Pourquoi le musée des maquettes animées n'a pas ouvert ses portes, cet été, dans l'Allier

Le musée des maquettes animées, héritage de l’œuvre ingénieuse de Pierre Cognet, n’a pas ouvert ses portes, cet été, à Vallon-en-Sully (Allier). Un véritable crève-cœur pour les derniers bénévoles de l’association Vallon arts et traditions qui a mis la clé sous la porte le 12 décembre 2023.

"C’est une décision prise à l’unanimité", précise le président Jean-Christophe Robert qui, en août 2023, dans La Montagne, avait déjà tiré la sonnette d’alarme. "Dix bénévoles participent à l’ouverture du musée. Et tous ont plus de 70 ans. Ils fatiguent !"

Aujourd’hui, ils n’en peuvent plus. Eux qui ont tous connu Pierre Cognet, décédé en 1997 après avoir réalisé douze maquettes d’une précision infinie à l’échelle 1/8e sur les métiers d’autrefois et les costumes bourbonnais.

Une fréquentation en baisse

L’âge des bénévoles n’est pas la seule explication à la fermeture du musée. Le Covid a également fortement pesé sur les finances de l’association avec une baisse significative du taux de fréquentation. "Cela fait quinze ans qu’on constate ce phénomène. Dans les grandes années, on faisait plus de 7.000 visiteurs !"

À titre d’exemple, au moment du confinement en 2020, le musée n’a reçu aucune visite de groupe alors qu’elles représentaient à l’époque 65 % du chiffre d’affaires. En 2021, l’association a été obligée de puiser dans ses réserves à hauteur de 6.000 € pour maintenir l’activité durant toute l’année avec, là encore, un confinement.

Cette maquette d'un atelier de forgeron a valu à Pierre Cognet le premier prix national de la fondation Ford-France.

Le coup de grâce est intervenu durant l’hiver 2022/2023 suite à un problème électrique. Jean-Christophe Robert raconte. "Un thermostat s’est mis à dysfonctionner dans une pièce annexe de la maison. Alors que le musée était fermé, ça a chauffé au maximum. Quand on s’en est aperçu, le mal était fait".

La facture envoyée par EDF a fait l’effet d’une bombe : plus de 9.000 € ! "On a été obligés d’utiliser toutes nos réserves", constate le président pour qui une seule solution s’imposait : la fermeture définitive du musée.

"J’ai dit aux bénévoles qu’on ne pouvait pas continuer comme ça. Le coût de fonctionnement avec le loyer à payer et les factures d’énergie devenait insupportable. Tout comme le manque de renouvellement des bénévoles."

Dans cette triste histoire, le président de Vallon arts et traditions pointe également la responsabilité de la mairie. "La subvention moyenne était de 700 € par an. Ce n’était pas suffisant", estime Jean-Christophe Robert qui ne comprend pas que la municipalité n’ait pas trouvé un local communal à mettre à disposition de l’association.

"Nous n’en avons pas", se justifie le maire, Mohammed Kemih qui se dit très attaché au musée des maquettes animées, "l’un des porte-drapeaux de notre commune". "Je ne veux pas donner de faux espoirs. J’ai une idée mais je ne peux pas la rendre publique pour l’instant", assure l’élu qui a besoin "d’un espace de 140 m² pour recevoir les douze maquettes". "On ne peut pas faire ça à la légère. Il y a des normes à respecter, notamment en termes de sécurité".

"En tout cas, mon souhait est clair : c’est que les maquettes restent sur la commune."

En décembre 2023, les œuvres ont été restituées aux enfants de Pierre et Marie Cognet. Elles se trouvent actuellement dans la maison familiale. "Nous en avions deux qui appartenaient à un habitant d’Isle-et-Bardais. Il les a récupérées", précise Jean-Christophe Robert qui se dit désolé de la tournure des événements.

"J’étais un flic financier dans une vie antérieure. Je sais le prix que cela représente de faire tourner une boîte qui n’est pas rentable. L’important, c’est que nous n’avons pas laissé de dettes".

Contacté, Guy Cognet, l’un des quatre fils de Pierre Cognet, le dit tout net : "On a été contrarié d’apprendre que le chauffage avait tourné à fond pendant huit mois et que personne ne soit allé voir sur place".

Une imprimerie au XVIe siècle, la première maquette de Pierre Cognet réalisée dans les années 70. Suite à la dissolution de l’association Vallon arts et traditions, les Cognet ont envisagé un temps d’installer le musée dans la maison familiale. Il a été aussi question de mettre les œuvres au musée du canal de Berry.

"Nous, on préfère trouver une solution avec la mairie et la communauté de communes", précise Guy Cognet qui s’occupe régulièrement de l’entretien des maquettes. "J’en prends souvent une par an pour changer les pièces usées, refaire les costumes".

Histoire. Ouvert au début des années 80 à côté de l’église avant de s’installer dans un ancien café-restaurant, le musée des maquettes animées a accueilli plusieurs dizaines des milliers de visiteurs. Ces maquettes représentent des métiers et des scènes d’antan : un atelier de forgeron du début du XXe siècle ; le fournil d’un boulanger au XIXe siècle, la dernière réalisation de Pierre Cognet en 1996 et 1997 ; une imprimerie au XVIe siècle, la première maquette de Pierre Cognet ; les musiciens traditionnels du Bourbonnais, une scène de veillée dans une maison bourbonnaise au XIXe siècle…

Fabrice Redon