Hand: les Bleues au seuil d'un doublé doré
Patronnes du hand mondial depuis le titre olympique en 2021, les Françaises, survoltées, voudront une nouvelle fois assumer ce statut, après avoir chipé fin 2023 la couronne mondiale à ces mêmes Norvégiennes revanchardes.
Leur demi-finale contre la Suède, gagnée en prolongation, arrachée sur un tir décisif de l'omniprésente Tamara Horacek, aura forcément laissé des traces avant le coup d'envoi samedi, à 15h00. Mais cette demie, "la plus extraordinaire victoire" de la monumentale carrière du sélectionneur Olivier Krumbholz, a souligné la force mentale des Françaises, victorieuses au courage et au coeur.
Si les Bleues continuent leur parcours parfait lors de ces JO, avec sept victoires d'affilées, elles le doivent aussi à leur mur défensif. Et s'il s'effrite par moment, comme en demie, les gardiennes Laura Glauser et Hatadou Sako savent colmater les brèches.
Un collectif, des patronnes
Après la faillite de l'équipe masculine, le parcours des Bleues souligne la force de ce collectif, presque jamais déréglé, autour de la demi-centre Tamara Horacek, meilleure marqueuse et toujours solide en défense, et de l'arrière gauche Estelle Nze Minko, la capitaine qui monte en puissance.
"Il y a des patronnes qui sont bien en place", souligne le coach. "Je pense à Estelle, je pense à Tamara, qui ont beaucoup stabilisé et apporté à l'équipe, on leur doit beaucoup".
Krumbholz sera heureux aussi de pouvoir compter sur l'explosive Méline Nocandy, en plein "rêve de petite fille" après sa belle demie: la demi-centre sera bien là, malgré une épaule touchée contre les Suédoises.
Face à ce groupe au sommet de son art se dresse "un adversaire extrêmement coriace", selon l'entraîneur des Bleues. "Il nous faudra de l'énergie pour faire face (...) à la vitesse d'exécution des Norvégiennes", à l'armada composée entre autres de Nora Mork, Stine Oftedal et Henny Reistad.
La Norvège n'est elle pas invaincue, après avoir commencé par une défaite, certes anecdotique, contre la Suède. Mais depuis, elle déroule, en bulldozer, pulvérisant ses adversaires comme les Brésiliennes en quarts (32-15) ou les Danoises en demies (25-21).
Même Lunde n'a jamais vu ça
En grande habituée, l'équipe scandinave va remporter sa huitième médaille olympique, un nouveau record devant la Russie absente. En cas de nouveau titre après 2008 et 2012, les Norvégiennes égaleraient la Russie et le Danemark au panthéon. A ce jeu, les Françaises récolteront leur troisième médaille, après l'argent en 2016 et l'or de Tokyo.
En parlant de record, la gardienne Katrine Lunde va être médaillée pour la cinquième fois, du jamais vu en handball, et vise un troisième titre. A 44 ans et plus de 350 sélections au compteur, elle a pris part aux cinq dernières aventures olympiques depuis 2008.
La légende norvégienne a tout vécu. Ou presque: "je n'ai jamais vu autant de monde dans une salle, c'est complétement fou!".
De quoi perturber une joueuse aussi expérimentée? "Lorsque vous entrez dans une finale, vous êtes toujours dans votre bulle, on ne remarque presque pas les gens qui nous entourent. Mais ici, je n'ai jamais été dans un stade comme celui-ci".
Après un nouveau record mondial pour un match de hand féminin lors du quart France-Allemagne, avec 26.548 spectateurs, il pourrait y avoir encore plus de monde samedi dans le Nord.
Cette arène fervente joue le rôle de huitième joueuse, savourent les Françaises et leur entraîneur, qui estime qu'avec ce "fantastique public", ses joueuses peuvent "encore renverser une montagne".