ru24.pro
World News in French
Август
2024

Coupes à blanc, essences exotiques dans nos forêts : le cri de colère de la fédération Nature Haute-Loire

0

Le président de la Fédération Nature Haute-Loire dénonce depuis un certain temps, deux façons de gérer la forêt souvent employées en Haute-Loire selon Philippe Cochet.« Il y a d’un côté la migration assistée, c’est-à-dire aller chercher des espèces d’arbres ailleurs, notamment dans le sud de la France, pour les ramener en Haute-Loire. D’autre part, il y a les coupes à blanc » regrette celui qui fait partie de l’association Forêts sauvages qui prône la libre évolution des forêts sans aucune intervention humaine. « C’est l’industrialisation de la forêt, avec des coupes rases. Nous ne sommes plus que dans une logique de production de bois. On remplace le bûcheronnage par des machines. On fait subir à la forêt ce que l’on a fait subir à l’agriculture il y a maintenant 50 ou 60 ans. On coupe tout, on refait une plantation et on coupe tous les 40 ou 50 ans à la machine » résume-t-il. Comme pour l’agriculture, il y a « deux modes de gestion », deux visions qui s’affrontent. Et le président de la fédération Nature Haute-Loire de s’interroger : « quel est l’intérêt de réduire son empreinte carbone si l’on détruit la forêt?? » Une récente coupe à blanc sur la commune d’Yssingeaux l’a également fait réagir. « À Montbarnier, on a détruit le sol en le tournant avec des machines alors que le sol de la forêt est très important. Il y a plus de carbone dans le sol que dans les arbres?! Cette coupe à blanc a été faite en plein mois d’avril et le reboisement a coûté 40.000 euros alors qu’il aurait suffi de prélever les arbres secs et de laisser faire la régénération. Ce n’est pas un bon exemple », avance Philippe Cochet. « En faisant ainsi, le soleil va minéraliser la matière organique, elle se transforme en CO2. Quand on coupe à blanc, on libère le stock de carbone dans le sol qui en contient les deux tiers environ et un tiers pour les arbres », poursuit-il. Autre exemple à Saint-Jean-Lachalm, sur une parcelle boisée à proximité des éoliennes (photo). « Une retraitée a vu sa parcelle couper à blanc pour le compte d’une grosse scierie. On lui a expliqué que sa forêt était dépérissante : c’est faux?!  » s’insurge-t-il. À l’inverse, il se réjouit de « la très bonne démarche de la commune de Saint-Romain-Lachalm », où la mairie a fait l’acquisition de parcelles boisées. « Nous voulons une sylviculture écologique?!  » Son autre cheval de bataille sur la forêt en Haute-Loire, c’est l’introduction de nouvelles essences d’arbres sur le département ces dernières années. « C’est la migration assistée » dont les effets se font ressentir à travers « le plan Macron » et la replantation massive d’arbres un peu partout sur le pays. « C’est une tromperie de vouloir replanter de nouvelles espèces soi-disant plus adaptées au réchauffement climatique en prenant des essences d’arbres totalement importés. Nous avons une très grande diversité génétique au niveau des arbres en Haute-Loire. Ils produisent des quantités énormes de graines et le sapin pectiné a tout recolonisé » rappelle-t-il.

« Il faut laisser les arbres s’adapter »

« Quand on voit des arbres qui sèchent, ce sont juste des individus, mais pas toute une forêt. Nous avons des millions d’arbres qui poussent partout et s’adaptent au climat. Il faut respecter la biodiversité génétique des arbres et les laisser s’adapter?! » Car Philippe Cochet en est convaincu : « nos essences peuvent s’adapter au changement climatique. La migration assistée : c’est une fausse bonne idée ». Alors quand on lui parle d’espèces exotiques plantées en Haute-Loire, pour lui, le risque est clairement identifié. « Il va s’hybrider et on va avoir une pollution génétique. Toutes ces espèces venues de Turquie ou de Syrie sont dangereuses. La Haute-Loire est riche en sapins. C’est une espèce d’altitude et notre département est parfait. Nous sommes fortement opposés à l’introduction de sapins méditerranéens. C’est ce qui est pourtant fait avec le Plan Macron, alors que nos espèces indigènes résistent souvent beaucoup mieux. À Montbarnier, on a quatre espèces exotiques discutées pour être replantées. Pour nous, Fédération Nature Haute-Loire, c’est un échec. » 

Lionel Ciochetto