de l’ordre puydômoises ont du mal à enrayer. « Il y a une forte proportion de maisons individuelles et d’appartements, mais ça peut être aussi une cabane de jardin ou un garage qui n’est pas attenant à la propriété », précise Thierry Pernière, commandant de police à Clermont-Ferrand. Et surtout, comme le confirme la police, ces cambriolages surviennent aussi bien de jour que de nuit.

Cela est arrivé à Léa il y a quelques mois, en plein après-midi, alors qu’elle rentrait des courses avec son compagnon. La jeune femme habite tout près de la piscine Coubertin dans un immeuble résidentiel. « On était chargés comme des mules, j’avais aussi mon sac à main, avec deux cartes grises, mon porte-monnaie et tous mes papiers dedans », se remémore Léa. Ils déposent tout dans l’entrée (dont son sac à main), et cette fois-là, elle ne referme pas le verrou.

« Une petite main dans l’entrebâillement »

En rangeant les courses dans sa cuisine, elle entend un bruit de porte. « Mais je ne pensais pas que c’était la mienne », confie-t-elle. Léa vit dans un immeuble ancien, pas forcément bien insonorisé, il est donc difficile de distinguer les bruits… Sauf que voilà, deux heures plus tard, elle reçoit « un SMS sur mon téléphone me disant que j’avais acheté du crédit dans un bureau de tabac près de la gare ». Et là, tout s’éclaire. Elle cherche partout son sac, en vain. Bilan des courses : plusieurs papiers à refaire et 20 euros en liquide dérobés.Des petits vols donc, d’opportunité. « Ils (les voleurs, NDLR) évitent souvent le contact direct », précise le commandant de police.

Il a tenté de cambrioler une maison à Clermont-Ferrand et a volé soixante bouteilles dans une résidence du quartier de Montferrand

Des opportunistes qui ne manquent pas d’audace. Dans ce même appartement, quelques semaines plus tard, alors que son compagnon est tranquillement assis devant son ordinateur, il entend un bruit. L’homme ne s’inquiète pas, car il arrive que la porte ait la fâcheuse tendance à s’ouvrir avec de forts courants d’air. Sauf que cette fois-ci, en voulant la refermer, il aperçoit « une petite main qui se faufile dans l’entrebâillement de la porte ». Par chance (ou par précaution), le loquet était enclenché. « Là, j’ai ouvert violemment, se souvient Guillermo. C’était un marginal, alcoolisé. Je l’ai engueulé et lui ai demandé de vider ses poches et d’ouvrir son sac. Il a été coopératif. Quand j’ai vu qu’il n’avait rien volé, je lui ai mis la pression en lui disant que si je le revoyais, j’appelais la police. » Une situation qui aurait pu dégénérer ce jour-là si le Clermontois n’avait pas gardé son sang-froid. 

Erwan Rousseau

(*) Selon les données de la direction interdépartementale de la police nationale, 63, sur les communes de Clermont-Ferrand, Chamalières, Royat, Ceyrat, Beaumont, Aubière, Cournon, Riom et Gerzat.

Quels sont les bons réflexes à avoir pour se prémunir des vols ? Il y a quelques évidences mais elles méritent d’être rappelées, sans cesse. Laisser son sac à main ou ses clés sur le premier meuble de l’entrée n’est clairement pas une bonne idée. Le commandant de police conseille de les mettre « dans des placards éloignés ». De la même manière, il déconseille de laisser son portable ou sa tablette sur une table à proximité d’une porte ou d’une fenêtre ouverte, « d’autant plus quand on habite au rez-de-chaussée ». Et si elles sont ouvertes, Thierry Pernière préconise de baisser ses volets roulants. Encore faut-il en avoir. Les forces de l’ordre incitent également les citoyens à installer des équipements adaptés et agréés, comme des grilles, un éclairage programmé, des détecteurs de présence, et évidemment des systèmes d’alarme (lire par ailleurs). « L’idéal pour un pavillon, suggère le commandant, c’est d’avoir des lampes extérieures branchées sur des capteurs de présence. »