Une ex-otage israélienne à Gaza pensait que chaque nuit serait "la dernière"
"Tous les soirs, je m'endormais en me disant que c'était peut-être la dernière nuit de ma vie", a déclaré Noa Argamani à quelques journalistes dont l'AFP lors d'une visite au Japon avec son père.
"Et jusqu'au moment où j'ai été (sauvée)... Je n'arrivais pas à croire que je pouvais encore survivre", a ajouté la femme de 26 ans.
Les forces spéciales israéliennes l'ont libéré lors d'un raid à Gaza, le 8 juin, ainsi que trois autres personnes.
"Que je sois ici assise avec vous maintenant, c'est un miracle", a-t-elle ajouté alors qu'elle rencontrait de hauts diplomates d'Israël et des pays du G7.
Enlevée sur le site du festival de musique electro Nova par le mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre, Noa Argamani a été un symbole des otages, des images, ayant été largement diffusées, la montrant à l'arrière d'une moto, implorant "Ne me tuez pas! Ne me tuez pas!".
Cette vidéo montre aussi son petit ami, Avinatan Or, un ingénieur, emmené séparément.
"Avinatan, mon petit ami, est toujours là-bas, et nous devons tous les ramener avant qu'il ne soit trop tard. Nous ne voulons pas perdre plus de gens que nous n'en avons déjà perdus", a déclaré Argamani.
Après sa libération, elle s'est rendue à l'hôpital de Tel Aviv où sa mère Liora suivait un traitement contre un cancer du cerveau. Cette dernière est décédée depuis.
L'étudiante en génie informatique a expliqué qu'au cours de ses huit mois de captivité, elle avait été déplacée d'innombrables fois dans différents endroits, y compris dans des tunnels.
"J'ai perdu beaucoup de poids... Nous buvions moins d'un demi-litre par jour, et il y avait des jours où nous n'avions pas le droit de boire du tout", a-t-elle déclaré aux journalistes à Tokyo, précisant qu'elle ne se douchait que deux fois par mois malgré la chaleur et l'absence de climatisation.
Plongée sous-marine
La méditation en "pleine conscience" et le souvenir de bons moments l'aidaient à tenir. "(Des choses comme) la plongée sous-marine, tout ce que j'aimais faire pendant mon temps libre avant, ça m'a vraiment aidée à me détendre, à savoir que si aujourd'hui je vais bien, je n'ai pas besoin de m'inquiéter pour l'avenir", a-t-elle raconté.
"Mais c'est vraiment difficile d'être tout le temps dans les souvenirs parce qu'il y a des nuits, des jours où vous entendez les bombardements en permanence et vous pensez que ce sera votre dernier jour", a-t-elle dit.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont lancé une attaque qui a entraîné la mort de 1.199 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.
Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 105 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.
L'offensive israélienne menée en représailles a fait au moins 40.173 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas qui ne détaille pas le nombre de civils et combattants tués.
Le mois dernier, Noa Argamani a assisté à un discours du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu aux Etats-Unis devant les parlementaires américains.
Cette décision a toutefois suscité des critiques de la part des familles d'autres otages, qui accusent Netanyahu de traîner des pieds sur un accord de trêve qui pourrait permettre la libération de leurs proches.
Argamani, qui a déclaré vouloir oeuvrer pour sensibiliser l'opinion au sort des otages, avait également un message pour son petit ami.
"Je pense qu'il ne sait pas encore que j'ai été libérée. Je veux juste lui dire qu'il doit prendre soin de lui, et je l'attends à la maison et je fais tout ce que je peux pour le ramener chez lui auprès de sa famille et auprès de moi aussi."