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Август
2024

"Bakélite 1465" : indiscrétions radiophoniques de Clermont à trois époques différentes

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Imaginez-vous en pleine nuit tourner le bouton d’une vieille radio et tomber sur une station qui n’en est pas une. À la place, vous entendez des bouts de conversation en temps réel. Une expérience plutôt inédite et déroutante.

Irréaliste ? Eh bien non. Car c’est bien ce qui est arrivé à Christophe Vallar, un soir, lorsqu’il était éducateur spécialisé dans un foyer d’accueil d’urgence, boulevard Aristide Briand à Clermont-Ferrand, à la fin des années quatre-vingt-dix.

Dans les locaux, il trouve un modèle de poste radio des années cinquante. En cherchant une station de radio, il capte une fréquence qui retranscrit des conversations d’habitants de Clermont en temps réel. Couple au bord de l’implosion, étudiants, banquier, maman, etc. Les profils et sujets de conversation sont variés.

Comme tous les soirs, lorsque les jeunes du foyer étaient couchés, je mettais la radio et passais d’une fréquence à l’autre. J’en ai alors capté une très sensible : c’était des conversations téléphoniques de l’agglomération de Clermont en temps réel. Je me suis vite pris au jeu. J’ai passé des nuits entières à rentrer dans la vie des gens.

Il en parle ensuite à Fabrice Diaz, ami rencontré lorsqu’il était élève au lycée Godefroy de Bouillon. Une envie émerge chez les deux comparses en 1989 : écrire en commun un scénario sur cette histoire. Un titre est trouvé : La Machine infernale. Le scénario n’est pourtant jamais publié par la suite.

Trente ans plus tard, en 2019, l’idée refait surface. L’écriture s’étale de début 2022 à mi 2023. Le roman, publié en juin dernier, prend le poste radio comme fil conducteur pour raconter des tranches de vie de personnages, dans trois époques différentes : 1967, 1997 et 2022.

La radio comme fil conducteur

Le réel et la fiction se mélangent sans cesse. " On y retrouve le concert de David Bowie donné en 1997 à la Maison des Sports. J’y étais. On était 3.000 personnes. Ce qui est très peu pour du Bowie, quand on y pense ", témoigne Fabrice Diaz.Justement la musique tient aussi une partition importante dans le livre. " Elle est la courroie de transmission du début à la fin. On a mis un QR code à flasher pour accéder à la playlist Spotify de chaque époque. Ainsi, on peut lire tout en profitant de la musique ", explique Christophe.

Les histoires s’imbriquent les unes dans les autres. " Le poste radio est comme le personnage principal. Il va de main en main et à chaque fois qu’un des protagonistes appuie sur le bouton, il se remet sur des conversations téléphoniques. Il fait le lien entre les époques, les personnages, les vies ", ajoute Fabrice.

J’ai vu la place trembler trois fois cette année-là

Pour l’écriture, les deux auteurs ont fait un " travail chirurgical " sur chaque époque. 1967 : la sortie de la Grande Vadrouille, les premiers départs en vacances sur la RN7. 1997 : la victoire de Clermont Foot contre le Paris Saint Germain. " J’étais à la place de Jaude pour le match. Il y a eu ça et les deux Boucliers de Brennus remportés par l’ASM. J’ai vu la place trembler trois fois cette année-là ", se souvient Christophe, qui espère " faire plaisir aux Clermontois en leur rappelant les événements marquants de la ville ".

"Le poste radio a un côté organique"

" C’est une ode à la vie sur le Clermont de ces trois périodes. Avec un objectif intergénérationnel : que tous, peu importe leur âge, puissent s’y retrouver. À chaque fois, on est dans l’intra-muros de Clermont, ou dans la périphérie proche ", renchérit Fabrice." Il y a un côté organique du poste radio, à la fois diabolique et envoûtant, avec cette capacité à diriger le destin des personnages ", souligne Christophe.

Reste au lecteur à se laisser embarquer sur les ondes de Bakélite 1465. Et cheminer au gré des conversations dans le Clermont de trois époques différentes.

Claire Plisson