Karim Leklou de passage à Clermont-Ferrand : "J'aime l'idée de ne pas m'enfermer dans une forme de cinéma"
En voyant Karim Leklou avancer sur la terrasse de l’hôtel Mercure, on se rend compte que l’homme ressemble à ses personnages. Sa voix, sa démarche, son humilité, sa gentillesse au moment de se prêter au jeu de l’interview. Tout rappelle Yass, le flic de Bac nord, Vincent, celui qui « doit mourir » dans le film de Stephan Castang, ou Arben, le médecin de la série Hippocrate.
Ces dernières semaines, l’acteur ne compte pas ses heures pour défendre le film des frères Larrieu, Le roman de Jim, dans lequel il tient le rôle principal. C’est ce qui l’a amené à Clermont-ferrand, le 6 août, lors de l’avant-première organisée au Ciné Capitole. Rencontre.
Le roman de Jim. Aymeric retrouve par hasard Florence, une ancienne collègue de travail, enceinte de six mois et célibataire. Quand Jim naît, Aymeric est là. Ils passent de belles années ensemble, jusqu’au jour où Christophe, le père naturel de Jim, débarque… Adapté du roman de Pierric Bailly, le film aborde subtilement le sujet de la paternité. Sortie nationale le 14 août.
La promo
« Ça me tient à cœur de défendre ce film parce que déjà, l’histoire me touche. Le rapport père-fils décrit comme ça, les liens entre les gens… J’ai trouvé qu’il y avait une qualité d’écriture et d’exigence de scénario assez belle. C’est un mélo comme on n’en voit peu, qui ne cherche pas forcément à être un tire-larmes. Il y a une certaine pudeur dans l’émotion et de vrais rapports entre les personnages. Et j’aimais bien que cela parle de paternité au-delà des liens du sang, d’interroger aussi la place des beaux-pères et des belles-mères dans la vie d’un enfant…
C’est un film que j’aime, que je trouve assez universel. Et un film qui met en avant la douceur, ce qui n’est pas tout le temps le cas. J’aimais bien que le rôle principal soit celui d’un homme doux et gentil, comme les Anglais savent le faire, chez Ken Loach notamment. »
Arnaud et Jean-Marie Larrieu
« J’aime beaucoup les frères Larrieu parce qu’il n’y a pas de bien ou de mal. Et ce qui est bien dans leur cinéma, c’est qu’il y a plein d’acteurs différents, plein de corps différents. Avec des personnages hyper forts. Et notamment, ici, deux personnages féminins que je trouve extras. Florence à qui Laetitia Dosch amène beaucoup de complexité, de profondeur. Et Olivia, rôle dans lequel Sara Giraudeau est solaire. »
Karim Leklou est connu notamment pour ses rôles dans "Bac nord" de Cédric Jimenez ou "Hippocrate" de Thomas Lilti.
Le personnage d’Aymeric
« Comment le définir ? Je dirais : porté sur les autres, vrai gentil, résilient, courageux, digne, intelligent émotionnellement. Quelqu’un qui fait face et qui continue à avancer, sans céder à la violence. »
Cinéma d’auteur ou grosse production ?
« Je ne crois pas qu’il faille opposer les deux. Ce sont des cinémas qui se répondent, qui sont complémentaires. Par exemple, j’ai enchaîné Le roman de Jim mais aussi deux gros films, L’amour ouf de Gilles Lellouche et De Gaulle d’Antonin Baudry. J’aime bien l’idée de faire les deux, c’est quelque chose qui m’amuse. De me balader et de ne pas m’enfermer dans une forme de cinéma ou une famille de cinéma. »
Avoir son nom en haut de l’affiche
« Ma raison de faire des films, c’est avant tout les personnages, l’histoire. La question du moi, ça m’intéresse peu. Je n’aime pas les psys donc je ne vais pas voir les psys (rires). Ça m’évite de me poser des questions. Je ne suis pas un garçon très analytique parce que sinon, ça me prendrait trop de temps…En fait, je trouve que le cinéma est plus grand que moi. Et j’estime que j’ai beaucoup de chances de faire ce métier parce que j’apprends beaucoup. »
Thierry SenzierPhotos Fred Marquet